Assurer la santé et la mobilité à Durbuy grâce à la 5G

Proof of Concept 5G dans l’e-santé

En juin 2023, l’Agence du Numérique lançait un deuxième appel à projets Proof of Concept 5G, en collaboration avec le SPW Économie, Emploi et Recherche. En réponse à cet appel, un consortium formé par AWLabs, Proximus NXT, Multitel et CeRD ECAM a soumis le projet GROOVE (5G air and sound improvement), qui a eu la chance d’être sélectionné.

Groove est notre premier projet e-santé et prouve l’utilité de la 5G au-delà de l’industrie du futur.

Cécile Noël, Experte Senior en connectivité THD à l’Agence du Numérique

Cas d’usage à Durbuy et chez A6K

Dans le cadre de ce proof of concept 5G, des capteurs mesurent la qualité de l’air et la pollution sonore dans les milieux urbains et ruraux. Les informations collectées remontent via la 5G et sont analysées afin de fournir des recommandations, notamment pour la santé publique, la mobilité et l’urbanisme. Le consortium a mis en œuvre des cas d’usage dans la vieille ville de Durbuy via le réseau 5G public de Proximus ainsi qu’à Charleroi, dans l’environnement intérieur d’A6K via un réseau 5G privé.

Augmenter le maillage de capteurs

“Depuis les années septante, il existe un réseau de mesures de la qualité de l’air dans toutes les villes”, explique Michaël Balbaert, CEO chez AWLabs. “Nous voulions voir si, en augmentant le maillage, il était possible de détecter d’autres problématiques non mesurées par le réseau de capteurs actuels. Le subside du Plan de Relance de la Wallonie mis à disposition grâce au projet de l’Agence du Numérique couvre une partie du budget de développement. Ce PoC n’aurait pu voir le jour sans ce concours financier.”

Ce PoC montre que le réseau 5G de Proximus garantit un transport de données fiable et performant.

Frédéric Renette, 5G Business Development Lead chez Proximus NXT

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Une dynamique collective

Coordination et analyse des données

En tant qu’initiateur du projet, AWLabs a joué le rôle de coordinateur, en organisant par exemple des réunions régulières avec l’ensemble des membres du consortium. Par ailleurs, la start-up a utilisé la technologie CFD (Computational Fluid Dynamic) pour positionner de manière optimale les capteurs à l’aide d’un scanner LiDAR.

Une fois ces appareils de mesure installés, AWLabs a collecté et analysé les données sur la base d’un modèle prédictif développé en interne. Elle a ensuite généré un rapport à destination du bourgmestre de Durbuy pour l’amélioration du bien-être et le développement de sa ville. Un tableau de bord convivial permet en outre aux utilisateurs de visualiser facilement les informations.

Réseaux 5G public et privé

Outre la mise à disposition du réseau public 5G, Proximus NXT a validé les emplacements d’installation des capteurs avec la ville de Durbuy et les autres partenaires. Proximus NXT a également utilisé l’écosystème A6K pour cocréer, collaborer et tester cette solution sur un réseau 5G privé.

“La même solution permet de mesurer la pollution en milieu intérieur, comme le démontre l’expérience menée sur le réseau privé 5G de A6K”, confirme Frédéric Renette, 5G Business Development Lead chez Proximus NXT.

Développement des appareils de mesure

En sa qualité d’acteur de développement technologique, Multitel a conçu le modem 5G qui envoie les données sur le réseau et l’a intégré dans les capteurs développés par le CeRD-ECAM. Le développement de ces appareils de mesure de la pollution sonore et atmosphérique s’est d’ailleurs révélé un réel défi technologique.

“L’intégration d’un modem 5G dans un boîtier parfaitement hermétique et opérationnel dans des plages de températures relativement larges n’a pas été une mince affaire”, reconnaît Stéphane Deketelaere, Head of Signal & Embedded Systems Department chez Multitel.

Stéphane Deketelaere, Head of Signal & Embedded Systems Department chez Multitel

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Interface visuelle

“Dans tout projet impliquant une collecte de données, la valorisation de ces dernières est indispensable. Il faut en effet qu’elles soient utilisables et compréhensibles par tout un chacun afin que l’on puisse en tirer des avantages”, souligne Frédéric.

Sur le tableau de bord créé par AWLabs, l’utilisateur visualise le niveau de pollution sur une carte 3D interactive. En cliquant sur chaque point de collecte des informations, il accède à un visuel avec des jauges de couleur liées entre autres à l’indice de qualité de l’air belge BelAQI, un histogramme, des schémas graphiques et un encart indiquant les recommandations des experts d’AWLabs.

Notre approche scientifique nécessite un traitement en temps réel — la 5G fournit la bande passante et la fiabilité requises.

Michaël Balbaert, CEO chez AWLabs

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Traitement des données en temps réel grâce à la 5G

Afin de présenter des cartographies précises, notamment pour analyser l’impact d’une route à un endroit spécifique, l’impact de coups de vent ou de la présence d’industries, un grand nombre de données transitent par le réseau.

