Het Volk 1969, la course de toutes les premières pour le Gitan

Sports | A l'occasion du week-end d'ouverture de la saison des classiques belges (Omloop Het Nieuwsblad, samedi et Kuurne-Bruxelles-Kuurne, dimanche), nous revenons sur un exploit très rare dans l'histoire du cyclisme: remporter sa toute première course chez les professionnels. Pour Roger De Vlaeminck, c’est le premier succès d’une longue série et la naissance d'un champion d'exception, qui glanera au total 154 bouquets… sans compter une centaine de critériums.

De Tagtik

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Nous sommes le samedi 1er mars 1969 au départ du Circuit Het Volk (Omloop Het Volk, devenu depuis Omloop Het Nieuwsblad), sur l'historique Place Saint-Bavon, à Gand. Parmi les 142 coureurs au départ de la course, personne ne remarque un jeune inconnu, qui participe à sa toute première course chez les professionnels.


Il s'appelle Roger De Vlaeminck (un patronyme parfaitement banal, pour un Flamand), il n'a encore jamais disputé une course de plus de 200 kilomètres et de son propre aveu, son seul objectif quand s'élance la vingt-cinquième édition de la course, c'est de pouvoir enfin s'aligner sur une épreuve en même temps que Merckx.

Obsédé par Eddy

"Au départ, je n'avais qu'une idée en tête : voir Eddy Merckx. J'étais obsédé par Eddy. Ce jour-là, j'ai enfin pu participer à une course avec lui. J'étais déjà content.", raconte-t-il à propos de cette journée particulière.

Mais De Vlaeminck, qui n'est plus vraiment un inconnu pour les spécialistes, n'a déjà peur de rien ni de personne. L'année précédente, il a remporté chez les amateurs deux étapes du Tour de l'Avenir, le Tour de Belgique et la Flèche Ardennaise. Il est aussi champion de Belgique et vice-champion du monde de cyclocross chez les amateurs, à Magstadt, en Allemagne.

Quatre voitures dans son garage

"A l'époque, le vainqueur de l'Etoile des Amateurs, un classement de la régularité, recevait une voiture. J'avais déjà quatre voitures dans mon garage. Chez les amateurs, j'ai été le meilleur pendant des années, avec (Jempi) Monseré", raconte Le Gitan d'Eeklo dans son style caractéristique, fait de forfanterie et de provocation calculées.

Après sa médaille d'argent dans les labourés, il rejoint l'équipe professionnelle Flandria-De Clerck et le 1er mars, une semaine après le mondial de cyclo-cross, il est au départ du Circuit Het Volk.

Son culot et son orgueil, qui seront ses marques de fabrique pendant toute sa carrière, le poussent à intégrer une échappée de 15 coureurs qui ne sera jamais revue. Dans ce peloton d'avant-garde, il n'y a que du beau monde : Eddy Merckx, bien sûr, mais aussi Patrick Sercu, équipier du jeune Cannibale, Herman Van Springel, vainqueur l'année précédente, Frans Verbeeck, futur vainqueur de deux éditions ou Eric Leman, un équipier de De Vlaeminck, futur triple vainqueur du Ronde.

Au sprint, De Vlaeminck prend la roue de Patrick Sercu, l'homme en théorie le plus rapide du groupe et, à la surprise générale, franchit la ligne en tête devant Van Ryckeghem et Van Sweevelt. Respecter Merckx, c’est le défier en permanence

Eddy Merckx termine douzième. Il était venu pour aider Sercu à gagner. Il est allé chercher tous les attaquants avant de lancer le sprint de son ami, qui se loupe dans l'emballage final. De Vlaeminck émerge devant tout le gratin du cyclisme belge et se forge ce jour-là une conviction qui deviendra sa philosophie : la meilleure façon de respecter Merckx, c'est de le défier en permanence. Le lendemain de sa victoire-surprise, comme si de rien n'était, De Vlaeminck participe au modeste cyclo-cross d'Overboelare, qu'il termine deuxième derrière son frère Eric (notre photo).

Deux mois plus tard, il confirme en devenant champion de Belgique à Namur. Il fausse compagnie à la meute à deux bornes de l'arrivée pour conserver 13 secondes d'avance sur le peloton, dont le sprint est remporté par son équipier Walter Godefroot.

La suite va démontrer de quel bois il se chauffe : il se classe deuxième de Milan-San Remo (à 12 secondes d'Eddy Merckx), cinquième de Paris-Roubaix (remporté par Godefroot devant Merckx et Gimondi), deuxième de Gand-Wevelgem (il est sur le podium avec son frère Eric, troisième), sixième de la Flèche Wallonne et troisième du Championnat de Zurich. Excusez du peu… pour un coureur qui n'a pas encore 22 ans!

Cinq monuments

Dix ans plus tard, en remportant son dernier monument, la Primavera 1979, il devient un des trois coureurs de l'histoire, avec l'Empereur Rik Van Looy et ... l' Ogre Eddy Merckx, à avoir remporté les cinq classiques "Monuments". A son palmarès, trois Milan-San Remo (1973, 1978 et 1979), le Tour des Flandres (1977), quatre Paris-Roubaix (1972, 1974, 1975 et 1977), Liège-Bastogne-Liège (1970) et deux Tours de Lombardie (1974 et 1976). Roger De Vlaeminck s'est également adjugé la Flèche wallonne (1971), le Championnat de Zurich (1975) et Paris-Bruxelles (1981). Il compte 22 victoires d'étapes sur le Tour d'Italie, une étape sur le Tour de France et une sur la Vuelta. Il triomphera six fois d'affilée à Tirreno-Adriatico (entre 1972 et 1977) et enlèvera le Tour de Suisse en 1975. Il est double champion de Belgique sur route en 1969 et 1981 et vice-champion du monde en 1975. Il sera sacré champion du monde de cyclo-cross chez les professionnels en 1975.

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