Gilles Bernard : Retour sur une saison couronnée de succès

Info | En quelques années seulement, il s’est hissé au rang de joueur incontournable de la scène belge FIFA. Après avoir survolé le championnat national sous les couleurs du KRC Genk Esports et avoir été couronné champion de Belgique pour sa première participation, c’est sur la scène internationale qu’il s’est illustré, signant l’un des plus beaux résultats que la Belgique ait fait depuis le titre mondial de Stefano Pinna en 2019. Ce mois-ci, on est partis discuter avec Gilles Bernard, un joueur FIFA dont vous entendrez encore très certainement le nom dans les années à venir.

De Proximus

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Salut Gilles! Une grosse semaine après ton retour de Copenhague et de la Coupe du Monde de FIFA 22, comment vas-tu ?

Salut! Écoute, ça va ! Disons-le directement : c’était une très belle expérience pour moi. Pouvoir participer à ma première coupe du monde après autant d’années passées dans le circuit pro et ce en compagnie des meilleurs joueurs du monde, c’était juste un rêve.

Revenons un peu sur cette année compétitive, qui fut sûrement la plus réussie de ta carrière. Tu l’entames sous les couleurs du KRC Genk Esports après un transfert en provenance du LOSC. Tu peux nous en dire plus sur les raisons qui t’ont poussé à atterir à Genk?

Mon contrat à Lille prenait fin en septembre et j’allais donc me retrouver free agent (joueur libre; ndlr) alors que la saison 2021-2022 allait débuter. À cette période, j’évoluais donc de mon côté sans manager ni équipe. Je savais que Genk allait se lancer plus intensément dans l’esport mais sans avoir plus de détails. Sachant qu’à l’époque je faisais partie du TOP 2 belge et que Genk cherchait un joueur de la région, je savais que le club allait sûrement me faire une offre. J’en ai refusé plusieurs en attendant le coup de fil du KRC. Il faut dire que je suis aussi un grand fan de l’équipe de football de Genk dont je vais voir les matchs depuis près de 20 ans.

Tu fais tes débuts en Proximus ePro League dès le début de la saison. À ce moment-là, le titre est déjà dans tes objectifs ?

Le club et moi, on voulait vraiment jouer le titre. La saison précédente n’avait pas été excellente pour Abdullah, qui avait fini 11ème donc je voulais mettre la barre haute. C’était le but afficher : Genk voulait devenir champion de Belgique et moi j’avais surtout en tête le slot pour les playoffs des FIFA Global Series, qui allait être décerné au champion. Étant donné que je voulais vraiment y participer, ça restait le chemin le plus “facile”.

© Instagram

Comme toi, Stefano et Abdullah êtes trois joueurs FIFA dans la structure, avez-vous développé une routine commune pour vous entraîner ensemble et pousser la performance encore plus loin durant cette saison ?

Cette saison, j’avais deux coachs différents. D’un côté, j’ai continué avec mon coach de l’AZ Alkmaar, LegendFrod, avec qui j’avais fait beaucoup de progrès dans mon style de jeu d’un point de vue technique. De l’autre, c’est Geoffrey “BlakeRevenge” Meghoe, un ancien joueur de la Proximus ePro League, qui m’a coaché pour le KRC Genk. Il m’aidait à analyser le style de jeu de mes adversaires et à m’adapter en conséquence. La complémentarité des deux styles de coaching m’a beaucoup aidé. Pour m’entrainer, je jouais aussi souvent face à des joueurs de la Team Gullit : Dani Visser, Levi De Weerd, etc.

On peut le dire : tu as totalement survolé la saison régulière de la ePro League, avec de belles séries de victoires. D’un point de vue personnel, comment as-tu vécu le championnat ?

Après mon premier match, qui s’est soldé par une défaite face à Emino Mercy (La Gantoise), je me suis dit que ça allait être vraiment compliqué. Ca m’a rappelé des vieux souvenirs de l’eDivisie où je n’étais pas à 100% à cause de mon opération de la jambe. Bon, après j’ai fait cinq ou six victoires d’affilée et je suis resté invaincu jusqu’ à la treizième journée de matchs donc j’étais vraiment satisfait de ma performance.