“Notre approche scientifique requiert un traitement des données en temps réel pour attirer l’attention sur les pics de pollution et en déterminer les raisons. La bande passante, la stabilité et la fiabilité du réseau 5G sont essentielles”, précise Michaël.

Fiabilité et stabilité du réseau 5G

“Le bruit étant une donnée très volatile, il génère une grande quantité de données. La faible latence, les temps de transfert contrôlés et les débits très élevés de la 5G sont particulièrement adaptés au transport des données sonores en temps réel”, ajoute Stéphane.

“Le réseau 5G est une nouvelle technologie mobile pour le transport de données”, confirme Frédéric. “Outre la fiabilité et la stabilité, il offre une couverture de plus en plus large. Fin 2024, il couvrait près de 70 % de la population belge.”

Patrick Bultot, Échevin de la Mobilité à Durbuy

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Amélioration de la mobilité dans Durbuy vieille ville

Confronté à des problèmes de stationnement, de circulation et de pollution sonore, Philippe Bontemps, Bourgmestre de Durbuy, se réjouit de l’expérimentation à laquelle participe sa ville. “Par forte affluence, nous avons clairement observé sur les graphiques des pics de pollution”, explique le bourgmestre. “Les voitures doivent parfois faire plusieurs fois le tour de la vieille ville avant de trouver une place de stationnement. Ces pics de pollution peuvent avoir un impact sur la santé des riverains”, ajoute Patrick Bultot, échevin de la mobilité.

Un argument pour le lobbying

“Cela confirme la nécessité d’augmenter les parkings périphériques pour que les voitures des touristes n’aient pas à rentrer dans le centre-ville. Nous l’avions anticipé avec un parking au sud et un autre au nord”, précise Philippe. “Je fais actuellement du lobbying auprès du ministre compétent pour qu’un pont offre un accès direct au parking. Les données issues du projet GROOVE peuvent être un élément supplémentaire de conviction pour faire avancer ce dossier”, affirme -t-il.

Apparition de nouvelles tendances

“Les capteurs montrent des tendances que personne n’avait mesurées jusqu’à présent. Nous les analysons pour comprendre où se situent les pics de pollution et envisager des améliorations”, ajoute encore l’échevin de la mobilité. “Cette nouvelle technologie pourrait influencer certains choix afin de tendre à terme vers un Durbuy piétonnisé et moins pollué.”

Durbuy, une smart city

Selon Michaël, les autorités locales sont les principaux bénéficiaires de ce PoC : “Elles visualisent les concentrations de polluants dues aux flux d’air dans certains endroits et prennent des décisions sur cette base. De plus, l’augmentation du maillage apporte une précision inégalée. Cela n’existe encore nulle part ailleurs en Wallonie. Avec cinq capteurs, Durbuy est la smart city la plus densément couverte.”

Les données recueillies nous permettront d’argumenter la nécessité de parkings périphériques.

Philippe Bontemps, Bourgmestre de Durbuy

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Que réserve l’avenir ?

Impact sur la santé publique

Les membres du consortium ont l’intention d’élargir le PoC en allant plus loin dans les aspects industrialisation et dimensionnement et en ciblant une utilisation à plus grande échelle. “Une gestion intelligente des polluants peut avoir un impact sur la santé publique”, souligne Michaël. “En agissant selon les recommandations, une commune peut espérer une diminution du risque de maladies respiratoires et cardiovasculaires liées à la pollution de l’air. La baisse de la pollution sonore peut en outre améliorer le bien-être des citoyens et des visiteurs.”

Objectiver les décisions

“Ce projet amène une réelle valeur aux villes et communes, en les aidant à objectiver des décisions. Elles peuvent également offrir des informations pertinentes au grand public de manière très intelligible”, ajoute Frédéric.

Et ce n’est pas la Ville de Durbuy qui dira le contraire. Le bourgmestre envisage de poursuivre l’expérience au-delà de la phase de test du projet GROOVE : “La pollution de l’air m’intéresse, mais la pollution sonore est au moins aussi importante. La quantification de la pollution sonore est un argument supplémentaire pour garder les capteurs en ville et éventuellement réévaluer leurs emplacements.”

Données à disposition du public

“Par ailleurs, nous avons l’intention de mettre ces données en ligne sur l’application Durbuy en poche. La pollution atmosphérique est un poison invisible, contrairement à la pollution sonore que tout le monde peut entendre.” La solution GROOVE permettant aussi d’enregistrer les signatures sonores, le bourgmestre espère un jour que la pollution sonore soit verbalisée au même titre que les excès de vitesse.

“À terme, tous ceux qui vivent directement ou indirectement du commerce apprécieront d’avoir une commune plus facile d’accès et devenue piétonne”, conclut-il.

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