Interview avec Anton Van Gorp, assistant coach chez Complexity

De Proximus

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Vous ne connaissez sans doute pas encore Anton “Anto_oNNN” Van Gorp et pourtant ce jeune belge de 24 ans a su se faire une place en tant qu’analyste et coach dans plusieurs structures connues sur la scène CS:GO mondiale. Un homme de l’ombre passionné par le jeu. Nous lui avons posé quelques questions quant à son histoire sur Counter-Strike, il nous a répondu dans cette interview exclusive.

Anton n’a jamais été un joueur pro avant de devenir analyste et coach pour des équipes de renommée internationale. Un parcours atypique, pour un rôle si exigeant. Commençons tout d’abord par son parcours.

Bonjour Anton, pourrais-tu te présenter brièvement à nos lecteurs ?

Bonjour, je suis Anton Van Gorp, je viens de Zwalm, une petite commune pas loin de Gand et j’ai 24 ans. Je suis assistant coach de l’équipe CS:GO pour la structure américaine Complexity.

Te rappelles-tu de la première fois que tu as joué à CS:GO ? Quel est ton premier souvenir avec un clavier et une souris ?

La première fois que j’ai touché à un clavier c’était à la maison, sur un vieux PC que mon père utilisait, c’était il y a 18 ans.
Quant à CS:GO, ça a été bizarre. Je viens de la franchise Call of Duty sur PC, j’y ai joué pendant 6-7 ans, CoD 1, 2 et 4 principalement. Donc passer sur CS:GO n’a pas été naturel du tout dans un premier temps. Mais je regardais déjà beaucoup le jeu durant ma période CoD, et je l’adorais. Donc j’ai commencé à y jouer, la transition s’est faite presque naturellement. Et de toute manière, la scène CoD PC commençait à ralentir.

Son parcours

Comment as-tu commencé ta carrière sur CS:GO et comment tu t’es fait connaître ?

J’ai commencé CS avec les amis qui m’accompagnaient déjà sur CoD, on jouait pour le fun principalement. On a fait quelques saisons sur ESEA et des games sur Faceit, on arrivait jamais très loin. Mais c’était vraiment fun ! J’ai vite compris que j’étais pas assez bon sur le jeu pour devenir joueur pro, et en même temps, j’adorais la partie analyse et stratégique du jeu.

Je voulais commencer le rôle d’analyste. Je me suis donc décidé à envoyer des e-mails à des petites organisations à travers l’Europe. eSuba, équipe tchèque du sub-top européen m’a donné l’opportunité de travailler avec eux, me connaissant de la scène Call of Duty. J’ai alors commencé les analyses de la team tchèque pour leurs lans locales et en ESEA. Je l’ai fait gratuitement parce que je cherchais surtout de l’expérience.

Départ de eSuba, de nouveaux horizons

Après cette courte expérience, j’ai recommencé à envoyer des e-mails à des organisations plus ambitieuses, encore et encore ! Et c’est là que Atle, le CEO de Team Singularity, m’a répondu et a décidé de me donner une chance. Il a su reconnaître en moi quelqu’un de super motivé et travailleur. Il voulait surtout voir ce que je pouvais apporter à la structure sur CS:GO.

Pendant un an, j’ai d’abord été analyste et ensuite manager coach auprès de l’équipe CSGO de Team Singularity. Durant cette période, les joueurs étaient tous suédois et je restais à les écouter dans leur langue natale toute la journée. Nos bonnes performances sont la preuve que, même avec un manque de communication, tu peux toujours avoir un impact sur une équipe si tu comprends le jeu suffisamment bien.
Ce long passage chez Singularity m’a permis d’être en contact avec les plus grosses structures et organisations mondiales.

Il décide alors de rejoindre 3DMAX, l’équipe de son compatriote Davidp. Qui à l’époque avait marqué les esprits francophones grâce à leurs résultats spectaculaires au niveau européen.

J’ai rejoins 3DMAX en tant qu’analyste, la structure française constituée de Jackz, Maka, Davidp, Lucky, et Jinkz. J’épaulais énormément VKLL, leur coach. On a gagné l’ESEA Global Challenge et on a décroché une place en ESL Pro League grâce à une victoire durant les finales de la MDL. C’était vraiment quelque chose de magique ! Un rêve devenu réalité.
Mais malheureusement la vie au sein de la structure 3DMAX devenait de plus en plus difficile. Et Jackz et Lucky ont fini par quitter la structure pour rejoindre G2.

Anton quitte aussi 3DMAX et trouve un projet à court terme ambitieux chez x-kom AGO, la structure polonaise, et il déménage à Varsovie. Qualifiés aux WESG, ils y font un bon parcours (2ème place).

À quel moment rentres-tu en contact avec G2 Esports ?

