Avec ‘Ready to Heal’, Judith Kiddo pose son coeur sur la table

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Trois ans qu’il est en gestation, et, enfin il est là ! Après un EP, des singles, quelques clips et de nombreux concerts, le tout premier album de Judith Kiddo est né. ‘Ready to Heal’, un mélange de synth-pop et hart rock, ambiance notre journée dès les premières notes. 9 titres que l’artiste bruxelloise a voulu fun mais pas que. Avec humilité, elle partage sa vulnérabilité et montre comment la musique peut être libératrice. Pickx revient sur cette artiste haute en couleur qui n’a pas peur de mettre des mots sur les maux. 

De Pickx

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Bonjour Judith ! A quand remonte cette passion pour la musique?

Judith Kiddo : "J'ai toujours adoré chanter depuis que j'ai quatre ou cinq ans. J'ai chanté beaucoup de reprises de tous les artistes que j'aimais. C’était vraiment très varié. Pendant longtemps je me disais ‘ce serait cool que je compose quand même mes premiers morceaux’. Mais j'étais un peu timide parce que n'étant pas instrumentiste, je me disais 'Mais comment je vais faire?' A un moment je m'y suis juste collé et ça a été assez facile. J'avais juste besoin de m'y résoudre, de prendre un peu le temps de me dire que j'étais capable de le faire. Et puis une fois que je m'y suis mis, ça a été assez facile.

J’ai commencé à composer assez tard, je pense vers 27 ans, après ma sortie de l’école de théâtre à l’INSAS. J'ai travaillé pas mal mais, entre les projets, je voulais rester occupée et ça me semblait plus facile d'écrire des chansons que de commencer à créer tout un spectacle ou d’en écrire un. C'est pas facile de rester occupé professionnellement quand on est pas sous contrat en tant qu'artiste et de rester créatif. Et du coup, c'est là que je me suis dit bon, il faut que je reste éveillée, que je fasse ce que j'aime, que je reste inspirée. J'ai alors commencé à écrire.”

En quoi ton expérience au cinéma ou au théâtre t’a-t-elle inspiré ? 

J.K. : “Au cinéma, je fais des choses un peu plus sérieuses. Dans mon projet musical, il y a plus de fantaisie, je dirais. Mais c’est certain, il y a une théâtralité dans ce que je fais qui me tient à cœur. J'aime bien que dans les concerts, il y ait tout un show et qu'il y ait vraiment une proposition faite. C'est pas juste la musique, c'est aussi les costumes, etc. Dans mes clips, j’y fais particulièrement attention”. 

Justement, que peux-tu dire de ton clip ‘Settle Down’ ? 

J.K. : “La chanson ‘Settle Down’ parle de troubles de l'anxiété. Disons que ça part de ce que je vis car j'ai des troubles de l'anxiété, mais dont j'étais même pas au courant quand j'ai écrit la chanson. Chez moi, ça a été diagnostiqué après. Je me suis dit que j'allais aborder l’anxiété sous le prisme de l'écologie. Je pense que ça stresse pas mal de monde et donc le sujet du clip, c'est un feu de forêt.

Quand j'ai écrit le clip, il y avait la folie des feux de forêt et des animaux pris au piège. J'avais envie d'en parler tout en faisant quelque chose qui me fasse rire parce qu'il y a toujours ce petit degré en moi. Je parle de choses sérieuses avec un certain degré, un certain décalage, un certain humour. C'était quand même l'idée d'imaginer quelque chose de fantaisiste encore une fois. On est quand même déguisés en animaux avec des chorégraphies un peu ridicules. Ça reflète assez bien mon caractère, plutôt enjoué, lumineux et un peu drôle, mais avec des sujets un peu plus compliqués."

D'ailleurs, tu abordes un sujet difficile dans 'Only love me when I cry'...

J.K. : “Oui, 'Only love me when I cry’ parle d'une relation toxique dans laquelle j'étais avec un garçon il y a vraiment longtemps et dont j'ai mis vraiment du temps à me débarrasser. D'ailleurs, j'ai écris la chanson bien après, on n’était déjà plus ensemble depuis un moment, mais des choses me revenaient comme ça parfois. J'ai des flashs où je me dis ‘Ah ouais, en fait c'était vraiment une relation super problématique’. Et comme la musique est une façon parfois d'expliquer certaines choses, il y a un aspect thérapeutique d'écrire. Je me suis dis, tous les trucs que j'ai envie de mettre dans cette chanson, c'est comme mettre les choses un peu dans un tiroir ou après la chanson, elle est là et c'est plus en toi. Dans le clip, je suis aussi avec ma copine parce que depuis j'ai fait mon coming out lesbien et je voulais montrer qui j'étais aujourd'hui. On voit vraiment la nouvelle Judith qui regarde l'ancienne Judith en se disant 'qu'est-ce que c'est que ce délire?'"

Comment s’est déroulé le tournage du clip ? 

J.K. : “C’était vraiment un excellent tournage. On était quatorze dans l’équipe et ça s'est fait organiquement. Quatorze filles et aucun garçon ! C'est assez rare et c'est quand même une ambiance qui est encore mieux à mon sens. Ça nous tient à cœur, même si c'était pas volontaire de travailler qu’avec des femmes. Après, il y a évidemment Johnny, un acteur du clip qui n'était pas dans l'équipe technique, mais qui est un homme, un personnage très très spécial et vraiment génial. C’est un véritable fakir et c'était assez impressionnant. On a trouvé Johnny Le Fakir grâce à la cheffe opératrice Charlotte Marchal, qui m'a fait part de ce contact. J'avais un peu du mal à trouver l'angle juste pour ce clip, parce que parler des relations toxiques, c'est important, mais c'est aussi un peu en vogue on va dire. Et je voulais trouver ma façon la plus personnelle de le faire. Et avec quelque chose de surprenant."

