Dans 'Monologue', Yellowstraps se confie sur son dernier album : "Je le vois comme une acceptation"

Musique | 'Monologue', l'émission de Pickx qui vous propose un voyage en musique au cœur de la vision créative d'artistes belges, est de retour pour une deuxième saison. Pour ce quatrième épisode, c’est Yvan de Yellowstraps qui s’est confié à nous. De sa séparation avec son frère à la recherche de sa propre identité en passant par la musique comme exutoire, Yvan Murenzi en dit plus sur son projet solo et son dernier album 'Tentacle'. 

De Pickx

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On voit sur l'interview dans 'Monologue' que tu crées énormément dans ta chambre, est-ce que tu pourrais m'en dire un peu plus sur ton processus créatif ? 

Yvan Murenzi : "Ca dépend en fait beaucoup de l'intention de création. Par exemple, pour l'album en particulier, il y a eu avant tout une phase un peu plus laboratoire. C'est une phase un peu plus ingrate on va dire, c'est péjoratif, mais c'est très positif en réalité. C'est la phase où je suis en recherche de sons et de sonorités différentes, de mélodies pour avoir des textures diverses. Je cherche, je cherche, je cherche. C'est quelque chose qui dure assez longtemps et qui m'intéresse parce que j'aime bien trouver vraiment des sonorités particulières".

A partir de là, une fois que j'ai un peu une vision plus globale de la couleur et de la direction que ça va prendre, je me plonge plus ou moins d'abord sur la mélodie des voix. Une fois que je les ai, ça sera la base du morceau de la mélodie et un peu la couleur que je veux. À partir de là, soit je commence à créer un peu autour, créer une prod, des instrus avec des percussions ou différentes batteries. Soit je fonce dans l'écriture des paroles. Il y a aussi beaucoup qui se fait en studio". 

C'est un projet qui a été réalisé d'abord avec ton frère, est-ce qu'il continue à te conseiller sur ta musique ? 

Y.M. :"Il est un peu moins présent mais il intervient tout de même quand le son est quasi terminé. Et du coup, je lui envoie puisque j'aime quand même bien avoir son avis. Je trouve que ça compte toujours et même pour moi, je me sens beaucoup plus rassuré quand un son a pris une direction et qu'il me dit qu'il aime bien."

Comment as-tu réussi à conserver l'ADN de Yellowstraps tout en y ajoutant ta patte personnelle après son départ?

Y.M. : "C'était quand même la phase la plus compliquée parce que je m'étais jamais imaginé que le projet puisse être en solo et pas à deux. Du coup, au début, il y a eu pas mal de remise en question, savoir comment continuer, comment procéder. Mais assez vite heureusement, je me suis mis dans un mindset beaucoup plus positif et je réalisais aussi la chance que j'avais d'être le chanteur dans le projet, ce qui fait que l'ADN est quand même resté juste avec la voix".

"On a fait énormément de collaborations avec d'autres artistes, d'autres producteurs et on arrivait à garder la patte Yellowstraps même si ce n'était pas mon frère qui produisait. Du coup c'était assez rassurant et ça m'a aussi quand même poussé. Je pense que c'est un mal pour un bien. Ça m'a poussé aussi créativement à être plus dans une recherche d'autre chose. Je voulais arriver avec une proposition qui garde l'ADN mais qui est quand même différente pour vraiment marquer cette scission et cette nouvelle direction et avoir un parti pris très clair que Yellostraps est solo maintenant". 

De quoi est-ce que tu t'inspires pour tes textes? 

Y.M. : "Depuis cinq ans, principalement les relations et la complexité des relations. Pour la première fois, j'étais dans un cas de figure de relations compliquées, c'était la première fois que ça m'arrivait. Je sais qu'autour de moi il y en avait pas beaucoup non plus qui vivaient ça, ou du moins c'était pas spécialement courant. Mais ça prenait une place tellement immense dans ma vie à ce moment-là qu'il fallait que je sorte d'une manière ou d'une autre. Mais je me souviens que ce n'est pas venu directement. En créant un morceau, j'étais dans ce mood aussi, un peu de dep de relation et de rupture. Et un premier texte est venu. C'était 'Blame' qui est aussi le titre de l'EP qu'on avait sorti en 2018. Je sais que ça m'avait fait énormément de bien sans vraiment le réaliser directement".

