Dans son nouvel album, Lana Del Rey se livre comme jamais

Le succès mondial rencontré par Lana Del Rey en 2011 avec le single 'Video Games' et son premier album 'Born To Die' a été accompagné d'une certaine controverse. En effet, ses titres pop très accrocheurs témoignaient d'un grand talent d'écriture. Mais les avait-elle vraiment écrits elle-même ? Et si la New-Yorkaise n'était que le produit d'une stratégie marketing intelligente ? Un joli visage, une voix sensuelle et l'image d'une âme tourmentée et mélancolique: la recette du succès.

Un fardeau que l’artiste a longtemps porté et qui résonne encore aujourd'hui dans sa musique. Entretemps, Lana Del Rey a prouvé qu’elle était une auteure-compositrice-interprète de grand talent. Avec son album ‘Norman Fucking Rockwell !’, sorti en 2019, elle a réussi à séduire même ses plus fervents détracteurs. Des textes acérés de critique sociale, des réflexions philosophiques, une introspection ironique et des refrains qui vous collent à la peau… Tout y était. Elle a ensuite poursuivi sur sa lancée avec ‘Chemtrails Over the Country Club’ et le délicieux et quelque peu sous-estimé ‘Blue Bannisters’, tous deux sortis en 2021. Des pépites qui ont révélé le côté plus poétique de la chanteuse.

Un album personnel

Et voilà qu'à peine deux ans plus tard, elle sort 'Did you know that there's a tunnel under Ocean Blvd'. Le titre à rallonge de l'album en dit long : ici, Del Rey se montre sous son jour le plus original. Il n'y a pas de véritable structure dans cet opus de 16 morceaux, où les genres se mélangent et où la place est laissée à l'expérimentation. Il semble que Lana Del Rey n'ait osé être complètement elle-même qu'à 37 ans et qu'elle ait acquis la confiance en elle nécessaire pour se défaire du souci de perfection. Parfois, on l'entend glousser ou faire des commentaires entre les chansons. Cela peut sonner un peu brouillon ou incohérent, mais fait de 'Ocean Blvd' l'album le plus captivant et le plus honnête que Del Rey ait jamais réalisé.

L'album commence par une intro gospel, qui se prolonge par la voix mélancolique de Lana Del Rey au début de ‘The Grants’, dont le titre est d'ailleurs une référence à son nom de famille, puisque son vrai nom est Elizabeth Grant. Par ce choix, la chanteuse indique également la direction de cet album très personnel. Pendant le processus de création, elle a perdu l’ordinateur portable qui contenait ses documents personnels, y compris des photos de famille. Dans ce voyage nostalgique, elle se tourne souvent vers son enfance, mais aussi sur son travail passé.

Des invités notables

Après cette ouverture réussie suit le titre 'Did you know that there's a tunnel under Ocean Blvd', single qui a été souvent entendu à la radio et a déjà enregistré plus de 30 millions de streams sur Spotify en seulement quelques semaines. L'artiste surprend vraiment avec 'A&W', qui est soutenu par un beat R&B trap moderne et un flow rap surprenant à la fin. Ce qui donne un peu d’air au disque, car juste après 'Judah Smith Interlude' vous prend aux tripes. Un spoken word de Judah Smith, le pasteur/comédien branché et éloquent de Churchhome, une alliance chrétienne progressiste qui compte parmi ses partisans Justin Bieber et Lana Del Rey. Jon Batiste, lauréat d'un Grammy, attire également l'attention en contribuant au morceau de piano ‘Candy Necklace’ et à l'interlude qui s'ensuit.

Le morceau ‘Kintsugi’, joué au piano, démarre la deuxième partie de l'album est du Lana Del Rey pur jus. Douce-amère et céleste. Le charismatique Father John Misty passe sur 'Let the Light In', tandis que Margaret', une collaboration avec Bleachers, est le temps fort suivant. Le duo entre Del Rey et Jack Antonoff saupoudre l'album d'une magie supplémentaire. Dans le morceau trap ‘Peppers’, Del Rey chante son amour pour les Red Hot Chili Peppers et Angelina Jolie, assistée par la reine de l'underground canadien Tommy Genesis. En guise d'épilogue, il y a le rêve et les méandres de 'Taco Truck x VB', et nous n’avons déjà qu’une seule envie : en découvrir davantage !