Gand-Wevelgem 2009, quand Boasson Hagen est devenu le nouveau Merckx...

Sports | Nous sommes le 8 avril 2009 quand un jeune Norvégien, encore relativement inconnu, émerge de l'éventail matinal pour remporter Gand-Wevelgem. Au soir de sa victoire, nombreux sont ceux qui voient en lui le nouveau Merckx. Mais il ne confirmera jamais vraiment. Retour sur la drôle de carrière d'Edvald Boasson Hagen...

De Tagtik

Partager cet article

8 avril 2009. La victoire appartient parfois aux lève-tôt et il fallait, ce jour-là, avoir envie de sortir de son lit de bonne heure, dans la pluie et le vent, pour prendre la bonne bordure de la journée, la première, partie dès le septième kilomètre. Ensuite, on a plus jamais revu les 35 hommes de tête et le jeune espoir norvégien Edvald Boasson Hagen a remporté un magnifique premier grand succès international, en battant au sprint le pauvre Aleksander Kuschynski.

7 km parcourus, 144 battus

Mais reprenons les choses par le début : sous un ciel gris chargé de rafales contraires, c'est un groupe d'environ 40 hommes qui se détache dès les premières bordures. Le bon coup part à 180 km de l'arrivée et on y retrouve, pour ne citer que les principaux favoris, Mathew Hayman, Tom Boonen, Steve Chainel, le regretté Nicolas Portal, Bradley Wiggins, Aliaksandr Kuschynski, Manuel Quinziato, Marcus Burghardt, Bernhard Eisel, George Hincapie, Edvald Boasson Hagen, Robbie McEwen, Danilo Napolitano, Servais Knaven, Fabian Cancellara, Matthew Goss, Matti Breschel ou Heinrich Haussler. Mark Cavendish, qui a crevé dès les premiers hectomètres ne reverra jamais la tête. Les 144 autres partants sont déjà battus mais ils ne le savent pas encore...

145 kilomètres plus tard, après le premier passage sur le Mont Kemmel, les mêmes courageux sont toujours à l'avant mais sans Boonen et Cancellara (sur crevaison) ou Haussler (sur chute), qui ont été injustement éjectés du bon wagon. Sur le deuxième passage du Kemmel, Kuschynski tente sa chance et passe seul en tête sur la dernière difficulté du jour. En s'arrachant sur les pavés, puis en prenant la descente à fond, Boasson Hagen revient seul à 34 km de la banderole. Les deux hommes s'entendent ensuite comme rouleurs en foire et l'affaire est définitivement pliée et le linge parfaitement essoré sous une drache bien nationale. Au sprint, Boasson Hagen part de loin et le jeune nordique (21 ans) impose facilement sa puissance à Kuschynski.

Adoubé par Merckx himself

Ce soir là, c'est la fête dans le petit village de Rudsbygb, 600 âmes, près de Lillehammer, où est né le petit Edvald. Comme tous les petits Norvégiens de son âge, EBH rêvait plutôt de ski mais a découvert le vélo en compétition à 9 ans dans des épreuves de VTT. À 15 ans, tout en continuant le ski l'hiver, Edvald passe sur la route. S'ensuit une ascension fulgurante vers les sommets et une arrivée très rapide sur la scène internationale (il devient pro à 19 ans). A moins de 23 ans, ses résultats sont comparables à ceux de Merckx ou Anquetil et meilleurs que ceux de Coppi, Bartali ou Armstrong. Pas de quoi gonfler le cou de ce jeune homme timide qui n'oublie jamais… de se taire, même quand il gagne le chrono du Tour d'Oman 2010 en battant le patron de la discipline, Cancellara ou quand, sur la même épreuve, il règle au sprint Napolitano, Farrar et Boonen.

Eddy Merckx, organisateur de la course à étapes n'en croit pas ses yeux: "C'est le meilleur jeune qu'il y ait dans le cyclisme aujourd'hui" commenté-t-il. Mais le 'nouveau Merckx', c'est un nom que beaucoup ont déjà essayé mais très lourd à porter. La suite de l'histoire va le démontrer.

Espoirs déçus

12 ans plus tard, avec un palmarès riche de 81 victoires, dont certains se contenteraient, le Norvégien peut certes se regarder tous les matins dans la glace. Mais au regard des immenses espoirs placés en lui, à ses débuts, c'est un goût de top peu qui prédomine. Trois étapes du Tour de France et une sur le Giro, deux succès finaux à l'Eneco Tour, un Gand-Wevelgem, une Classique de Hambourg, 5 étapes du Dauphiné ou un Grand Prix de Plouay, c'est finalement assez peu pour celui qui, au soir de son succès à Wevelgem, était considéré comme l’un des futurs grands cracks de la discipline. Sur les 5 monuments du cyclisme, aune à laquelle se juge une carrière, il n'a jamais fait mieux que 10e à Sanremo, 19e au Tour des Flandres, 5e à Roubaix ou 128e sur la Doyenne (qu'il n'a couru qu'une fois!). Il ne franchira jamais la ligne d'arrivée du Tour de Lombardie et sera aussi deuxième du Mondial 2012, la plus mauvaise place, battu sur le Cauberg par un certain Philippe Gilbert. "J’ai obtenu de bons résultats, mais sûrement pas ceux que j’espérais ou que les gens espéraient pour moi", expliquait le principal intéressé l'an passé. Le viking conquérant est devenu domestique

Fin 2009, Boasson Hagen quitte l’équipe HTC-Columbia et rejoint la nouvelle formation montée par Rupert Murdoch, le magnat des médias anglo-saxons, en coopération avec la fédération britannique de cyclisme. Chez SKY, Boasson Hagen se défait de l’ombre de Mark Cavendish, pour lequel il était contraint de travailler, et gagne un statut de leader. Trois ans plus tard, ce sont Wiggins et Froome qui ont explosé. Cavendish a rejoint l’armada au maillot noir et EBH est devenu un domestique. Passé ensuite chez MTN-Qhubeka, devenu depuis Dimension Data, il s'engage chez Total-Direct Energie en 2020, où il roule toujours aujourd'hui, à 34 ans, au service de Peter Sagan.

Cette saison il a obtenu quelques belles places d'honneur à l'Etoile de Bessèges ou sur Tirreno-Adriatico. Mais dès que le niveau monte, comme au Nieuwsblad (abandon), à Kuurne-Bruxelles-Kuurne (81e) ou à Milan Sanremo (81e), c'est une autre histoire. Une fin de carrière en mode mineur pour un superbe coureur, admirablement posé en machine à l'heure de sa gloire. La boucle est bouclée et l'histoire ressemble furieusement à un rendez-vous manqué entre le viking blond triomphant de Wevelgem, il y a 13 ans et cet anonyme du peloton, fracassé par les immenses espoirs placés en lui.

Video: revoir Gand-Wevelgem 2009

Regardez tout ce que vous aimez, où et quand vous voulez.

Découvrez Pickx Se connecter

Top

Attention : regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de 3 ans, même lorsqu’il s’agit de programmes qui s’adressent spécifiquement à eux. Plusieurs troubles du développement ont été scientifiquement observés tels que passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration et dépendance aux écrans

Top