Paco Rabanne, le « métallurgiste » de la mode qui a œuvré pour la culture noire

Info |

Paco Rabanne, le « métallurgiste » de la haute couture connu pour ses créations extravagantes conçues en métal, nous a quittés ce vendredi 3 février à l’âge de 88 ans. Afin de lui rendre hommage, Pickx revient pour vous sur un pan méconnu de sa vie : le soutien qu’il a apporté à la communauté artistique noire dans les années 80.

De Pickx

Partager cet article

Paco Rabanne n’est plus. Le célèbre couturier et parfumeur originaire du Pays basque s’est éteint ce vendredi 3 février à l’âge de 88 ans dans le Finistère, sa terre d’adoption depuis 1939. S’il est connu pour avoir marqué la mode du 20ème siècle avec ses créations futuristes à base de plaques de métal réfléchissantes et pour avoir habillé les plus grandes stars de l’époque, un pan de sa vie est ignoré de beaucoup. En effet, Paco Rabanne n’a pas que créé des vêtements extravagants et design. Il a aussi œuvré, de trois manières différentes, pour la communauté artistique noire de Paris dans les années 80. Pickx vous explique ce qu’a réalisé celui qui a mis la beauté et l’identité afro en valeur sur les podiums des plus grands défilés.

Le Black Sugar, la discothèque de la jeunesse afro-caribéenne

Alors qu’en 1964, il est le premier créateur de mode à engager des mannequins noirs et que ses modèles préférés sont africaines, afro-américaines ou antillaises, l’intérêt de Paco Rabanne pour la culture noire va plus loin. Il ouvre tout d’abord une discothèque, le Black Sugar, où se réunit toute la jeunesse afro-caribéenne de Paris. Plus qu’une simple boîte de nuit, ce tout petit club permet à ces jeunes de sortir de l’isolement, de rencontrer des semblables, de chanter, danser et se défouler en toute décontraction. Le Black Sugar est aussi un lieu qui a permis de voir éclore les petites et grandes carrières des figures de cette culture afro. C’est ainsi, dans cette cave parisienne, que Paco Rabane fait la connaissance de sa future muse antillaise Kathy Jean-Louis.

Un centre culturel pour les artistes de la diaspora noire de Paris

Paco Rabanne n’a pas seulement fait danser la diaspora noire de Paris. Il a également œuvré à ce que les artistes qui en étaient issus puissent s’exprimer et développer leurs talents. Comment ? En créant, le 22 avril 1983, un centre culturel situé boulevard de la Villette. Cet espace de 3000 mètres carrés comportait douze salles de travail, deux plateaux de danse, deux salles de répétition ainsi qu’un studio d’enregistrement et plusieurs galeries.

Ce lieu, totalement gratuit d’accès, était unique en France et a donné à plus de 350 groupes l’occasion de développer leur art. Des artistes comme JoeyStarr ou MC Solaar y ont travaillé. En véritable mécène, le couturier a fait de ce centre culturel le premier centre institutionnel de la danse hip hop en France. Mais il se voit cependant contraint de fermer ses portes en 1985 en raison de plaintes du voisinage. Quelques semaines avant cette fermeture, Paco Rabanne s’était exprimé lors d’une interview pour les Nouvelles du Sud : « Ce centre est une porte ouverte à tous ceux qui désirent exercer leur art et leur talent. Tous les artistes africains peuvent venir y répéter sans débourser un seul centime. Je leur donne le moyen de s’exprimer et ne juge pas leur talent, qu’ils soient nuls ou géniaux, je ne les juge pas ; ce centre a été créé pour permettre aux artistes de la diaspora noire dont la plupart sont à la limite de la survie, de travailler. » 

Création d’une maison de disques

Parallèlement, le couturier crée aussi sa propre maison de disques baptisée « Paco Rabanne design ». Ce label rassemble de nombreux artistes africains et, notamment, des musiciens guadeloupéens. Cette idée de maison de disques est née dans un restaurant marocain situé à côté de l’Hôtel de Ville. C’est là en effet que Paco Rabanne fait la connaissance du groupe de percussions Tumblack. Le couturier propose à ce duo guadeloupéen de créer la bande-son de certains de ses défilés et décide de les prendre sous son aile. Le créateur de mode se mue alors en producteur de musique. Avec son label, il a le même crédo qu’avec les artistes de son centre culturel : accompagner et faire évoluer des jeunes talents afros. S’ils ne parviendront pas tous à percer, Paco Rabanne a tout de même réussi à en aider une quinzaine. Le créateur de la robe métallique a donc pu se targuer d’avoir œuvré à l’éclosion de jeunes artistes noirs.

À lire aussi :
Le couturier Paco Rabanne est décédé à l’âge de 88 ans en France

Regardez tout ce que vous aimez, où et quand vous voulez.

Découvrez Pickx Se connecter

Top

Attention : regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de 3 ans, même lorsqu’il s’agit de programmes qui s’adressent spécifiquement à eux. Plusieurs troubles du développement ont été scientifiquement observés tels que passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration et dépendance aux écrans

Top