L'artiste de la semaine : Dans Dans revient à "l'essence de notre musique"

Musique | "La meilleure version d'une chanson est toujours différente de ce que nous avions prévu". C'est ce qu'affirme Bert Dockx, leader du groupe Flying Horseman, guitariste du trio Dans Dans et compositeur solo. Le 30 septembre dernier, 'Dans Dans' a sorti son sixième album, intitulé '6'. L'occasion de les mettre à l'honneur dans cette catégorie "artiste de la semaine" et de s'entretenir avec Bert Dockx.

De Pickx

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Difficile de classer Dans Dans dans un genre : jazz ? Rock ? Avant-garde ? Bert Dockx (guitare), Frederic 'Lyenn' Jacques (basse) et Steven Cassiers (batterie) écoutent surtout leur intuition pour créer leurs morceaux aussi surprenants qu'uniques. Leurs titres se reconnaissent par les sonorités de la guitare, l'explosion des mélodies, ou encore le fait qu'une chanson ne sonne jamais deux fois de la même manière. Leur dernier album en date, '6', sort un an après 'Zink' qui s'est fait attendre pendant 5 ans. Cette fois-ci, les fans sont heureux de ne pas avoir dû patienter aussi longtemps. 

Bert Dockx : "Le concept de cet album est né rapidement et spontanément. On avait davantage de temps pour faire de la musique ensemble. On avait encore des dates retardées à jouer pour 'Zink' et on a décidé que ce serait bien d'y ajouter de nouveaux sons. On s'est dit que ça donnerait peut-être lieu à un ZP. Finalement, c'est un album qui est né ! Pour le titre de l'album comme pour sa couverture, on a décidé de rester très brut, de représenter Dans Dans tel qu'il est. D'une certaine façon, c'est un véritable retour à notre essence." 

Et comment définiriez-vous l'essence de Dans Dans ? 

Dockx : "C'est nous trois, Frederic, Steven et moi, qui faisons de la musique ensemble. C'est vraiment de ça dont il s'agit, plus que de se préoccuper de comment ça va sonner. Le son est une conséquence involontaire de notre collaboration. On ne s'éloigne pas pour autant des albums précécédents, mais comme l'album s'est fait rapidement, on est revenus à ce qu'on fait de mieux. On a créé ce disque de zéro en 15 jours et 8 répétitions. On a donc surtout compté sur nous-mêmes et ce qu'on connait bien."

Votre musique nait plutôt grâce à l'écriture ou pendant les répétitions ? 

Dockx : "C'est toujours un mix des deux. Avant 'Zink', on pouvait jammer ensemble, enregistrer, écouter et vraiment composer ensemble. Maintenant, la base de presque chaque chanson est une composition de l'un de nous. Elles sont écrites avant d'entrer en studio ou pendant des répétitions. Par exemple, il y a une chanson que j'avais écrite le matin d'une répétition, au milieu de l'enregistrement de l'album. Ca part toujours d'une idée simple sur laquelle on travaille ensuite ensemble, et c'est ce qui compte pour le résultat final. On a chacun notre propre style lorsqu'on compose, mais la façon dont on travaille ensemble après est plus importante que de savoir qui a écrit la première idée. 

L'album conteint par exemple une chanson que j'ai écrite il y a un an, qui figure sur mon disque solo 'Safe'. Quand je l'ai écrite, j'ai directement pensé à en faire quelque chose pour Dans Dans, mais on ne s'est pas vu pendant un moment. Elle s'est donc retrouvée sur l'album solo, mais quand on s'est retrouvée pour la jouer à trois, c'était clair qu'elle était faite pour le groupe. La nouvelle version est bien meilleure ! Pareil, on a joué ensemble une chanson que Frédéric avait sorti il y a plusieurs années sur un album de Lyenn, son projet solo. On remarque tout de suite que le titre prend une identité totalement différente quand on le travaille ensemble."

Nature peinture

Cet album a été enregistré en deux jours seulement. C'est intense ! 

Dockx : "Oui, on avait vraiment pas beaucoup de temps. Une chanson était totalement inachevée d'ailleurs, on a dû la retravailler en studio en parallèle pendant ces deux journées. C'était un sacré rythme. La prochaine fois, on prendra trois jours quoi qu'il arrive."

Avec autant d'expérimentations en studio, ce n'est pas difficile d'aboutir à quelque chose de cohérent ? 

