Comment le catenaccio a marqué l'histoire du football

Catenaccio. Voilà un mot qui a longtemps donné des cauchemars et cristallisé les frustrations de bon nombre de joueurs, entraîneurs et supporters de football à partir de la deuxième moitié du 20e siècle. Si on l’associe naturellement à l’Italie, ce système de jeu trouve son origine en Suisse au début des années 1930.

À l’époque, l’Autrichien Karl Rappan est l’entraîneur du Servette de Genève. Faisant le constat de la faible qualité de ses joueurs, il décide de tout miser sur la défense. Il troque le schéma classique en 2-3-5 de l’époque pour un système à quatre défenseurs, baptisé “verrou”. L’un de ces défenseurs aura désormais un rôle crucial : le “libéro”.

Plus reculé que les trois autres défenseurs et pas affecté au marquage précis d'un joueur, le libéro a pour tâche de pallier les erreurs de la première ligne de défense, de harceler le porteur du ballon et de nettoyer la surface de réparation. Il devient rapidement le pire cauchemar des attaquants.

Le règne de l'Inter

Ce système offrira deux titres nationaux au Servette de Genève avant de tomber dans l’oubli. Jusqu’à ce qu’il revienne à la mode dans l’Italie de l’après-guerre, sous le nom de “catenaccio”. Utilisé par Gipo Viani à Salernitana en deuxième division, il devient de plus en plus populaire dans la Botte, jusqu’à devenir le système dominant. Dans les années 1960, l'Inter Milan d’Helenio Herrera l’adapte et l’applique avec succès pour régner sur le football italien et européen.

Bientôt, cependant, la tactique révolutionnaire va s'essouffler. Peu spectaculaire, ce système hyper exigeant pour les joueurs et qui sacrifie le jeu pour le résultat voit notamment son image ternie par des accusations de dopage et de corruption d'arbitre. Sportivement aussi, il a du plomb dans l’aile. Les joueurs de l’Inter perdent la finale de la Coupe d’Europe 1967 face au Celtic qui trouve la parade en inondant le milieu de terrain, ce qui leur permet de multiplier les occasions.

De nos jours, le catenaccio traditionnel a définitivement disparu, tout comme le poste de libéro. Si l’évolution des règles du football l’ont rendu obsolète, son héritage est encore bien palpable. Cette culture tactique et défensive est restée dans l’ADN des équipes italiennes et de la Squadra Azzura, qui sont encore aujourd'hui réputées pour leur intransigeance défensive. La part de vice présente dans le catenaccio est devenue, par ailleurs, une composante fondamentale du football moderne.

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