Les plus grands sportifs belges : Eddy Merckx devient le Cannibale à Mourenx

Faut-il encore présenter celui qui est considéré comme le plus grand cycliste de l’histoire avec ses cinq Tours de France,  cinq Tour d’Italie, un Tour d’Espagne, trois titres de champion du monde ainsi que ses 19 monuments du cyclisme ? Non, un simple article ne suffirait pas. Par contre, mettre en lumière un moment de la carrière du Cannibale est plus réaliste. Retour sur le 15 juillet 1969, dans les Pyrénées, sur le Tour de France, le premier gagné par Eddy Merckx. 

A l’orgueil 

A l’aube de cette étape entre Luchon et Mourenx-Ville Nouvelle, la 17ème de ce Tour de France 1969, notre compatriote porte déjà le maillot jaune de leader de l’épreuve. Mais la journée s’annonce folle avec les cols de Peyresourde, d’Aspin, du Tourmalet, du Soulor et de l’Aubisque à franchir. Les deux premiers cols sont déjà gravis et l’équipier de Merckx, Martin van Den Bossch, met le tempo dans le Tourmalet, en espérant engager les points pour le classement de la montagne. A l’approche du sommet, le maillot jaune passe à l’attaque et surprend son monde.

"J’étais fâché sur Martin car, la veille, il m’avait annoncé son futur départ pour l’équipe Molteni, rivale de la nôtre, Faema. J’estimais le lieu mal choisi, en plein Tour de France, de traiter avec la concurrence. Le fait de l’avoir dépassé était en quelque sorte une manière pour moi de lui signifier que je n’étais pas content et qu’il pourrait oublier le maillot à pois. C’était peut-être de l’orgueil mal placé, allez savoir ?", raconte Eddy Merckx au Soir en 2021. 

140 bornes… solo

Excellent descendeur, il prend quelques longueurs d’avance, sans forcer les choses. "Il restait 140 kilomètres, j’avais une bonne trentaine de secondes d’avance, mon directeur sportif Guillaume Driessens m’a conseillé d’attendre. Je me suis ravitaillé à mon aise mais tout en roulant évidemment, et plus j’avançais, plus je constatais sur les chiffres présentés par l’ardoisier que mon avantage augmentait. Je n’avais plus le choix que de continuer seul, j’ai trouvé le temps long ce jour-là. Les jambes étaient lourdes, les kilomètres interminables."

Ce jour-là, Eddy Merckx entre dans la légende. Il avale les kilomètres alors que derrière, c’est l’incompréhension chez les Gandarias, Poulidor ou encore Pingeon. Le maillot jaune et son éclat resplendissent sous la chaleur et le soleil de juillet. Le futur lauréat de cette Grande Boucle arrive à Mourenx avec 8 minutes d’avance sur le deuxième. Quel exploit, même si certains suiveurs le qualifient d’inutile. Mais c’est là que sont nés le Cannibale et «Merckxisme». Un moment important pour le Roi Eddy comme il l'a confié à La Dépêche il y a quelques années. "On me demande souvent de classer mes exploits, c'est difficile évidemment, mais je pense que cette étape Luchon-Mourenx du Tour 1969 a été un moment à part."