Sinéad O'Connor, une rebelle à la voix éternelle

Musique | Sinéad O'Connor est décédée mercredi à l'âge de 56 ans. Star des années 1990, la chanteuse irlandaise n’était pas à une controverse près. Pickx revient sur les premières années mouvementées de sa carrière et sur la façon dont elle a délaissé le succès commercial pour proclamer ses idéaux.

De Pickx

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Sinéad O'Connor a vécu une enfance difficile, marquée par des traumatismes et des abus violents de la part de ses parents, un thème qui deviendra plus tard le fil conducteur de son œuvre. À l'âge de 14 ans, elle est envoyée dans un couvent catholique, où elle développe une haine profonde pour l'Église et trouve une échappatoire dans le chant. Elle décide alors d'abandonner l'école et de se lancer à corps perdu dans une carrière musicale avec son premier groupe, Ton Ton Macoute.

Le groupe n'a pas mal marché, mais c'est surtout sa voix qui attire l'attention, ce qui la pousse à faire de la musique en solo. Sous l’aile de son premier manager Fachtna O'Ceallaigh, auparavant à la tête de Mother Records, le label fondé par U2, elle collabore avec The Edge pour la bande originale du film ‘Captive’.

Le premier album d'O'Connor, ‘The Lion and the Cobra’, connaît un succès inattendu lors de sa sortie en 1987. Avec son apparence à l’opposé de celle des divas de la pop de l’époque, même sa maison de disques craignait qu'elle ne fasse peur au public. Mais la chanson ‘Mandinka’ est son premier succès aux États-Unis et le single ‘Troy’ (qui évoque les mauvais traitements infligés par sa mère) est également passé à la postérité. En 1989, elle interprète ‘Mandinka’ en direct lors des Grammy Awards, où elle est nommée pour la Meilleure performance vocale rock féminine.


Lors de cette performance, la chanteuse porte un vêtement de son fils en bas âge autour de la taille, en référence au fait que son label lui avait dit que maternité et carrière seraient incompatibles. Sur son crâne rasé, elle a apposé le logo de la formation de rap Public Enemy, symbole du manque de considération pour le hip-hop aux Grammy Awards. Ses protestations ont été largement soutenues à l'époque, mais ce ne sera pas toujours le cas.

En 1990, son deuxième album ‘I Do Not Want What I Haven't Got’ est sorti, avec le single auquel elle sera toujours associée : ‘Nothing Compares 2 U’. La chanson a été écrite par Prince et initialement enregistrée par son projet parallèle The Family. Le succès est au rendez-vous et O'Connor fait une nouvelle tournée des chaînes de télévision américaines.

Mais quand le Saturday Night Live l'invite à venir chanter et qu’elle apprend que l'humoriste Andrew Dice Clay (qui pouvait se montrer misogyne et homophobe) serait l'animateur de l’émission, elle lui pose un lapin. La polémique s'amplifie lorsqu'elle refuse de se produire si l'hymne national américain est joué avant son concert, comme c’était la coutume au Performing Arts Center de Saratoga, dans l'État de New York. Des hommes politiques lui tombent alors dessus et le crooner Frank Sinatra déclare qu’il souhaite “lui botter le cul".



Malgré les appels au boycott, O'Connor est nommée pour plusieurs récompenses. Lors des MTV Video Music Awards, elle profite de son discours de remerciement pour plaider en faveur de l'inclusion des artistes hip-hop, victimes, selon elle, d'un racisme systématique dans le monde de la musique. Lorsqu'elle est nommée pour quatre Grammy Awards, elle refuse d'aller chercher ses prix et déplore, dans une lettre, le fait que l'industrie musicale se concentre trop sur les valeurs matérielles et pas assez sur le talent artistique.

La goutte d'eau qui fera déborder le vase pour l'Amérique conservatrice arrivera en 1992. Sur le plateau de ‘Saturday Night Live’, elle brandit une photo du pape Jean-Paul II qu’elle déchire en morceaux avant de déclarer : "Combattez le véritable ennemi". C'était l'expression ultime de sa colère refoulée contre l'Église catholique et un message contre la maltraitance des enfants qui, à l'époque, n’était pas le sujet brûlant qu'il deviendra plus tard.



Ce jour-là, O'Connor a, pour une grande partie du public, atteint un point de non-retour. Cependant, l'histoire montrera que bon nombre de ses protestations étaient fondées. Le fait qu'elle ait été prête à saboter sa propre carrière, encore jeune, pour faire passer des messages importants est tout à son honneur.

Malheureusement, l'artiste continuera d’être hantée par ses démons. Ces dernières années, celle qui avait annoncé en 2018 s'être convertie à l'islam déversait ses états d'âme sur les réseaux sociaux, menaçant ses anciens associés de poursuites judiciaires, s'épanchant sur ses problèmes de santé physiques et mentaux, partageant ses pensées suicidaires et se livrant sur ses relations compliquées avec sa famille et ses enfants. En 2022, son fils Shane, 17 ans, met fin à ses jours. Un drame de plus pour la chanteuse dont on ignore encore les causes du décès.



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