Rapatriement du cloud : comment choisir entre cloud public et cloud privé?
Publié le 18/03/2025 dans Paroles d'experts
Poursuivre une optimalisation continue : c'est une règle d'or en IT. Le terme "rapatriement du cloud" doit être interprété dans ce contexte. Les entreprises migrent les données et workloads du cloud public vers de l’on-prem ou du cloud privé.

L’idée de miser exclusivement sur le cloud public semble aujourd’hui révolue. “De nombreuses entreprises ont jadis opté pour cette approche afin d’optimiser leurs dépenses”, explique Filip Marchal, Private Cloud Lead chez Proximus NXT. “Au lieu d’investir dans leur propre centre de données, elles ont intégré l’utilisation du cloud dans leurs coûts d’exploitation.” La hausse des coûts du cloud public au fil du temps peut toutefois constituer un argument valable pour envisager une autre solution.
Outre les mauvaises surprises budgétaires (le phénomène du bill shock), d’autres facteurs entrent en jeu dans la décision de quitter le cloud public. “Pour certaines entreprises, la législation relative à l’emplacement physique des données dans le cadre de leur souveraineté est également déterminante”, poursuit Filip Marchal. “Je pense notamment aux organisations du secteur des soins de santé ou pharmaceutique. Cependant, les récents changements dans le paysage politique américain incitent également les entreprises à ne plus héberger leurs données et charges de travail auprès d’un hyperscaler américain.”
Solution hybride
Dans l’intervalle, Proximus NXT a géré plusieurs dossiers d’entreprises qui ont réduit leur dépendance au cloud public. “Migrer l’ensemble des données n’est jamais l’objectif”, précise Filip Marchal. “Aujourd’hui, les entreprises utilisent beaucoup d’applications natives du cloud qui n’ont pas d’alternative sur site.” En pratique, l’environnement hybride est souvent la solution.
“Les hyperscalers profitent de cette situation. Microsoft, par exemple, propose une solution qui combine le cloud public (Azure) et privé, le tout géré par le biais de Microsoft à travers un plan de contrôle unique. Cette approche facilite grandement le contrôle d’un environnement hybride.” La recherche de meilleures performances peut aussi inciter à un retrait partiel du cloud public. Les solutions qui nécessitent une grande puissance de calcul ou une intégration locale et une faible latence sont plus faciles à trouver dans un environnement privé.
Des entreprises comme Dell et HPE, fournisseurs clés des hyperscalers, tirent avantage de cette situation. “Entre autres dans le contexte de l’IA, où l’entraînement des LLM avec des données locales requiert des machines puissantes. Cependant, elles proposent également ces machines sur site via un modèle OPEX.” Netflix, entreprise native du cloud par définition, déploie elle aussi un environnement hybride pour renforcer la sécurité de ses capacités.
Que feriez-vous si le prix de votre contrat cloud augmentait brusquement de 20 % ? Seriez-vous en mesure de quitter facilement le cloud public ? Chaque entreprise devrait se poser la question.
Filip Marchal, Private Cloud Lead chez Proximus NXT
Préparation minutieuse
Quitter le cloud public n’est cependant pas une décision anodine. “Cela demande une réflexion approfondie qui commence par une analyse du paysage”, pense Filip Marchal. “Quelles sont les applications, où sont-elles hébergées et quelle est la complexité de l’ensemble ? Nous avons effectué l’exercice pour un importateur du secteur automobile, entre autres. Dans un environnement hybride d’une telle complexité, vous ne voulez pas que le remplacement d’une seule application cloud paralyse l’ensemble de l’organisation, mais encore une fois, existe-t-il une alternative sur site pour chaque application cloud ? Cette question doit être étudiée au préalable avec attention.”
L’analyse de ce qu’il advient des données est étroitement liée à ce qui précède. “Par exemple, une question récurrente est de savoir s’il est judicieux de rapatrier les données du cloud public tout en y conservant le traitement. Cela pourrait entraîner une augmentation des coûts en raison de la hausse brutale et massive du trafic de données.”
