TUKAN aux Nuits Botanique : "On pense live avant même de créer un morceau"

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Entre musique post-rock, electro, instrumentale et jazz, le quatuor bruxellois TUKAN offre un son percutant depuis maintenant trois ans. Nathan Van Brande (basse), Samuel Marie (clavier), Andrea Pesare (guitare) et Tommaso Patrix (batterie) mûrissent ce projet au gré de leurs nombreuses sessions de jam. Après un an de travail en studio, leur album ‘Atoll’ est né fin 2022. Rythmé, hypnotique, électrique, aquatique et dansant, le public bruxellois ne pourra s’empêcher de naviguer dans les eaux festives du Botanique ce samedi. Pickx s'est entretenu avec Nathan et Samuel du groupe qui a de l'énergie à revendre. 

De Pickx

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Bonjour Nathan et Samuel ! Comment TUKAN est-il né ? 

Nathan Van Brande: "On est un groupe de quatre potes. On s'est rencontrés au Jazz Studio à Anvers où on a étudié la musique ensemble. On a fait plein de projets, allant dans différentes directions, et avec plein de combinaisons. On a tous participé à différents groupes et on a fini par vouloir se focaliser sur un seul en particulier. Au fur et à mesure, on est arrivé à créer TUKAN avec Sam, Andrea et Thomaso. Et puis pendant un an, on a composé un peu en sous marin juste avant le Covid. Le projet nous parle artistiquement car on a beaucoup de liberté, avec une composition très horizontal où chacun participe à la création. Avec le Concours Circuit qu’on a gagné, on a voulu montrer dès le départ qu’on était ‘pro’ et commencer à un certain niveau" . 

Et comment vous est venue l'identité musicale de TUKAN ?

Samuel Marie
: "On voulait que ce soit festif, je pense. Et puis, on voulait structurer un peu plus le truc, que ce soit moins de jam. On voulait davantage que ça soit influencé par la musique éléctronique. Au tout début, c'était pas très clair non plus."

N.V.B. : "On jouait juste, on improvisait pendant des heures avec nos instruments sur des parties fixes. C’est de là que vient notre étiquette Jazz. C’est dans notre processus créatif, mais on s’éloigne de plus en plus de ce que les gens appellent Jazz. Ce qu’il y a vraiment de jazz, c’est notre démarche au moment de la création".



Comment est-ce que vous créez des morceaux ?

N.V.B. : "Tous les morceaux ont une histoire un peu différente. Récemment, on a créé un morceau en partant d'une idée d'une prod. Mais d'habitude, on improvise, on l'enregistre, on réécoute et on essaie de prendre les bonnes idées des impros, de voir s'il y a moyen d'en assembler certaines. Et puis on les joue. On compose vraiment de manière orale. On est très tardivement dans le processus où l’on est derrière notre ordinateur".

S.M. : "Des fois, ça prend très peu de temps de créer un morceau et ça vient tout seul. Parfois, ça prend vraiment des mois et on y arrive pas. On sait pas trop pourquoi. On se dit que le morceau est maudit. On le joue sans conviction et puis, d’un coup, Pouf ! On agence différemment le morceau et ça donne trop bien." 

Est-ce que vous avez un exemple en tête de titre maudit ?

S.M. : "Raymond ! C’est notre pire ennemi, maintenant c’est notre meilleur ami (rire). Il a pris des mois à se former. C’est un morceau de neuf minutes".

N.V.B. : "Récemment, on a refait le tri aussi de toutes les idées qu'on a eues. On a réécouté toutes les versions de ce morceau. On s’est dit : ‘Mais il y a eu 40 versions avant d’arriver là ! (rires) C’est un morceau qui mélange des styles forts. Il fallait trouver un truc cohérent et une histoire aussi. C’est un morceau où il y a des changements de tempo avec des cassures". 

S.M. : "C’était trois titres à agencer en un seul morceau. Il y 3 gros moods différents collés et ça marche. Avant, ils avaient leur identité propre, et on les a assemblés. Ca a créé ce module, ce gros morceau qui est indissociable maintenant. »




Vous utilisez des instruments sur scène. Qu'est ce que ce choix vous apporte ?

N.V.B. : "On est aussi tous instrumentistes à la base. Même si on s'ouvre de plus en plus à la musique électronique, avec un programme sur notre ordinateur, on part toujours de nos instruments. Sur scène, on retrouve des synthés, une basse, une guitare et la batterie. En tournée, c'est compliqué parfois de tout transporter. Surtout qu'on a chacun un synthé et au total, il y en a 7 ! On va devoir trouver une solution à mon avis (rires)".

Comment décririez-vous votre musique aujourd’hui ?

S.M. : "De la bonne humeur ! (Rires) C'est une question difficile car souvent on nous catégorise comme de la musique electro-jazz. Pour nous, c'est avant tout de la musique instrumentale. Il y a du rock et davantage de musique électronique dans ce qu’on entend. Dans le processus, il y a un coté jazz, mais c’est assez différent du produit fini où c’est clairement de l’électro avec une influence post-rock" .

Comment voulez-vous que le public ressorte de vos lives ?

