François-Xavier Demaison et son arbre oenologique investissent la Belgique : "J'ai encore la passion et le feu"

Cinéma | De passage en Belgique dans l'émission 'Les Enfants de Chœur' ce dimanche 9 avril sur Vivacité mais aussi en mai prochain pour la troisième fois au Festival International du Rire de Rochefort afin de présenter son nouveau spectacle Di(x) Vin(s), François-Xavier Demaison a accepté pour Pickx d'en dévoiler davantage sur sa cave secrète. Que la vendange commence !

De Pickx

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Bonjour François-Xavier Demaison ! Dans votre nouveau spectacle, l'idée de base est de partir de 10 bouteilles de vin et, en fonction de leur date, de vous étendre sur une période de votre vie. Pour cette interview, dix mots du vocabulaire de l'oenologie vous seront proposés et ce sera à vous de trouver une référence personnelle. Débutons tout de suite avec le terme 'acidité'. Qu'est ce que cela vous inspire ?

François-Xavier Demaison : "C'est avant tout une qualité dans le vin quand elle est maîtrisée. On recherche un équilibre entre l'acidité et le sucre. Dans la vie aussi, j'ai l'impression qu'il faut trouver...(rires). Ce n'est pas facile comme exercice ! Il faut être sucré, il faut être rond, il faut être doux et il faut un peu de piquant de temps en temps. Dans l'humour aussi, il ne faut pas être trop dur mais il faut être aussi un peu acide parfois. Croquer les folies de notre époque et les montrer avec humour.

Je pense qu'il faut arrêter de dire que l'on va dénoncer. Il faut faire rire déjà. C'est la meilleure arme. Le rire est véritablement une arme. Je le sais depuis un petit temps car on pleure dans son coin mais on rit et on partage quelque chose quand on est ensemble. C'est ce que j'essaye en tout cas de faire modestement avec mes spectacles."

Que vous évoque la 'rétro-olfaction' qui permet de mettre en avant les caractéristiques aromatiques du vin que vous avez en bouche ?

F-X.D  : "Comme ça, pas grand chose (rires) !"

Ce cas de figure a évidemment été envisagé et des questions sont prêtes. Le 22 septembre prochain, vous fêterez déjà vos 50 ans. L'heure de faire un nouveau bilan. Que retiendrez-vous surtout de votre parcours si ça devait s'arrêter ici ?

F-X.D : "Oh, on parle déjà de ma fin de carrière. Ben merde alors ! (rires). C'est mon spectacle d'adieu en fait (rires). Non, blague à part, j'ai déjà fait une cinquantaine de films, 4 spectacles, des pièces de théâtre... J'ai acheté un théâtre à Paris qui s'appelle le Théâtre de l'Œuvre. Je produis maintenant ce que je fais à la télévision ou ailleurs. Ça me permet d'avoir une main sur l'artistique de ce que je fais et de suivre mes envies.

Depuis Coluche (L'histoire d'un mec, en 2008, qui lui a valu une nomination aux César, NDLR), il y a eu de beaux rôles. Mais il y a toujours ce mythe du rôle qui va vraiment vous réveler encore plus, vous faire connaître encore plus, vous donner encore plus de bonheur et de joie à faire ce métier. J'ai encore la passion et le feu. Et c'est bien de choisir un métier que l'on aime car c'est lui qui va donner de la vie aux années et pas des années à la vie."

Passons désormais au 'deuxième nez'...

F-X.D : "Il y a le premier nez et le deuxième nez dans la dégustation. Le parallèle que je pourrai faire avec la vie, c'est de ne pas se fier aux apparences. On a souvent une première approche qui est sur la caricature de ce qu'on peut renvoyer, des codes de la société. Et quand on s'intéresse vraiment aux personnes, à leur parcours, il se crée une empathie énorme qui va faire qu'on va avoir un peu de curiosité à découvrir une personne. Et je crois que c'est cette approche qu'il faut avoir dans la vie."