Pour toi, de quoi parle ton album Ready to Heal?

J.K. : “Ca parle de guérison et de ma vie. Je me suis rendu compte une fois qu'il était fini, que ça parlait de manière plus ou moins directe de toutes les choses dont j'ai dû moi-même un peu guérir. La musique a des vertus de guérison qui peuvent être très fortes je pense. J'ai l'impression que personnellement, elle m'a un peu sauvé la vie à des moments. A mon niveau et de façon assez humble, j'espère que c'est une musique qui peut apporter de l'apaisement et de la force. Aider d'autres personnes qui ont besoin de musique pour guérir.”

Quel est le titre qui a été le plus difficile à écrire ?

J.K. : “C’est la chanson ‘Hagen’, celle qui parle de mon frère qui est un super guitariste de jazz. C’est mon demi-frère adoré. On a été séparés pendant une dizaine d'années car je ne vois plus mon père. Quand on s’est retrouvé, on a fait de la musique ensemble. Il était un peu malade car il a eu des problèmes psychiatriques et ça m'a beaucoup touché. J'ai essayé de l'aider un maximum, mais j'étais quand même très jeune quand c’est arrivé, il n’y avait pas beaucoup de personnes pour nous aider. Donc c'est un sujet assez sensible et en même temps j'ai encore essayé d’en parler avec le plus de lumière possible. Je sais que ce n'est pas forcément compréhensible à la première écoute que ça parle de mon frère. On entend ‘‘Dis petit frère’ par exemple, mais je ne voulais pas être trop pondéral non plus. Et il y a toujours une part d’imaginaire dans mes textes.”

Et le plus fun à écrire?

J.K. : “‘La Joie, L’Espoir’ est très importante pour moi. C’est une chanson sur la joie et comment on a besoin de joie et de lumière pour sortir du vide. Elle a un refrain très gitan, rigolo qui nous entraîne. Je me suis vraiment bien amusée à la composer. En live, c'est une de mes préférées à faire aussi parce qu’elle est drôle à chanter. Il y a un synthé qui s'emballe aussi. Sur scène, l'énergie des chansons est multipliée évidemment. Du coup, je pense que quand on voit le live, on comprend encore mieux mon enthousiasme.”

Quelles ont été tes inspirations pour cet album ?

J.K. : “De manière générale, je dirais que ado, j’aimais beaucoup les stars des 90’s. Toujours des filles ! J’adorais ‘The Cardigans’, ‘Björk’, ‘The Cranberries’, ‘Mariah Carey’, ‘Kate Bush’. Soit des très grandes chanteuses, soit des projets avec des hits dont les voix sont inégalables. C’est toujours la voix qui m’inspire le plus et qui compte pour moi. Dans les références plus récentes, il y a ‘Caroline Polachek’ aussi qui m’a beaucoup inspiré. Après, je l'ai découverte quand j'avais déjà fini une bonne partie des morceaux, donc je ne sais pas si ça m'a vraiment inspiré pour l'album, mais ça va m’inspirer pour la suite de mes aventures.”

Peux-tu m'en dire plus sur ton processus créatif ? 

J.K. : “C'est un peu chaotique dans le sens où comme c'est un métier relativement nouveau pour moi, je n’ai pas encore vraiment de procédé hyper clair. Mais ce qui est sûr, c'est que je pars de ma voix et de ma guitare. Pour le reste, j'ai mon programme avec mon ordinateur et je fais des boucles de batterie et j’y ajoute une basse. Puis, je travaille avec un arrangeur et producteur pour donner une forme plus léchée. J'adore trouver des sons qui sont un peu rigolos. Les sons de synthé que je trouve avec mon ordinateur viennent créer ce mélange de pop qui est à la fois organique et de la synth. C'est pas vraiment de la pop, mais vraiment de la synthpop.”

Comment envisages-tu la suite ? 

J.K. : “Franchement, c'est assez dur de sortir un album en indépendant sans label. C’est vraiment un choix et je ne le regrette pas du tout. Mais c’est très très très intense et je me disais au départ que c’était mort d’écrire un album. Maintenant que j'arrive en bout de course, je suis déjà en train de me réjouir du prochain. J’aimerais refaire un album, mais j'aimerais bien que les choses s'enchaînent relativement vite avec un processus plus court qu’avec ‘Ready To Heal’. Ça m’a pris presque 3 ans au final. Je pense que le fait d'avoir passé le cap du premier album, je sais mieux comment faire et j'aurai plus facile à travailler de manière plus directe et mieux. J’aimerais continuer de développer ma sensibilité et de cultiver ma vulnérabilité aussi que j’ai un peu plus mis sur la table avec cet album par rapport à mon EP, tout en gardant le côté fun de la musique. J'aimerais aussi collaborer avec plus de femmes en termes de moyens de production, en restant fidèle à mon équipe que j’adore, évidemment.” 

Pour fêter la sortie de ce premier album, Judith Kiddo sera à l’Ancienne Belgique le 23 février prochain.

Regardez tout ce que vous aimez, où et quand vous voulez.

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