Les plus grands sportifs belges : le sacre mondial de Philippe Gilbert à Valkenburg

En octobre dernier, Philippe Gilbert a tiré un trait sur sa longue et riche carrière de cycliste professionnel au sommet de "son" Cauberg, aux côtés d’anciens coéquipiers et de ses supporters. Ce n’est évidemment pas un hasard s'il a choisi ce lieu, car c’est notamment là que le natif de Remouchamps avait écrit, en 2012, ce qui restera la plus belle ligne de son incroyable palmarès.

Rarement, en effet, un coureur avait à ce point dominé ses adversaires lors d’un championnat du monde que ce 23 septembre 2012 à Valkenburg. Pourtant, quelques semaines plus tôt, une relative incertitude planait toujours autour de la stratégie que devrait adopter la sélection belge en raison de la forme des uns et des autres. Fallait-il envisager un leader unique ou jouer plusieurs cartes ?

Un début de saison manqué

À l’époque, Tom Boonen a connu une saison absolument fantastique avec des victoires au Grand Prix E3, à Gand-Wevelgem, au Tour des Flandres, à Paris-Roubaix et au Championnat de Belgique. De son côté, Gilbert n’a pas réussi à surfer sur sa stratosphérique année 2011. Plusieurs pépins physiques, notamment des maux de dents, ont perturbé son début de saison et l’ont empêché de briller sur ses courses favorites.

Alors que sa condition inquiète, le coureur de la BMC monte progressivement en puissance et lève enfin les bras par deux fois au Tour d’Espagne, à quelques semaines seulement du Mondial. Tout le monde est rassuré, à commencer par le sélectionneur Carlo Bomans. C’est décidé, Gilbert et Boonen seront les deux chefs de file de la sélection belge à Valkenburg.

Sur le papier, avantage tout de même au Wallon sur un parcours vallonné taillé à sa mesure qu’il connaît comme sa poche pour y avoir remporté en surclassement l'Amstel Gold Race en 2010 et 2011. La tactique belge est limpide : Gilbert placera son attaque dans le Cauberg, tandis que Boonen devra se montrer plus attentiste et attendre un éventuel sprint. Tout se déroulera comme prévu.

Intouchable dans le Cauberg

Aux Pays-Bas, la Belgique aura assumé le poids de la course de bout en bout. Après plus de 260 kilomètres de course, ce qu’il reste du peloton déboule à toute allure au pied de la dernière ascension du Cauberg. Parfaitement lancé par Björn Leukemans, Gilbert déclenche comme attendu son attaque après quelques hectomètres. Son effort est si violent qu’il éjecte tous ses concurrents de sa roue et prend rapidement plusieurs dizaines de mètres d’avance.

L’écart fait, il reste encore un bon kilomètre de faux-plat montant à parcourir. Le kilomètre sans doute le plus long de sa carrière. Mais derrière lui, Aleksandr Kolobnev, Edvald Boasson Hagen et Alejandro Valverde, les seuls à avoir timidement réagi à l’attaque, sont aussi à bloc et commencent à se regarder. La course est pliée.

À 400 mètres du but, Gilbert jette un dernier regard derrière lui avant de serrer le poing et de célébrer sa victoire tranquillement. Sept ans après son compatriote Boonen, le Liégeois de 30 ans effectuait son retour au sommet en offrant un nouveau titre de champion du monde à la Belgique. Il entrait, par la même occasion, définitivement et pour l’éternité dans la légende du cyclisme.

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