Êtes-vous surpris de manière générale en découvrant l'autre ?

F-X.D : "Le problème, c'est qu'on est dans une société un peu hystérique, un peu radicale où il y a des raccourcis intellectuels. Il y a quelque chose dans la vitesse des réseaux et de l'information aujourd'hui qui fait qu'on en reste malheureusement souvent au premier nez."

Le concept d'amertume vous touche-t-il particulièrement ?

F-X.D : "C'est merveilleux l'amertume si c'est maîtrisé et équilibré. Il faut se souvenir des gens qui nous ont parfois un peu blessé, un peu fait du mal, mais je crois que c'est quelque chose qui peut nous consumer. Dans la vie, il faut dépasser ça. Il faut être capable de contrôler cette amertume. Il faut pardonner à ses ennemis. C'est comme ça qu'on se fait des ulcères ou des cancers. C'est l'aigreur, l'amertume, le regret, l'angoisse... Il n'y a rien de plus beau que notre santé."

Quelle est votre approche du côté "structuré" d'un vin ou de la vie en général ? 

F-X.D : "On dit souvent des racines et des ailes. Plus un film a une structure, plus un spectacle a une structure, plus il va être reçu par le spectateur. Plus dans la vie on a de la structure - la base, l'éducation, les racines - plus on peut s'envoler. Plus on est structuré et plus on peut être fou pour créer derrière et s'aventurer."

Prochainement, vous serez à l'affiche d'une nouvelle série coproduite par TF1, 'Le négociateur', dans laquelle vous incarnez un négociateur donc qui réussit parfaitement sa carrière professionnelle mais qui éprouve les pires difficultés à mener sa vie familiale et privée. Avez-vous trouver cet équilibre de votre côté ?

F-X.D : "Non, je n'ai pas réussi. J'ai certainement été trop absent pour ma fille aînée et j'espère ne pas réitérer la même erreur (il est devenu père pour la deuxième fois en septembre dernier en accueillant son premier enfant avec sa compagne Anaïs Tihay, NDLR) mais ça fait partie de moi. Tous ces projets... On en revient à la même chose. Il faut trouver l'équilibre là-dedans."

Quel parallèle pourriez-vous faire avec votre vie par rapport au côté 'animal' d'un vin ?

F-X.D : "L'acteur, c'est un animal. Il faut aller se nourrir de sa bête, de son clown, de ce qu'on est profondément instinctivement. C'est ça être sur scène. C'est l'instinct. Dans ma vie, sinon, je vis avec beaucoup d'animaux puisque ma femme gère des refuges animaliers dans le sud de la France. On a deux gros chiens, on avait un chat qui est décédé cette année, on a deux chevaux... Je vis avec des animaux tout le temps et la terre catalane réveille mon côté animal."

Le monde du spectacle et de la télévision est souvent vu comme un monde de requins. Comment fait-on pour s'imposer ? 

F-X.D : "C'est sur scène et derrière une caméra qu'il faut surtout être animal. Il faut aller chercher ses instincts, son corps, ses sens et tout ça c'est animal."

Au cours de votre carrière, vous avez montré que vous saviez aussi bien faire rire que transmettre des émotions fortes. Les rôles de "méchants" se refusent cependant peut-être encore à vous...

F-X.D : "J'ai adapté le surveillant "Le Bouillon" dans 'Le Petit Nicolas'. Il était autoritaire mais pas très méchant. C'est vrai. J'ai incarné un mec cynique dans le monde de la finance aussi mais mon capital sympathie a tendance à être un présupposé."

La 'rondeur' a-t-elle une signification particulière pour vous ?

