Décès de Raoul Servais, pionnier du cinéma belge d'animation

Cinéma |

Alors âgé de 94 ans, le réalisateur de film d’animation belge Raoul Servais est décédé vendredi à son domicile. Reconnu à l’international comme étant l’un des pionniers dans son domaine, il a reçu plus de 50 prix et distinctions tout au long de sa vie, dont une Palme d’or pour ‘Harpya’. Pickx revient sur son parcours qui a marqué le monde du cinéma d’animation.

De Pickx

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Né à Ostende en 1928, il étudie les arts appliqués à l’Académie royale des Beaux-Arts de Gand. Que ce soit la création d’affiches, de projets de peintures murales, de vitraux ou encore de tapisseries, Raoul Serais est un véritable touche à tout. C’est en sortant de l’Académie qu’il rencontre Maurice Boel, un peintre ostendais avec qui il relance le célèbre Ciné-Club d’Ostende. Petit à petit, comme son père, Raoul Servais va se lancer dans le cinéma amateur, en prises de vues réelles. En 1952, il tourne en 8 millimètres un petit documentaire sur son ami, le peintre Boel.

Pionnier de l’animation

1960 est une année décisive. Raoul Servais devient professeur d’arts appliqués à l’Académie de Gand. “Il va pouvoir se rendre disponible à son grand dessein, la réalisation d’un film d’animation, auquel il travaille depuis 1957", précise le Fonds Raoul Servais. C’est au sein de cette Académie qu’il fondera en 1963 une section “animation”, créant ainsi une première école du genre en Europe. Il dirigera ce département jusqu’à ses 70 ans.

Marié et père de deux enfants, Raoul Servais a également enseigné à l’école supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles, à l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) et au Centre Tertiaire de Formation à Valenciennes.

Les prix

Raoul Servais a tourné une quinzaine de films depuis ses débuts en 1950. Si il a gagné plus de 50 récompenses, trois d’entre elles ont été déterminante pour sa carrière : le premier prix du film d’animation au Festival d’Anvers en 1960 (“Havenlichten” - “Les Lumières du port”), le prix du film d’animation du Festival de Venise en 1966 pour “Chromophobia” qui lui apporte la consécration internationale, et la Palme d’Or du court métrage au Festival de Cannes en 1979 pour "Harpya", un mélange d’images filmées et de dessins animés qui annonce son seul long métrage “Taxandria” (1994). 

En 2010, ‘Harpya’ est d’ailleurs repris dans le classement des dix meilleurs films d’animation établi par un jury international, parmi plus de 800 films, à l’occasion du 50e anniversaire de l’ASIFA (Association internationale du film d’animation), que Raoul Servais a présidée de 1985 à 1994.

La Servaisgraphie

La ‘Servaisgraphie’ signifie un procédé initié par l’artiste permettant une incrustation de vues réelles dans un decor dessiné. Une technique dépassée aujourd’hui face à l’évolution de la technologie numérique, mais qui, toutefois, a été distinguée à l’époque par le Grand Prix et le prix de la critique internationale d’Annecy pour ’Nachtvlinders’ (‘Papillons de nuit’, 1998).

D’autres distinctions ont encore été octroyées à l’artiste lors de festivals en Belgique et à l’étranger (Bilbao, Téhéran, Montréal, Leipzig, Moscou, Chicago, Philadelphie, Sydney, Oberhausen, Zagreb, Porto, Rome, Valladolid...).

Médaille d’honneur d’or du Parlement flamand

A 80 ans, le réalisateur est fait docteur honoris causa de l’université de Gand. Il reçoit ce prix “en couronnement de la reconnaissance internationale de son œuvre, pour souligner son engagement dans la société et pour sa contribution à l’enseignement académique du cinéma en Flandre”. En 2010, il a encore reçu la médaille d’honneur d’or (Gouden Erepenning) du Parlement flamand. Il est encore honoré pour sa carrière lors du festival du film d’Ostende en 2018 et reçoit un Magritte d’honneur en janvier 2019.

En 2015, sort “Tank”, un film anti-guerre qui a gagné un Épi d’argent au festival du film de Valladolid. Le réalisateur y livre une interprétation personnelle des premières attaques avec des tanks lors de la Première Guerre mondiale. C’est encore le premier conflit mondial qui servira de cadre à son 16e court-métrage ‘Der Lange Kerl’, sorti en 2021.

En 2018, une aile consacrée à Raoul Servais a ouvert au Mu.ZEE à Ostende. Quant à ses archives, quelque 200 pièces parmi lesquelles de nombreuses œuvres graphiques et objets utilisés pour ses films, l’artiste les a remises en 2019 à la Fondation Roi Baudouin. Celle-ci lui consacrera l’exposition “Raoul Servais. Un univers entre magie et réalisme” au Musée BELvue à Bruxelles en 2021.

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