Milan-Sanremo 2013: un hiver sibérien au coeur du printemps italien

Sports | Retour sur une des éditions les plus décoiffantes de la Primavera: le millésime 2013, marqué par des chutes de neige, un transfert du peloton en bus et un kilométrage exceptionnellement réduit à 245 km. Avec au bout de la ligne droite, un des vainqueurs les plus étonnants de ces 20 dernières années...

De Tagtik

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"Je ne sens plus mes pieds!". Nous sommes le 17 mars 2013 et Vincenzo Nibali vient de trouver refuge dans le bus de son équipe Astana. Le peloton de la 104e édition Milan-Sanremo doit mettre pied à terre après 3 heures de course.

Le champion italien, qui a disputé la Primavera 13 fois dans sa carrière et qui remportera celle de 2018 après une démonstration sur le Poggio, se souviendra longtemps de cette édition 2013...

Sous un ciel flamand

Le ciel est noir comme un maillot Ineos, il pleut des cordes et les regards sont inquiets sur la Piazza del Duomo, où les coureurs, déjà trempés jusqu'aux os, prennent le départ de la course depuis Milan. Personne ne le sait encore mais le peloton va vivre une journée de folie, entrée depuis dans l'histoire du cyclisme.

Sous cette météo plus flamande qu'italienne, 200 courageux se lancent dans la monotone traversée des plaines lombardes, longue entrée en matière de la course qui fait près de 300 bornes. Les Italiens Diego Rosa, Filippo Fortin et Matteo Montaguti, accompagnés de l'Espagnol Pablo Lastras , du Danois Lars Ytting Bak et du Russe Maxim Belkov ouvrent la route avec 10 minutes d'avance sur la meute.

Apocalypse vélo

En progressant vers le sud, les conditions de course deviennent franchement apocalyptiques. La grêle, la neige et les bourrasques s'abattent sur la caravane. Les organisateurs, qui ont appris entretemps que la neige tenait sur la route du Passo del Turchino, décident de raccourcir la course de 298 à 246 kilomètres en escamotant deux ascensions clés : le Passo del Turchino et La Manie. Les coureurs seront transférés en bus plus loin sur le parcours, pour échapper à la tempête et rejoindre le littoral dans le confort douillet des véhicules d'équipes.

Video: la course racontée par Baden Cooke



Casques gelés

Mais pour certains, rejoindre le point de ralliement à Ovada, au km 117, où la course est neutralisée, est déjà une victoire. La tempête de neige s'intensifie. Le paysage de la côte ligure ressemble de plus en plus au parcours d'un cyclocross de village. Des coureurs pleurent de froid sur leur vélo, avant de se réfugier dans les bus pour prendre une douche, une boisson chaude, des vêtements secs et faire fondre les blocs de glace qui se sont formés sur leurs casques. Le thermomètre indique zéro degrés. La pluie verglaçante s'accroche aux cadres et aux cintres. C'est un calvaire. Du jamais vu sur la Primavera...
En 112 éditions depuis 1907, seules les deux Guerres Mondiales et la pandémie de Covid ont arrêté Milan-Sanremo (course annulée en 1916, 1944, 1945 et reprogrammée en 2020). Là, c'est un hiver sibérien qui s'invite au coeur du printemps italien.

Une deuxième course commence

L'épreuve reprend en début d'après-midi, amputée d'une cinquantaine de kilomètres. C'est une deuxième course qui commence après une interruption de plus d’une heure et demie. Il reste 130 bornes à parcourir dans un froid de canard pour rejoindre Sanremo, du moins pour les plus résistants. Incapable de se réchauffer, Nibali abandonne sur le Capo Berta, à 45 km de l'arrivée.

Les échappés du matin sont repris. Sylvain Chavanel s'échappe avec Ian Stannard sur le Poggio, bientôt rejoints par Fabian Cancellara, Peter Sagan, Luca Paolini, Jurgen Roelandts et Gerald Ciolek.

A la surprise générale, c'est Ciolek qui s'impose au sprint devant Sagan et Cancellara. "On a eu des conditions terribles et je pleurais presque lorsque je me suis assis dans le bus. Mais à l'arrivée c'est un grand succès pour moi et pour mon équipe", raconte Ciolek après la course.
Fucking Freezing!

Mark Cavendish, vainqueur 4 ans plus tôt, résumera lui la journée à sa façon, très laconique: "Fucking Freezing!". Cancellara, déçu de sa troisième place, finit par trouver les mots justes quand sa mâchoire s'est enfin déserrée: "Tous ceux qui ont couru ce Milan-Sanremo l'ont gagné."

"De ma vie, je n’ai jamais eu aussi froid qu’aujourd’hui", se souvient l’Espagnol Jose Joaquin Rojas. "Quelle journée! Tous les coureurs méritent de recevoir une médaille." lâche Philippe Gilbert transi sous son maillot de champion du monde, dont l'arc-en-ciel ne résume pas vraiment la journée.

Tom Boonen, lui, n'a pas apprécie et a abandonné après l'interruption de la course. "Je suis coureur cycliste, mais une course comme celle-ci s’éloigne trop de ma conception du métier. Les premières heures ont pratiquement été inhumaines. (...) Il y avait d’ailleurs près de 100 coureurs largués lors de cette neutralisation. Mais on les a fait monter dans un bus afin qu’ils puissent repartir avec le groupe lors du départ bis. C’est notamment pourquoi j’estime qu’il ne s’agit plus d’une vraie course et que je préfère m’arrêter là." Tornado Tom n'a pas trop goûté les bourrasques... Video : success via survival

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