Je suis rentré en contact avec Malek (Coach) et Niak (Manager) qui m’ont proposé un rôle d’analyste. J’ai travaillé pour l’équipe et j’étais très proche de Malek, qui m’a appris énormément et avec qui je garde de très bonnes relations. Je suis resté chez eux d’avril à juin, durant ce temps nous avons fait de bonnes performances dont finalistes à l’ESL Pro League 2019 Marseille.

Pendant sa période de test chez G2, il reçoit une proposition pour devenir coach chez Heroic et les rejoint durant un cours laps de temps.

J’ai eu la possibilité de devenir coach pour Heroic, j’ai écouté mon coeur et j’ai saisi l’occasion. Il y a eu les IEM Chicago en juillet 2019 mais je n’ai pas prolongé après cet évènement parce que la structure recherchait avant tout un coach danois.

En août, je contacte Warden, le manager CS:GO de Complexity. Il me donne l’opportunité de rejoindre l’équipe en tant qu’analyste pour le major StarLadder. Malheureusement nous n’avons pas atteint les objectifs que l’organisation nous a fixé. Ma préparation était cependant au top. J’étais, selon eux, quelqu’un de super travailleur, je suis donc resté chez Complexity. J’ai travaillé en tant qu’analyste d’Août 2019 jusqu’à janvier de cette année. À partir de là, le capitaine, le coach et le manager m’ont permis de rester plus longtemps avec eux pendant les praccs histoire de mieux appréhender notre jeu. Puis, j’ai fini par transitionner naturellement d’analyste à assistant coach, rôle que j’occupe toujours aujourd’hui.
À propos de cela, je me dois de remercier Warden, Keita et blameF de la chance qu’ils m’ont donné de travailler avec eux.

Comment se passe la transition des structures européennes à la structure américaine ? Quelles différences y-a-t-il ?

Pour moi il n’y a pas vraiment de grosses différences mis à part le fait que je travaille encore plus dur que d’habitude. De plus mon rôle ne s’arrête plus qu’à analyste, je travaille d’avantage au sein l’équipe. Quand les installations de Complexity étaient à Dallas, je restais éveillé jusqu’à 4-5 heures du matin pour assister aux praccs de l’équipe. Pour moi c’était un sacrifice obligatoire pour remplir au mieux ma tâche. À vrai dire je m’en fiche un peu parce que de toute manière, j’adore CS:GO ! Et sinon il n’y a pas de véritables différences notoires, à part peut-être le fait que l’équipe soit restée 3-4 mois en Europe pour les Minors et d’autres événements. Ils ont décidé de rester là quand le virus a fait son apparition, donc on y est resté. On joue en Europe maintenant.

Comment s’est passée ton arrivée dans l’équipe ? Comment décris-tu ta relation avec les joueurs ?

Quand j’ai rejoint l’équipe de manière régulière, bien entendu les relations avec le reste de l’équipe ont été un peu génantes. Tu es le nouveau dans une équipe de 5 joueurs et un coach, qui eux se connaissent déjà bien, donc forcément tu ne te sens pas aussi bien intégré qu’eux. Mais après quelques semaines, je pense que la relation avec l’équipe a bien évolué et on s’entend bien maintenant. Et de toute façon, tout le monde a le même but. Être les meilleurs possible, quoi qu’il advienne, gagner avant tout.

Que penses-tu de oBo, ce joueur américain de 16 ans ?

Il est, et de loin, l’un des joueurs les plus talentueux que je n’ai jamais rencontré. Il a un shoot vraiment incisif. Pour son âge, il est vraiment super bon. Il a clairement le potentiel pour devenir un des meilleurs joueurs au monde tout comme Nivera. Mais bien sûr, comme beaucoup de jeunes joueurs, il manque d’expérience et a encore énormément de travail à faire avant d’en arriver là.

Et quid de l’équipe, pensez-vous pouvoir tenir le rythme face aux autres structures ? Et quel est votre objectif ?

C’est difficile de dire, avec tous ces évènements online, qui est meilleur ou qui ne l’est pas. Je ne suis pas sûr de notre niveau face aux équipes nord-américaines, puisque nous n’avons pas vraiment pu les jouer ces derniers temps. Bien entendu, nous, Complexity, voulons être la meilleure équipe, non seulement américaine, mais aussi mondiale.

Peux-tu nous donner les prochaines grosses dates de votre calendrier ?

En ce moment on joue les phases finales de la BLAST Premier Spring Finals, on veut assurer le coup durant l’évènement sachant que nos derniers résultats étaient décevants. On a le CS_Summit qui arrive après ça. On va essayer de grappiller les points qu’il nous manque pour nous qualifier au major de Rio en novembre prochain. Donc les 3 prochaines semaines qui arrivent risquent d’être chargées, avec pleins de compétitions à jouer. On essayera de faire de notre mieux et d’apporter des bons résultats bien sûr !

L’esport Counter-Strike à l’international

Et maintenant, quel est ton meilleur souvenir et ta plus grosse déception ?