F-X.D : "Je suis quelqu'un de très rond dans la vie. Je n'aime pas le conflit déjà. Si quelqu'un vient vers moi et me dit 'c'est moi le plus fort', je lui dis 'ok si tu veux'. Du coup, je me fais un peu avoir parfois. J'aime la rondeur, j'aime quand les choses sont huilées. Une fois encore, c'est une question d'équilibre. Dans la vie, il faut aussi de la rondeur. C'est sympa et c'est en même temps ma nature. Physiquement, j'ai de petites rondeurs et moralement je suis quelqu'un de rond, j'aime que les gens soient heureux autour de moi."

Vous avez dû prendre également plusieurs kilos pour interpréter le personnage de Coluche en 2008 qui vous a valu une nomination dans la catégorie Meilleur acteur aux César...

F-X.D : "Effectivement, j'ai pris 12 kilos ! Je les ai reperdus depuis. J'en ai peut-être repris quelques uns derrière mais en tout cas ça a été une aventure incroyable."

C'est devenu monnaie courante dans le milieu du cinéma de transformer son corps pour camper un personnage. Jusqu'où seriez-vous prêt à aller pour obtenir un rôle ?

F-X.D : "Je serai prêt à perdre... je ne sais pas : 800 grammes ? (rires). Non sérieusement, bien sûr, si un rôle l'exige, je serai capable de relever ce genre de défi. J'ai un très bon diététicien (rires). J'adorerais blague à part. J'adore ce côté performance des acteurs américains. Après, c'est aussi ce que je suis. Quelque part, on utilise ce qu'on est. 

Quand on me propose un personnage, on le propose à qui je suis. Ils choisissent Demaison, ils ne choisissent pas Pierre Niney. Ce sont deux propositions très différentes. Et, personnellement, je vais devoir trouver un équilibre entre le personnage et ce que je suis profondément. C'est ça le métier d'acteur : trouver le point de jonction entre le personnage écrit pour le film et ce que je suis moi. Avec mes blessures, ma nature, ma personnalité, ma voix, ma gueule..."

L'Umami, la fameuse cinquième saveur de base difficile à décrire et qui se rapproche du glutamate, nous permet d'avoir ce côté revenez-y dans le vin comme en dégustant frénétiquement un paquet de chips. Vous faites de la scène depuis maintenant plus de 20 ans. Quel est ce petit truc qui vous incite constamment à revenir vous mettre en danger devant le public ?

F-X.D : "La scène, c'est comme une drogue pour moi. C'est vraiment quelque chose dont j'ai besoin. J'ai besoin d'entendre ces gens qui vont rire, qui sont là pour moi et que je vais rendre heureux pendant 1h30. L'adrénaline de la scène, j'en ai besoin. J'adore ça. Et j'aurai du mal à m'en passer maintenant que j'y ai goûtée."

Il est toujours difficile d'être prophète en son pays. Comment vit-on en tant que star avec les critiques ? 

F-X.D : "J'ai appris à m'en protéger un peu. Après, personnellement, j'ai été assez préservé. Il y a certainement quelques haters mais il faut les prendre tels qu'ils sont. D'un autre côté, je n'aime pas le buzz et je n'aime pas l'odeur du sang. Du coup, c'est peut-être un défaut. Je devrai peut-être être moins consensuel parfois. Je ne sais pas. Même si dans mes spectacles j'y vais quand même."



La 'minéralité' trouve-t-elle écho chez vous ?

F-X.D : "Oui, j'aime les vins minéraux. J'aime bien débuter un apéro par ce côté tendu de la minéralité. Des vins qui ont grandi au milieu des cailloux, du sable... C'est une vraie qualité pour moi. Mais c'est difficile de l'élargir à ma vie..."

Elle fait référence au terroir, au sol et est avant tout subjective. Qu'est-ce qui vous rend le plus fier entre le fait d'être connu en France ou d'avoir réussi à devenir célèbre à l'étranger ?