N.V.B. : "Ce que l'on entend souvent de notre musique après nos concert, c’est qu'il y a un truc mélancolique. Mais, en même temps, c’est très festif. Il y a une combinaison de ces deux sentiments qui peuvent être contradictoires. Justement ‘Raymond’ est assez représentatif, parce qu'il y a beaucoup de couleurs différentes. A la fin, il y a un côté plus post-rock et planant qu’au début où c’est plus sombre et dansant. C’est ça qui est important pour nous de garder. On ne veut pas être un gros groupe de teuf. On aimerait que ça puisse être écouté dans un autre contexte que juste la teuf aussi".

S.M. : "C’est beaucoup plus facile pour nous de gérer un live qu’un album en terme d’énergie. Dans un album, tu n’es pas confronté à un public. Et souvent, en live, il y a plein de trucs qui fonctionnent bien et on se pose la question de savoir comment retranscrire ça dans un album pour que ça soit pas trop violent avec de gros beat. En live, on arrive à trouver le juste milieu entre les deux. C’est vraiment un travail complexe de trouver l’équilibre".

Vous avez adapté certains morceaux après avoir fait des lives?

S.M. : "On fait souvent dans l'autre sens. On pense live avant de créer un titre. Souvent, on a une idée en tête pour l'album. Et puis après, au moment de l'enregistrement, on réfléchit très spécifiquement à comment le mettre en avant. La force du projet se fait beaucoup dans le live".

N.V.B. : "Le premier EP, on l’a enregistré comme si on était en live. On ne voulait pas que les gens pensent que l’album était complètement différent de nos concerts. Ce qui est finalement le cas et on commence à l’accepter maintenant. C’est pas le même objet, ni le même contexte ou la même création. On aimerait par la suite s’axer beaucoup plus sur l’enregistrement instrument par instrument. Pour le prochain album, on donnera beaucoup plus de place à notre ingénieur son par exemple" .

C’est quoi votre meilleur souvenir de prestations en live ?

N.V.B. : " Moi, c'est plus un ambiance que je retiens. Ce qui me fait le plus kiffer, c’est les concerts où tu t’attends à rien et au final c’est dingue. Le dernier en date, c’était à Grenoble, il y a trois semaines. On est arrivé là-bas, à ‘La Bobine’ où on ne connaissait personne. On n’est jamais allé à Grenoble. L’endroit est trop bien, mais ça paie pas de mine au premier abord. On avait vraiment l’impression que c’était mort là-bas et la date n’était pas complète. Mais l’équipe de volontaires était absolument dingue. Et au final, c’était génial et on s’y attendait pas. C’était comme un centre de gens bien là-bas !" 

S.M. : "Le live est arrivé et on a senti que le public était très intéressé par la musique. Il y avait une ambiance bienveillante dans tous les sens. On était hyper content. Du coup, je pense qu'on donne plus d’énergie dans ces cas-là. Il y a vraiment un moment qui se passe et un échange qui se fait et on ne se l’explique pas. Quand le public est à l'inverse de ça, c’est très difficile pour nous de jouer. Mais on ne peut malheureusement pas prévoir comment ça sera ».

Concernant votre dernier album, Attol, qu’est-ce que vous aviez envie de raconter ?

S.M. : "Pour nous, c’est dur de raconter des trucs parce qu’il n'y a pas de paroles et on ne pense pas à des paroles. On pense à rien. On pense vraiment juste à faire de la musique et aux émotions qui nous traversent. Il n’y a pas de mots, ni de thème spécifique. Du coup, trouver des noms de morceaux et des noms d'album, c'est la galère numéro un de TUKAN et ça arrive en dernier lieu ". 

N.V.B. : " Ca prend des semaines et des mois à se dire le sens qu'on va donner à chaque morceau. C’est super dur de tomber à quatre d'accord sur la même interprétation. On a mis alors une méthode en place où chacun écoute ses morceaux et écrit plein de mots et idées de titres. Les références aquatiques ('Scuba', 'Beluga', 'Lagoon') c’est un peu par hasard, que c’est arrivé. Il y avait une couleur un peu qui s'est dégagée généralement de toutes ces compos qui était un peu bleu aquatique. Et puis, un titre c’est très évocateur. Ca influence ton écoute, donc ça a une place importante. Ce qui rend la tâche encore plus compliquée." 

Comment envisagez-vous la suite?

N.V.B. : "On est en train de composer déjà un deuxième album. On y donne beaucoup de temps : cinq à six jours par semaine. Dès qu’on n’a pas de concert, on compose et donc on fait des résidences où on fait venir un nouveau batteur qui vient de Paris. Je pense qu'on a envie de faire un album différemment que pour le dernier où l’on fait venir l’ingé son beaucoup plus tôt dans le processus. ‘Attol’, on l’a vraiment enregistré d’une traite et c’était beaucoup plus stressant au final que si on l'avait enregistré petit à petit.

Je pense qu’on aimerait que ce deuxième album soit plus un objet à part entière. En live, on prendrait les meilleurs éléments dans nos différents projets et l’album à venir. Mais, du coup, ce répertoire de base nous donnerait plus de liberté. Le défi sera de répondre aux attentes dans ce second album tout en restant cohérent avec l'ADN de TUKAN et en se renouvelant."

'TUKAN' est à découvrir le 29 avril à 19h00 sur la scène de l'Orangerie du Botanique à Bruxelles. 


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