Dockx : "On y pense quand on plonge dans le studio. A-t-on trop de chansons qui se ressemblent ? Y a-t-il assez d'ambiances différentes ? Mais on entre pas vraiment dans les détails. En studio, on essaie surtout de faire la meilleure version possible de chaque chanson. On passe beaucoup de temps à s'accorder sur comment on va joue rles chansons, mais c'est difficile de se souvenir de tout. Parfois, il y a des erreurs, mais ça peut mener à de très bonnes versions. D'ailleurs, sur l'album, on retrouve souvent des versions qui ont mal tourné. En studio, on a le luxe de pouvoir couper, coller ou rejouer des parties, mais on le fait très peu en réalité. En fait, on ne l'a pratiquement pas fait sur ce disque. Tout est vraiment nature peinture. 

Je suis celui qui se préoccupe le plus du fil rouge sur l'album ou de la longueur des morceaux. Je ne peux pas m'en empêcher. Frédéric, lui, cherche à ce qu'on reste le plus possible connecté à notre intuition. Je suis un maniaque du contrôle, alors que lui prend des décisions sur le moment. Steven est vraiment entre les deux. Il nous garde sur les rails. J'ai quelques névroses, mais je sais que c'est en partie inutile. La meilleure version d'une chanson est toujours différente de ce qu'on avait prévu."

Sur les premiers albums de Dans Dans, les chansons sont souvent construites avec une mélodie, une improvisation, puis une reprise de cette mélodie, un peu comme dans le jazz traditionnel. Sur les albums plus récents, on s'éloigne de cette dynamique. Diriez-vous que vous revenez à ces origines avec '6' ? 

Dockx : "Cette structure est en quelque sorte intégrée dans le projet à cause de l'histoire même de Dans Dans. J'ai d'abord joué dans un trio avec un batteru de jazz plus traditionnel et un contrebassiste. On jouait du "vrai" jazz, comme les chansons de Thelonius Monk. La composition du groupe changeait de temps en temps. Quand Steven est arrivé, je jouais déjà avec Frédéric depuis un certain temps. Dès le moment où on s'est mis à faire de la musique tous les trois, on a su que c'était ça. Peu de temps après, le premier disque est sorti. Cette structure jazz est restée, même si la musique a bien changé au fil des années. Maintenant, ça revient encore de temps en temps, oui, mais beaucoup moins qu'avant. Sur 'Zink', il y a aussi une structure qui revient souvent, mais on ne s'en est réellement rendu compte qu'après. Plusieurs morceaux du disque ont une sorte de rupture soudaine, l'ambiance change complètement. Sur ce disque-ci, ça dépend de chaque chanson. 

En fait, notre musique est tellement différente de ce qu'on appelle normalement du jazz qu'on ne remarque pas vraiment qu'on en suit la structure. Il y a aussi beaucoup d'apects typiques du jazz qu'on n'utilise pas du tout. Par exemple, un morceau de jazz est composé de progressions d'accords récurrentes, mais on ne fait pas ça. On utilise plutôt des accords longs, et on communique visuellement pour passer à un autre accord. Chaque partie à un longueur indéfinie." 

Ca vous laisse l'opportunité de transformer les chansons une fois sur scène. Jouer en live, ça a beaucoup d'importance pour vous ?
 
Dockx : "Tout tourne autour du fait de jouer en live. On veut vraiment communiquer avec notre music en personne à un public. Les albums en  sont le reflet. Je suis toujours attaché au bon vieux système de sortie d'albums, mais en fait nous le faisons surtout pour pouvoir partir en tournée avec ces nouveaux titres. EN soi, il n'y a pas une si grande différence entre le disque et les concerts. Sur l'album, on retrouve juste une version antérieure. Les chansons continuent d'évoluer après qu'on les ait enregistré. 

Vous avez beaucoup de concerts prévus dans les mois à venir, y compris à l'étranger. La réputation de Dans Dans ne cesse de grandir ! 

Dockx : "Oui en fait, c'est le cas. C'est la première fois qu'on joue à Istanbul par exemple. On sait depuis un moment que notre musique est écoutée en Turquie grâce à Spotify, et maintenant on a enfin l'occasion de se produire là-bas. On a toujours essayé de jouer à l'étranger autant que possible. C'est souvent très modeste, dans des café ou des club. On ne joue pas devant un millier de personnes, mais ça ne me dérange pas. Si je peux choisir, je préfère toujours me produire dans des cafés, là où les gens sont proches de nous. Souvent il n'y a même pas de scène. Une scène plus grande représente forcement un beau défi et c'est agréable, mais d'une manière différente."


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