Giro 1968 : naissance d'un Cannibale sur les pentes du Lavaredo
Quand la 12e étape du Tour d'Italie 1968 s'élance depuis Gorizia, à la frontière yougoslave, à l'assaut des Tre Cime di Lavaredo, le Giro n'est venu qu'une seule fois en ces lieux.
En 1967, une première expérience sur ce col mythique des Dolomites a tourné au fiasco et à la farce.
L'étape, remportée l'année précédente par Felice Gimondi, avait été annulée (et le classement général neutralisé) parce que beaucoup de coureurs s'étaient accrochés à la voiture de leur directeur sportif et que les tifosi avaient poussé les coureurs (italiens), comme on peut le voir sur les images de l'époque.
Dommage pour Merckx qui avait, ce jour-là, distancé de nombreux coureurs qui termineront finalement devant lui au général final (Merck se classera neuvième de son premier grand tour), sauf Gimondi auquel il avait concédé à peine 4 secondes.
Tre Cime di Lavaredo, een helletocht naar de hemelpoort van de Dolomietenhttps://t.co/7lrLkfqvT9
— WielerFlits.nl (@WielerFlits) May 25, 2023
???? #Fietstoerisme #TreCimediLavaredo #Giro #Giro106 pic.twitter.com/QXsVfAupRi
Il prendra sa revanche l'année suivante, en 1968, en signant ce qu'il considère comme son plus grand exploit, un véritable tour de force au Tre Cime di Lavaredo, sous les averses de neige et sur une des ascensions les plus difficiles d'Italie.
Merckx, qui a pourtant signé pas mal de faits d'armes incroyables au Giro (il a par exemple porté le maillot rose de la première à la dernière étape en étape en 1973), n'a sans doute jamais paru aussi fort que ce jour-là, sur le Tre Cime.
Merckx en Tre Cime di Lavaredo, Giro 1968 (coloreado). De cuando el ciclismo era un deporte respetado #Giro pic.twitter.com/cG6ZYzTgxI
— KMB (@Marxenbicicleta) May 24, 2021
Au départ, le 1er juin 1968, après 11 étapes de ce 51e Giro, Merckx pointe encore au classement général à une minute et demie de Michele Dancelli, un excellent coursier italien de l'époque.
Cette journée dantesque, mélange d'apocalypse et de légende restera à jamais enfouie au plus profond de la mémoire de ceux qui arriveront au bout des 213 km prévus sur la feuille de route.
After the infamous Tre Cime di Lavaredo stage (Giro d'Italia 1968)
— PelotonTales (@peloton_tales) February 20, 2021
Many websites say it's a pic of Eddy Merckx.
But it's clearly NOT.
More likely Vittorio Adorni
Any other ideas???#trecimedilavaredo #giroditalia #eddymerckx pic.twitter.com/AopKBXhQIb
Le blizzard souffle et glace le peloton. Merckx, lui, ne sent ni le froid, ni la neige, ni les pédales ou la fatigue. Il chevauche seul hors du temps et écrase les kilomètres en même temps que l'adversité. Au sommet, Merckx a humilié non seulement ses rivaux Gimondi, Motta et Dancelli, mais il a aussi humilié la montagne.
On oublie souvent que les sportifs ne sont souvent que des gamins. Ici, Gianni Motta, Felice Gimondi, Vittorio Adorni et Eddy Merckx lors du Giro 1968. pic.twitter.com/AhfQUO7HLA
— David Guénel (@davidguenel) May 27, 2022
Son solo insensé, sur ces pentes poudrées de blanc suscite l'admiration: jamais un champion n'aura fait pareille impression. Le jeune Eddy Merckx dévore tout sur son passage et devient "Le Cannibale".
From the Italian roads where I grew up to the front pages of the newspaper that witnessed my birth.
— Giro d'Italia (@giroditalia) April 1, 2021
“Merckx - First overall, and first throughout” ?? https://t.co/owVe9jPOK2
[ @Gazzetta_it - 13/06/1968] #MagliaRosa #Giro pic.twitter.com/9NtsMPF3i9
En enlevant ce Giro 68, Merckx n'est que le cinquième coureur étranger à remporter le Tour d'Italie après Koblet, Clerici, Gaul et Anquetil. Il est aussi le premier Belge à le faire. L'ère de Merckx a commencé, et pendant une éternité, tout le monde devra s'habituer à se contenter des miettes...
Eddy Merckx au cours de l'étape apocalyptique de Tre Cime di Lavaredo (Giro 1968). pic.twitter.com/cvbZsuiFNr
— David Guénel (@davidguenel) October 28, 2022
Regardez tout ce que vous aimez, où et quand vous voulez.