Pierres aux Nuits Botanique : "Mon second album s'interroge sur le Pierre que je suis aujourd'hui"

Musique | Depuis 2019, Pierre Leroy donne la parole aux multiples facettes de sa personnalité à travers son projet musical 'Pierres'. De la comédie à l'illustration en passant par la réalisation, le chanteur belge offre un univers décalé, drôle, rafraichissant et surtout très pop ! Si son premier album 'Disque de platine (titre temporaire)', sorti en 2021, exprime différents Pierre, l'idée du second est de dévoiler davantage le Pierre au singulier. Une quête identitiaire que le chanteur partage à Pickx avant son concert au Botanique ce lundi 1er mai. 

De Pickx

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Tu étais dans le groupe 'Azerty' avant, qu’est-ce qui t’a donné l'envie de te lancer en projet solo?

Pierre Leroy : "'Azerty', au fil des ans a reçu une étiquette 'folk de cabane' et ça nous a un peu contraints dans ce qu'on devait faire par la suite. Nous, on voulait aller vers quelque chose de plus pop et on rêvait de mettre des claviers. On a essayé de faire ça avec le dernier EP, mais il a moins bien marché et on a senti qu'on arrivait à la fin d'une époque et qu'il serait intéressant de mettre un point final avant de regretter d'avoir été trop loin".

"J'avais pas mal de compos aussi en attente et je commençais à faire un tri. Je me disais : ça je la donne pour AZERTY, celle-là je la garde pour moi parce que je sens qu'elle est meilleure. Rien qu'en pensant cela, je me suis dit: 'il faut arrêter ce projet là et en faire un autre qui me ressemble plus' ".

Comment est né ‘Pierres’ au pluriel ?

P.L. : ‘Pierres’ est né d’une envie d’être le plus sincère possible avec soi-même, donc c'est-à-dire s'écouter réellement et faire exactement ce que je produisais à ce moment-là. Ne pas me mettre des barrières, des contraintes de genre ou bien justement d’étiquettes ou de compromis avec la personne avec qui je travaille. C’était l'envie d'être bien plus libre et de s'écouter totalement".




‘Pierres’ répond à de multiples étiquettes, est-ce pour ça que tu as mis S à ’Pierres’?

P.L. : "Oui, c'est tout à fait ça et il y a plein de raisons. Moi je suis d'Arlon à la base, j'ai bougé vers Louvain-la-Neuve pour mes études, puis j'étais à Bruxelles. Le retour vers Arlon était parfois un peu bizarre parce que mes parents s’accrochaient à l'ancien Pierre que j'étais, mais moi j'ai évolué, j'ai changé. Donc, il y a un peu tous ces Pierre qui sont restés en moi et avec qui j’essayais de jongler pour me raccrocher à des personnes que j'aimais".

"Côté musical, c’est écouter tous les Pierre en moi sans me mettre de barrières. Mon premier album par exemple, je l’ai considéré comme assez éclectique puisque j'essayais réellement de le faire fonctionner de la sorte. C'est de ne pas me freiner si je mettais de l'autotune ou si je voulais faire de la bossa nova. J’essayais d’écouter ce qui m’arrivait. Les compositions de cet album émanaient d’écriture automatique et de quelque chose de très spontané".



Comment est ce que tu qualifierais ta musique sans y mettre d'étiquette ?

P.L. : "Pour le premier album, j'avais qualifié mes musiques de chansons popettes décomplexées et intimes. Il y avait quelque chose de très léger dans ce que je proposais. On retrouve en contraste des textes peut être plus sombres, ou en tout cas plus mélancoliques. Décomplexées, c’est parce que j’imagine que je pouvais faire ce que je voulais".

Quelles sont tes inspirations principales?

P.L. : "Ce qui m'a amené à la chanson française, c'est tout d'abord Bertrand Belin. C'est un chanteur français et aussi écrivain qui fait de la chanson avec des textes très simples. Mais du coup, ca me parle beaucoup. Avant j'écrivais en anglais mes musiques et c’est lui qui m’a ouvert la voie vers la chanson française. Après lui, j'ai découvert Joe Dassin et Laurent Voulzy. Je les trouvais ringards de base sans m’y être plongé réellement et maintenant je les trouve incroyables. Mathieu Bogaert, Flavien Berger et Olivier Marguerit aussi".

Et dans ‘Disque de platine (titre temporaire)’, qu'est ce que tu as voulu raconter ?