Il convient dès lors d’examiner avec soin les effets de tout changement potentiel. “Cela vous permettra d’identifier les raisons qui motivent votre démarche, car la décision finale en dépendra : cherchez-vous à réduire vos coûts, à augmenter votre flexibilité… ?” Cette analyse devrait vous aider à déterminer si le rapatriement du cloud public est le bon choix.
Analyse des scénarios
“Toutes les organisations devraient se plier à cet exercice même si le rapatriement du cloud n’est pas à l’ordre du jour”, estime Filip Marchal. “Que feriez-vous si le prix de votre contrat cloud augmentait brusquement de 20 % ? Seriez-vous en mesure de quitter facilement le cloud public ?” En effet, même si ce rapatriement peut vous faire réaliser des économies à long terme, il a évidemment un coût.
“Que se passerait-il si la réglementation changeait et si vous ne pouviez plus utiliser le cloud public pour certaines tâches ? Prendre le temps de réfléchir à cette question et d’établir un plan est une bonne idée qui vous évitera de prendre des décisions à la hâte.”
Les entreprises qui ont longtemps misé sur le cloud public peuvent avoir perdu leur expertise en matière d’exploitation et de maintenance sur site.
Filip Marchal, Private Cloud Lead chez Proximus NXT
Compétences et flexibilité
Dans le contexte du rapatriement du cloud, il est crucial pour les entreprises d’examiner si elles disposent des compétences requises en interne, par exemple pour faire fonctionner leur propre centre de données. “Celles qui ont longtemps privilégié le cloud public ne disposent peut-être plus de l’expertise en matière d’exploitation et de maintenance sur site. Cependant, ce problème peut être résolu en faisant par exemple appel à un service géré pour l’infrastructure sur site.”
Quid de la flexibilité ? Est-elle la même dans un cloud privé ou un centre de données propre que dans le cloud public ? “Cette question doit absolument être intégrée dans votre processus”, recommande Filip Marchal. “Vous pourriez opter pour une approche similaire à celle des débuts du cloud public, en exécutant vos charges de travail constantes sur site et en conservant la possibilité d’utiliser le bursting pour faire face aux pics d’activité.”
Stratégie de sortie
Dans tous les cas, ne prenez pas à la légère la décision de rapatrier vos données du cloud public vers un système sur site. “Il est primordial d’identifier les risques et d’établir un plan pour les maîtriser. Une entreprise qui se lance dans un projet de cloud public doit impérativement avoir une stratégie de sortie : quels budgets et quels délais sont nécessaires pour rapatrier cette charge de travail et ces données ?” À cet égard, le législateur élabore actuellement une nouvelle réglementation pour obliger les hyperscalers à faciliter l’extraction des données.
La migration effective vers un cloud privé ou une infrastructure sur site doit être réalisée avec le moins de temps d’arrêt possible. “Cette préoccupation peut être facilement gérée grâce à une migration progressive”, assure Filip Marchal. Les temps d’arrêt peuvent bien sûr causer des problèmes même après la migration. “C’est vrai, mais le risque est également présent chez les hyperscalers.”
L’essentiel est d’avoir une vision globale de la situation. “Vous devez tenir compte de l’ensemble de l’environnement hybride afin de ne perdre aucun élément après la migration. Il faut à tout prix éviter que des machines virtuelles que vous pensiez avoir supprimées restent actives dans le cloud public”, conclut Filip Marchal.
Optimisez votre stratégie cloud pour une meilleure performance et plus de contrôle.
Vous cherchez à rationaliser vos opérations cloud? Voyons ensemble si le rapatriement du cloud est la bonne solution pour vous.
Filip Marchal
Private Cloud Lead chez Proximus NXT, Filip Marchal a plus de 20 années d’expérience chez Proximus NXT où il a occupé diverses fonctions techniques, de conseil et de management dans le cloud et la sécurité.