"C'était hyper libérateur et thérapeutique de juste libérer ses émotions. Le fait de le sortir en morceaux ça rend les choses encore plus réelles. Et j'avais cette impression aussi de me débarrasser d'une charge, d'un poids que j'avais. Et c'est quelque chose qui est resté. J'ai continué un peu plus à m'intéresser à ça. J'avais de plus en plus d'histoires un peu compliquées d'amis autour de moi, dont je m'inspirais aussi pas mal". 


 
Est-ce que ça a un rapport avec le titre de ton dernier album 'Tentacle' ? 

Y.M. : "Oui, je le voyais un peu en triptyque. Tout d'abord, il y a eu 'Blame' où je déverse un peu plus la haine que j'avais sans trop réfléchir à pourquoi ou à comment. Puis après il y a eu 'Goldress' qui était un peu plus une réflexion par rapport à tout ça. Et le dernier 'Tentacle' qui est lui plus une acceptation. Après c'est un avis très personnel, mais j'avais un peu fait la paix avec le fait que la relation c'était un peu l'enfer et que c'était compliqué mais que c'est ok. 

"Pour le titre, j'ai très vite visualisé la dualité et la complexité des relations à travers des tentacules, parce que ça peut t'envelopper le corps de façon affectueuse. Il y a ce côté aussi affectueux d'avoir des bras autour de toi qui te serre. Mais d'un autre côté, ça montre un côté bloqué aussi". 

"Donc c'est comme ça que je visualise la complexité des relations. Tu as plusieurs interprétations possibles en fonction de comment tu perçois les choses. La cover représente tout ça où l'on voit mes bras en camisolé avec encore d'autres bras en dessous."

Et est ce que réaliser le clip 'Notice', par exemple, a été aussi un exutoire au même titre que la création d'une chanson? 

Y.M. : "Oui, quand même, parce que c'est quelque chose que j'ai toujours aimé faire. De base, je suis graphiste de formation et la musique est venue un peu après. C'est vrai que je tiens souvent à réaliser ou à du moins donner la direction que j'aimerais que ça prenne parce que ça met un peu plus en lumière les images que moi j'ai en tête. Par exemple au moment de la création du son, de ce que ça m'a inspiré ou de choses que je vivais à ce moment-là. Donc du coup, c'est aussi une forme d'exutoire". 



Tu utilises aussi beaucoup l'autotune dans tes musiques, penses-tu que l'on juge mal ce procédé ? 

Y.M. : "A fond parce que j'étais le premier aussi là-dedans et je trouve que c'est très mal connoté. Moi pendant longtemps je refusais d'utiliser cet effet parce que c'était vu comme celui utilisé entre guillemets pour les gens qui ne savent pas chanter? Pendant très longtemps j'étais bloqué là-dedans, ce qui était très con d'ailleurs, parce qu'à un moment, je me suis rendu compte que c'était un effet comme un autre. Si on utilise de la réverb, des chorus, alors pourquoi pas utiliser l'autotune ? Et au moment où je commençais à l'utiliser, ça m'a débloqué énormément de portes créativement parlant. Ça te permet d'avoir toutes les notes de la mélodie. Et pendant que tu fais un peu ton yaourt, parfois tu as la petite surprise d'une note qui apparait. C'était pas spécialement celle-là que tu voulais lancer mais ça donnait des idées beaucoup plus créatives que ce que tu comptais faire". 

Et comment vois-tu la suite de ton projet ? 

Y.M. : "Là pour l'instant, j'aimerais faire revivre l'album sorti il y a 3 mois. J'ai repris pas mal le yukulele, pour faire des versions un peu alternatives des morceaux avec juste du yukulele et ma voix. Des versions plus acoustiques et plus douces. Je pense que ça va être intéressant pour un peu relancer l'album".

Yellowstraps est à découvrir en concert aux fêtes de la musique à Bruxelles le 24 juin, au festival Les Ardentes le 6 juillet et aux Francofolies de Spa le 21 juillet. 

Découvrez Yellowstraps et bien d’autres artistes belges dans la série ‘Monologue’, via ce lien sur Pickx.be et sur l'application Pickx.  

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