P.L. : "C’est un peu l'album du lancement. Ce titre montre déjà un peu les ambitions du projet, c'est-à-dire que c'est une façon humoristique de dire: 'je vais faire grand bruit alors qu’il faut rester humble'. Il y avait déjà cette écriture en contraste qui montrait le côté un peu décalé et en même temps assez terre à terre du projet. Et puis c'est un terrain d'amusement. Il a été surtout accompagné d’un visuel assez fort. On a essayé de construire une histoire avec tous les clips qu'on a sortis".


"C’était la première fois que je réalisais pour ma musique aussi. C’était un commencement dans beaucoup de disciplines pour moi. 'Disque de platine', j'en ai fait un livre d'illustration également. C’est un travail un peu pieuvre comme ça, qui a fait que ça résonnait avec ce Pierres avec S".

Tu soignes énormément ta communication, pourquoi l'aspect scénique est si important pour toi?

P.L. : "Le monde musical d'aujourd'hui ne repose que sur la communication et sur les concerts. J’aime lorsqu’ils sont généreux et qu’il y a un échange. On a déjà une chance incroyable d’être sur scène, autant en profiter et le rendre bien. L’aspect scénique est important et c’est très lié à l’improvisation théâtrale que je pratique depuis longtemps. Que ce soit avec des partenaires de jeu ou même avec le public, on te demande une certaine générosité. C’est être disponible, dans l'écoute de ton public ou bien des gens qui t'entourent, des musiciens ou musiciennes. Et cette générosité là, je pense qu'elle m'est très chère sur scène".

Pourquoi mets-tu en avant l'humour dans ton travail ?

P.L. : "Mon intention, c'est déjà de m'amuser. C’est de se considérer comme un artiste complet aussi. Outre faire de la musique, j’aime énormément jouer la comédie et donc c'est de pouvoir mettre en place un terrain de jeu dans lequel on s'épanouit. Si je ne faisais que de la musique, je crois qu'il me manquerait quelque chose, et vice-versa. C'est l'occasion de raconter des histoires aussi".

"Le dernier clip que j'ai sorti fait partie d'un documentaire avec Alice Khol vendant un vrai faux documentaire en comédie musicale. Ça a été un plaisir fou de le faire parce que ça mélangeait tout ça. Et puis, il y a ce plaisir de surprendre les auditeurices et le public en général que j'adore".

"L’humour m’aide aussi en quelque sorte. Au début, j’avais de la pudeur qui faisait que je me réfugiais dans l’humour. Là, j'ai l'impression que je m'en dégage de plus en plus et je commence à voir un peu les limites de ce personnage décalé et humoristique. Parce que simplement, il peut arriver que l'on ne prenne pas au sérieux mon travail parce que je suis cette espèce de clown rigolo et léger".


Est ce que ton processus créatif ressemble à ce que l’on retrouve dans ton dernier clip ‘Trouver un chant’ ?

P.L. : "Oui. Ce qui est drôle avec cette chanson là, c'est qu'elle raconte sa propre histoire. C’était vraiment comme ça que ça s’est produit. Et d'ailleurs, c’est ce que je raconte au deuxième couplet aussi. Je pense que c'est une chanson vraiment charnière qui explique un peu un ras le bol et un ressenti un peu bizarre. J'aime beaucoup ce qui est complexe et j'ai l'impression parfois que c'est comme si je voulais prouver des choses à des musiciens ou musiciennes avertis en montrant que je sais faire de la musique un peu difficile. Une fois que tu lâches prise, l’inspiration revient".

Et qu'est ce que tu attends du concert au Botanique ?

P. L. : "Énormément d'amour (rire). C’est une drôle de période parce que les agendas de tout le monde sont full. On a eu du mal à trouver des moments pour répéter. On va faire une résidence à Arlon avant le Botanique. On sera un peu fébrile sur scène mais hyper heureux, parce que c’est plein de chansons que les gens n’ont jamais entendues. Les 3/4 du concert seront des nouvelles musiques du nouvel album qui sortira à l’automne".

Qu'est ce que tu vas raconter dans ce nouvel album?

P.L. : "C'est la recherche du Pierre d’aujourd'hui et cette question de quoi faire avec tous les Pierre accumulés, quel Pierre les gens voient et que faire avec ça. J’ai envie de croire que j'aime le Pierre actuel. Autant le premier album, c'était quelque chose d'assez prétentieux où je montrais qu'il y avait plein de Pierre en moi, autant le second essaie de se recentrer et de s'interroger sur le Pierre que je suis aujourd'hui".

"C’est un peu la vision existentialiste de Sartre aussi. La définition de nous est celle de tout ce qui a été accumulé dans notre vie. Quelle est la définition de Pierre aujourd'hui? C'est peut être ça la question".

'Pierres' est à découvrir le lundi 1er mai à la Rotonde au Botanique à Bruxelles. 

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