Tu finis par remporter la grande finale des playoffs face au représentant du Standard, ShadooW, sur le score cumulé de 3-2. Selon toi, qu’est-ce qui t’a permis de renverser la vapeur au cours d’une rencontre que ton adversaire avait pourtant entamé de manière très dominante ?

À partir des quarts de finale, j’ai changé de formation pour passer en 4-3-2-1. Ça me permettait de libérer mon flanc gauche et de laisser mon arrière monter systématiquement. Ça a fonctionné durant les quarts et la demi-finale mais je pense que ShadooW a très bien su analyser mon style de jeu. Il a commencé avec une formation qui utilisait cinq défenseurs, ce qui a totalement neutralisé mon jeu, d’où la défaite lors du premier match. Il m’a aussi beaucoup surpris avec ses longs ballons.

Au match retour, j’ai changé mon style de jeu et je finis par marquer un premier but. Je pense qu’à partir de ce moment-là, le stress a commencé à monter de son côté. Il a enchaîné les pertes de balles et certains gestes, comme les tacles glissés, qu’on a clairement pas l’habitude de voir en compétitif. À partir de ce moment-là, j’ai récupéré le contrôle du match et m’exprimer était beaucoup plus simple.

Un match que tu remportes d’ailleurs devant une grosse partie de la communauté belge, qui s’était déplacée pour l’événement. Comment décrirais-tu l’ambiance entre les différents joueurs ? À l’époque, Abdullah soulignait une certaine séparation entre les deux communautés linguistiques du pays. Tu trouves que c’est toujours le cas ?

Je pense que les eDevils ont changé un peu la donne. Les joueurs sélectionnés se retrouvent assez régulièrement pour des bootcamps et les matchs officiels donc ça crée des liens. Tout le monde s’entend assez bien. Ça s’est encore vérifié lors de nos qualifications pour la Coupe du Monde où toute la communauté, qu’elle soit flamande ou wallonne, était derrière nous.

Tes parents étaient aussi présents lors de la finale ! De quel œil voient-ils tout ça ?

Ils me soutiennent depuis le premier jour. Il faut dire que j’ai débuté les tournois en Hollande dès mes 12 ans. Toutes les deux semaines, ils venaient avec moi jusqu’à Amsterdam pour certaines compétitions où je terminais souvent TOP 2-3. Du coup, ils ne se déplaçaient pas pour rien ! *Rires* Ma qualification à la FUT Champions Cup de Manchester en 2018 a aussi été un moment-clé. Ils ont réalisé à quel point l’esport pouvait être professionnel.

La victoire en ePro League t’envoie donc à Londres pour les playoffs des FIFA Global Series. De manière pratique, comment as-tu appréhendé la compétition ? Au vu du niveau bien plus élevé, tu as mis en place une routine d’entraînement spécifique ?

Après ma victoire en Proximus ePro League, j’ai pris une dizaine de jours de vacances afin de me reposer un peu. Ça a d’ailleurs fait une grosse différence quand je suis retourné sur le jeu : j’étais beaucoup plus frais et concentré. À côté de ça je n’ai pas changé grand chose, je jouais mes Division Rivals tous les week-ends et je jouais peut-être une fois par semaine contre un professionnel, mais je n’aime pas vraiment ça. Quelques jours avant le tournoi, je me suis juste connecté sur un serveur privé qui rassemblait les joueurs présents afin de voir où je me situais par rapport à mon niveau de d’habitude. Après 7-8 parties, j’étais en confiance et c’était suffisant.

Quand tu dis que tu n’aimes pas jouer contre des professionnels en dehors des tournois, je suppose que c’est pour des raisons stratégiques ?