J’ai beaucoup de supers souvenirs différents, je pense que les meilleurs moments que j’ai passé sur Counter-Strike sont après l’ESEA Global Challenge mais aussi les finales de la MDL chez 3DMAX, notre belle deuxième place aux WESG chez AGO, la deuxième place de la Pro League à Marseille avec G2 en 2019. Bien entendu, j’ai aussi adoré battre Astralis en LAN dès mes débuts chez Complexity.
Et mon pire souvenir ? Je pense que ce serait le major StarLadder, aussi chez Complexity, c’est dommage parce qu’on aurait pu faire bien mieux, j’en suis convaincu.

Tu pourrais nous donner ton arme et ta map préférée dans le jeu ?

L’AK-47 direct, l’arme a la possibilité de one shot d’un tir dans la tête, pas besoin d’en dire plus. Quant à ma map préférée ? Je pense que ce serait Nuke, pour moi elle est l’une des maps où la partie stratégique de CS:GO se révèle vraiment être très profonde.

Selon toi, quel est le meilleur joueur du monde ? La meilleure équipe ?

Elle est dure celle-ci, mais je dirais ZywOo, il est vraiment un niveau au dessus en terme de skill et d’intelligence de jeu, quand tu le vois sortir des matchs à 1.70 de rating à ce niveau c’est pas pour rien. À 19 ans être déjà le meilleur joueur au monde au classement HLTV, ça veut tout dire.
La meilleure équipe du monde est forcément pour moi Astralis, les avoir vu dominer la scène CS si longtemps, c’est la preuve qu’ils sont vraiment au dessus des autres équipes.

Et revenons en Belgique, qui est pour toi le meilleur joueur belge de tous les temps ? Et qui est le futur talent ?

Les meilleurs joueurs belges ? Je pense qu’Ex6TenZ, tactiquement parlant est une légende. Mais ScreaM à une époque était monstrueux aussi.
Le futur grand talent belge est Nivera, déjà à 18 ans chez Team Heretics, il est skillé c’est sûr, d’ici quelques années je le verrais bien parmi les meilleurs joueurs au monde.

Si tu pouvais donner un conseil aux joueurs belges qui veulent devenir professionnels ? Pour toi, on devient pro en …

Consacrant sa vie au jeu. CS:GO c’est un style de vie, c’est pas juste le fait d’y jouer. Être en bonne santé, bien manger, bien dormir, se faire des plannings à l’avance. C’est super important et super exigeant. Autrement, en dehors de ça et de vos entraînements, regarder des demos, et pas que les vôtres, il y a des matchs de haut niveau qui se jouent tous les jours. Regardez-les chaque jour pour mieux comprendre le jeu et toutes ses facettes et pour devenir meilleur. J’ai personnellement consacré ma vie à CS, même pendant mes études ou quand je partais en vacances. J’y allais et j’emmenais toujours mon PC portable sous mon bras, prêt à analyser et à sacrifier mon temps libre pour ça. Donc si vous souhaitez vous lancer en tant que professionnel, soyez près à sacrifier une grande partie de votre temps libre pour être meilleur que les autres.

Que penses-tu de l’évolution de la scène belge sur CS:GO ? Penses-tu qu’il soit possible de voir apparaître une équipe belge dans le top 30 un jour ?

Je trouve que l’évolution de la scène belge n’est pas terrible, il n’y a pas vraiment d’équipes belges imposantes au niveau international. On a eu Tenerife Titans il y a peu de temps, un roster complètement belge mais qui a fait des changements depuis que Stev0se a quitté l’équipe. L’équipe n’a plus que 2 joueurs belges il me semble.
C’est possible qu’une équipe de ce genre apparaisse, mais ça va demander énormément de travail, de temps et de joueurs talentueux. De ce que je sais, Defusekids (maintenant LowLandLions) est la seule organisation prête à se donner les moyens nécessaires pour réussir cet objectif. Filip Langerock, entre autres, fait énormément d’efforts pour développer ce projet, pour voir apparaître la meilleure équipe possible en provenance du Benelux. Mais c’est sûr que ce sera un projet long et fastidieux.

Finalement, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite, quels sont tes objectifs personnels ?

Mon but est de devenir coach officiel dans une structure reconnue, je ne veux pas être analyste ou assistant coach pour toujours. Je veux avoir la chance de diriger seul une équipe de haut niveau et d’avoir de bons résultats. Mais comme on dit “l’espoir fait vivre”.

Voilà qui conclut notre interview avec Anton “AntO_oNNN” Van Gorp, nous lui souhaitons le meilleur pour la suite de sa carrière chez Complexity !

N.B. : L’équipe Complexity a fini top 1 de la BLAST Premier Spring Finals pendant la rédaction de cet article et empoche au passage la coquette somme de 335.000$

Crédits photo : Team Singularity

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