Voici les bonnes raisons de voir ‘Les passagers de la nuit’ de Mikhaël Hers

Après l’émouvant ‘Amanda’ en 2018, le réalisateur Mikhaël Hers revient avec un quatrième long-métrage tout aussi délicat et sensible. La douceur se son cinéma demeure dans la simplicité de sa narration. Il n’en fait jamais de trop pour raconter la fragilité de la vie. Comme à son habitude, il commence ses films par le sentiment de perte. Dans ‘Les passagers de la nuit’, on suit le quotidien d’Elisabeth, mère de famille de deux adolescents Matthias et Judith, que le mari vient de quitter. Elle doit se reconstruire et trouver un emploi. Après maintes recherches, elle finit par décrocher un poste dans une émission de radio de nuit. Elle devient réceptionniste téléphonique du programme. Là, elle y fait la connaissance de Talulah, une jeune fille de 18 ans sans-abri, venue raconter son histoire à la radio. Touchée par son récit et prise d’empathie pour cette adolescente pas plus âgée que ses propres enfants, elle lui propose le gîte et l’accueille dans sa famille. 

L’interprète d’Elisabeth n’est autre que Charlotte Gainsbourg. Si le choix de l’actrice principale s’avère être une excellente idée, ce n’est pas seulement grâce à son talent inné pour la comédie, mais à la sensibilité qu’elle apporte à son personnage. Elle est en parfaite communion avec cette femme à la fois fragile et forte, avec qui elle s’identifie. Elisabeth devient l’une des plus belles interprétations de sa carrière.

À ses côtés, les jeunes comédiens sont tout aussi épatants. Dans la peau de Talulah, on retrouve Noée Abita, la nouvelle sensation du cinéma français. Révélée grâce à ‘Ava’ en 2017, elle accumule depuis les projets marquants au cinéma comme à la télévision. Pour le réalisateur, la jeune comédienne "a une présence singulière et une voix. Elle résonne avec le fantôme de Pascale Ogier (actrice française, disparue prématurément en 1984, ndlr) dont on aperçoit quelques images dans ‘La nuit de la pleine lune' d’Éric Rohmer", explique-t-il à ‘Ouest-France’.

Le charme de Talulah finira par ébranler le fils d’Elisabeth, le jeune Mathias, incarné par Quito Rayon-Richter. Véritable découverte dans ce film, il s’agit de son second long métrage. Dans le rôle de sa soeur Judith, Megan Northam se distingue. Et enfin pour jouer l’alter ego de Macha Béranger, célèbre animatrice radio de l’émission culte ‘Allô Macha’, on retrouve Emmanuelle Béart. 

À travers ‘Les passagers de la nuit’, Mikhaël Hers a voulu se replonger dans l’époque de son enfance. Il a reconstitué le Paris d’antan à l’aide d’images d’archives pour les décors et costumes. Grâce à la séquence d’ouverture, il donne le ton en retranscrivant un fait politique marquant. Celui du soir du 10 mai 1981, juste après l’annonce de la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle. Il reproduit le rassemblement d’hommes et femmes dans les rues de la capitale française pour célébrer leur nouveau président. Et même si les faits dans le film ne suivent pas une chronologie rigoureuse de l’histoire, le but du cinéaste est de faire ressentir l’ambiance de cette décennie. Son équipe et lui apportent à l’image ce grain si caractéristique aux productions audiovisuelles de l’époque. Filmer en 16 mm d’une caméra Bolex permet de "reconstituer l’époque, à distance. D’éprouver les sentiments de l’époque. Avec un format d’images qui fait penser aux films d’amateurs.", précise le réalisateur à Ouest-France. Autre élément incontournable de ce voyage dans le temps, c’est la bande-son du film. Le compositeur Anton Sanko fait revivre les tonalités électroniques et synthétiques bien caractéristiques des hits des 80s. ‘Et si tu n’existais pas’ de Joe Dassin est l’air qui résonne dans le film. Certes, le tube est sorti en 1976, mais apporte l’essence même de la variété française de cette génération. 

'Les passagers de la nuit' est maintenant disponible dans le catalogue Proximus VOD.