Dans le cas de la coupe du monde oui, car on savait déjà contre qui on allait jouer. De manière générale, c’est aussi beaucoup plus fatiguant de jouer contre un professionnel. Quand on fait les Division Rivals, on ne tombe évidemment pas contre les mêmes joueurs que ce qu’on va affronter en compétitif.

La suite, on la connaît : vous vous faites un peu peur lors des playoffs avec Stefano, lui aussi présent, mais finissez par vous qualifier pour la Coupe du Monde. Au moment où tu remportes le match décisif et que tu te qualifies, quelle est ta première pensée ?

Quand je tirais mes penaltys, je ne me rendais même pas compte que je jouais pour une place de Coupe du Monde. C’est quelque chose auquel tu penses plus la veille dans ton lit. Une fois le match remporté, j’étais naturellement très content mais tu n’as pas vraiment le temps de te réjouir. Les responsables de EA viennent te chercher pour aller sur le podium etc. Tout va très vite ! Pour être honnête, j’ai même perdu mes Airpods ce jour-là sans même m’en rendre compte ! *Rires* C’est une fois que tu reçois tous les messages de ta famille et de tes amis que tu réalises ce qu’il vient de se passer.

Les choses s’enchaînent alors très vite, vous décollez pour Copenhague seulement sept jours après les playoffs FGS …

Pour être honnête, j’étais toujours dans le rythme de la compétition quand on est partis pour le Danemark. C’est d’ailleurs un peu dommage car selon moi, la Coupe du Monde est le pinacle de la compétition sur FIFA. La jouer après la eClub World Cup et la FIFAe Nations Cup aurait été plus logique. Ça aurait laissé plus de temps aux joueurs pour s’entraîner et savourer un peu leur qualification.

Parle-nous un peu de votre voyage à Copenhague. Vous vous êtes déplacés avec tous le staff FIFA du KRC Genk Esports. Comment ça s’est passé ?

L’organisation était très bien gérée. Un responsable de FIFA t’attend à l’aéroport pour t’emmener directement à l’hôtel, qui se situait d’ailleurs juste à côté de l’arène où on disputait nos matchs. Il y a bien évidemment des étapes auxquelles on ne peut pas échapper, comme le flocage des maillots, le media day, etc, mais il faut dire que tout a super bien été organisé.

Geoffrey Meghoe, Stefano Pinna, Gilles et Abdullah Waiss (de gauche à droite)

Malgré une sortie précoce, tu es satisfait de ta performance parmi les meilleurs joueurs du monde ?

Quelque part oui, au vu des quinze points que j’ai réussi à inscrire. Le seul point sur lequel je suis un peu déçu, c’est ma gestion du stress le premier jour. Ca m’arrive rarement et ça m’a fait perdre quelques matchs qui étaient largement à ma portée si j’avais eu la pleine possession de mes moyens. D’ailleurs, les derniers matchs que j’ai joué, et qui ne comptaient plus étant donné que j’étais éliminé d’office, je les ai gagné quatre buts à zéro. Il y a un joueur qui est venu me voir en disant que j’étais le meilleur joueur qu’il avait affronté. Entendre ça quand on est éliminé c’est un peu rageant mais bon, c’est la vie.

C’est un point sur lequel tu comptes travailler pour la saison prochaine ?

Je pense que l’expérience joue beaucoup. Si je devais rejouer la Coupe du Monde maintenant, je pense que ça irait beaucoup mieux étant donné que je l’aurais déjà vécu une fois. Il suffit de voir ma performance à Londres pour s’en rendre compte. Je connaissais la compétition et j’ai réussi à battre certains des meilleurs joueurs du monde, comme Mattias Bonanno. Du coup, je ne prévois pas grand-chose, à part me re-qualifier !

Je suppose que tu as déjà les yeux rivés sur la saison prochaine, tu l’envisages toujours sous les couleurs du KRC Genk ?

On négocie encore certains détails mais normalement je resterai à Genk ! C’est mon club de coeur et j’ai envie d’y rester. Le club et moi on veut que je puisse défendre mon titre national en Proximus ePro League, on va tout faire pour.

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