F-X.D : "Je ne pense pas que je fais l'unanimité évidemment mais avec le temps je fais partie des meubles. Les gens m'ont adopté. Ils savent quel est mon style. Même si ce n'est pas leur came à 800%, ils ne vont pas me jeter des cailloux. Petit rapport à la minéralité ! Mais, justement, ils savent que, comme dirait ma fille, je suis un daron. J'ai cinquante ans, ça fait 20 ans que je suis dans le cinéma. J'ai fait cinquante films. Je fais partie du paysage. Les gens m'aiment bien en général et me respectent. C'est agréable d'être respecté.

Par rapport au fait d'être connu à l'étranger, c'est vrai que j'ai joué en Belgique, au Canada, en Suisse, en Tunisie, au Maroc... Ça reste un défi d'aller à l'extérieur. Quand je suis allé au Québec jouer dans un Comedy Club ou Place des Arts au Juste pour Rire, c'est un challenge. Vous ne faites pas forcément rire, vous n'avez pas les références... Il faut y aller ! Je mouillais la chemise."

Que vous évoque la Belgique à proprement parler ?

F-X.D : "Ça m'évoque beaucoup de tournage. J'ai tourné une petite dizaine de films en Belgique. 'La chance de ma vie' avec Virginie Efira. 'Il était une fois, une fois', 'Le Petit Nicolas' 1 et 2, 'Sans laisser de traces', 'Moi, Michel G.', 'Comment j'ai rencontré mon père"... Ici, je viens de faire un film avec Hakim Jemili (La Tête dans les Étoiles tourné à Charleroi, NDLR) pour Prime Video. J'ai évidemment mes petites adresses maintenant. Je vais toujours déjeuner ou diner à l'Ogenblik dans les Galeries Royales. J'aime aussi le Certo à Bruxelles et les Sabots d'Hélène à Liège où j'adore le patron et son incroyable carte des vins."

Terminons par le dessert avec le mot 'sucrosité'. Quel est votre petit plaisir coupable en ce moment ?

F-X.D : "Cobra Kai sur Netflix ! Une série de très très mauvaise qualité mais qui est le spinoff de Karaté Kid, le film de mon enfance. C'est ma Madeleine de Proust en kimono (rires). Je révais que j'étais Karaté Kid, qu'on allait m'agresser dans la rue et que j'allais me défendre en faisant du karaté. Un jour, je suis même allé à l'école avec mon kimono en dessous de mes fringues. Je ne le ferai plus maintenant sinon je serais un peu boudiné. Ce spinoff, revoir ces acteurs de l'époque, c'est très mauvais mais c'est mon plaisir coupable. Je regarde ça quand ma femme dort. Elle trouve, elle, que c'est inregardable."

Jouer aux États-Unis, vous l'avez déjà fait ?

F-X.D : "Je l'ai fait ! J'ai joué sur Park Avenue (à New York où il a travaillé et vécu jusqu'en 2001, NDLR) pour la Communauté française mais c'est un rêve. Je viens de tourner un film en anglais là avec Roger Bart qui jouait le pharmacien dans Desperate Housewives et qui est un super acteur. De manière générale, j'ai envie d'élargir. J'ai envie d'aller jouer en Espagne, je parle espagnol. Je parle anglais aussi. Je vais peut-être faire un petit truc au Canada bientôt. J'ai envie de nouvelles expériences, d'aventures... Même à 50 ans, je ne suis pas encore à ranger les voitures. Vous allez voir avec le spectacle, je suis en pleine forme !"

Retrouvez d'ailleurs François-Xavier Demaison chez nous dans son nouveau spectacle Di(x) Vin(s) le samedi 13 mai prochain à 20h lors du Festival International du Rire de Rochefort au centre culturel des Roches. Avant cela et en attendant son retour dans la capitale le 16 novembre au W:halll de Woluwe-Saint-Pierre, l'humoriste et acteur français sera ce dimanche 9 avril l'invité des Enfants de Chœur de Michael Pachen de 9h à 10h30 sur Vivacité (chaîne 851).

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