Les coups de poker au Mondial : les changements gagnants de Wilmots contre l'Algérie

C’est un moment que la Belgique attendait depuis douze ans. Le 17 juin 2014, les Diables Rouges s’apprêtent à disputer à Belo Horizonte leur premier match dans une grande compétition depuis la Coupe du monde 2002. En plus d’une décennie, le pays a vu naître une génération dorée que Marc Wilmots, en poste depuis 2012, a su dompter pour forger, enfin, une qualification. Au Brésil, cette Belgique inexpérimentée mais très talentueuse est attendue comme l’une des attractions de ce Mondial et même citée parmi les potentiels outsiders.

Dans le groupe H, c’est l’Algérie qui se dresse d’abord sur la route des Belges. Un adversaire sur papier abordable, mais dont tout le monde se méfie tout de même. "L'Algérie a été sous-estimée alors qu'elle possède de nombreuses qualités", prévient Alderweireld avant la rencontre. "Ce sera donc un match difficile, qui va se jouer sur des détails.” Les Diables Rouges vont pourtant plonger la tête la première dans le piège algérien. 

Le mur algérien

Face à des Fennecs très agressifs et volontaires, les Diables ne parviennent pas à trouver de la profondeur dans leur jeu et butent sur un bloc très bien organisé. Les choses vont se corser un peu plus à la 25ème minute. Sur l'un des rares débordements algériens, Jan Vertonghen commet une faute flagrante sur son opposant, entraînant un penalty inutile. Sofiane Feghouli se fait justice lui-même et met les troupes de Vahid Halilhodzic sur un nuage.

La réaction belge est timide, tandis que l’Algérie joue parfaitement le coup en érigeant une véritable muraille qui semble infranchissable. À la mi-temps, Wilmots tente de rassurer ses troupes et décide d’opérer un premier changement en faisant monter au jeu Dries Mertens à la place de Nacer Chadli. Un premier choix payant, car l'entrée du Napolitain donne plus de vivacité à l'attaque belge, qui bute cependant toujours sur la défense bien regroupée des hommes d'Halilhodzic. 

Alors que l’Algérie était près de doubler l'avance sur son premier corner, Wilmots, au pied du mur, utilise sa dernière cartouche en faisant rentrer Marouane Fellaini en pointe en remplacement de Mousa Dembélé à la 65ème. Un changement gagnant puisque, cinq minutes plus tard, le joueur de Manchester United prolonge de la tête un centre millimétré de Kevin De Bruyne pour ramener l'égalité. Le verrou algérien avait enfin sauté, et la pression belge allait bientôt devenir insoutenable pour les Fennecs. 

Un banc décisif

À la 80ème, un beau travail défensif de De Bruyne permet à Eden Hazard de filer vers le but adverse. Le meneur de Chelsea adresse un bel assist à Mertens qui fusille sans pitié Raïs M'Bolhi pour arracher les trois points de la victoire. Après avoir vu le début du scénario catastrophe se dérouler devant eux, les Belges pouvaient enfin évacuer toute leur nervosité.

En faisant entrer deux remplaçants qui ont chacun rapporté un but, Wilmots est indéniablement l’un des principaux artisans de ce retournement de situation. ”On savait que ce serait un match difficile”, a expliqué le coach des Diables Rouges après la fin du match. "J'avais affiché un grand papier dans les vestiaires qui indiquait que c'était le banc qui ferait la différence et j'avais dit aux joueurs qu'il fallait rester patient pour avoir les trois points.”

La suite, tout le monde s’en souvient. Grâce à deux autres succès acquis eux aussi dans la douleur contre la Russie et la Corée du Sud, les Diables parviennent à s'extirper de leur groupe pour se qualifier en huitième de finale. Après un match complètement fou contre les Etats-Unis, les Belges seront sortis au tour suivant par l’Argentine de Lionel Messi et d'un certain Gonzalo Higuain.

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