Felix Van Groeningen sur son nouveau film ‘Les Huit Montagnes’ : "Ce fut une aventure fantastique et intense"

Cinéma | ‘Les Huit Montagnes’ sort ce mercredi dans les salles. L’adaptation au cinéma du roman de Paolo Cognetti a reçu le prix du jury à Cannes cette année, une nouvelle récompense au palmarès du réalisateur belge Felix Van Groeningen, qui a coréalisé le film avec sa partenaire Charlotte Vandermeersch. Ensemble, ils sont partis dans les Alpes italiennes pour une aventure à la fois cinématographique et personnelle. Van Groeningen en a dit un peu plus à Pickx.

De Pickx

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Le Otto Montagne’ (titre original) raconte l'histoire de deux amis d'enfance, Pietro et Bruno. L'un est un véritable rat des villes, tandis que l'autre s'épanouit au contact de la nature, plus précisément dans les Alpes italiennes. Jeunes adultes, ils se sont perdus de vue depuis un certain temps, jusqu’à ce que le destin les réunisse à nouveau… Le développement de leur amitié particulière, mais aussi leur relation à l'amour, la vie, la nature et le nid familial sont dépeints avec brio par Felix Van Groeningen, qui a déjà connu un succès international avec des films tels que ‘La Merditude des choses’, ‘Broken Circle Breakdown’ et ‘Beautiful Boy’, et sa compagne Charlotte Vandermeersch.

Parce qu'il regorge d'émotions, qu'il pose des questions existentielles et qu'il nous plonge dans de majestueux paysages, le film résonne longtemps chez le spectateur après son visionnage. Est-ce également le cas pour vous qui l’avez réalisé ?

Felix Van Groeningen : "Nous avons travaillé sur le film pendant presque trois ans et en mai, il était complètement terminé, juste à temps pour une première à Cannes. Mais il y a ensuite une sorte de coupure, ce qui est toujours bizarre, car à la longue, le film devient quelque chose d'abstrait. Ces dernières semaines, par exemple, nous avons fait beaucoup de promotion alors que nous ne l'avons pas vu nous-mêmes ces derniers mois. De plus, entretemps, je travaille déjà sur mon prochain projet, qui était censé commencer le mois prochain. En ce sens, cet épisode est déjà quelque peu clos."

"Mais en tout cas, ce fut une aventure fantastique, très intense. Nous sommes partis en couple en Italie et au Népal, nous avons vécu dans les montagnes, nous avons appris l'italien… Tout ce processus a également eu un impact sur notre relation. Faire un film est quelque chose qui vous absorbe totalement, mais lorsque vous pouvez partager quelque chose comme ça avec quelqu'un qui vous est si cher, ce sentiment est encore plus fort.”

Un tel prix à Cannes, qu'est-ce que cela signifie pour vous ou pour le film ?

"J'aimerais dire que ces prix n'ont pas beaucoup d'importance, mais la réalité est que c’est super gratifiant. Maintenant, c'est au grand public de découvrir le film, bien sûr. Nous sommes en tout cas contents des réactions et des critiques que nous avons déjà reçues."

Le film dure maintenant environ 2h30, mais vous aviez une version plus longue en tête.

"Nous savions d'avance que ce serait un long film, car l'histoire l'exige. C'est une histoire épique, qui se déroule sur plus de 30 ans et qui comporte tellement de strates, pas seulement l'amitié entre Pietro et Bruno. Il était important de pouvoir grandir avec ces garçons, de connaître et de comprendre leur quête dans la vie. Nous avons dû couper des scènes, mais pas tant que ça. Pour Charlotte, cela a été parfois difficile, elle doit encore apprendre à l'accepter. Je suis plus pragmatique à ce sujet, je sais que cela fait partie de la réalisation d'un film. Mais au final, nous sommes tous les deux satisfaits du résultat.

Il s'agit de l'adaptation cinématographique d'un roman à succès, mais vous n'avez lu le livre que lorsque le projet vous a été proposé. Quels éléments vous ont convaincu qu'il y avait là un bon film à réaliser ?

"Tout ! En général, on sait rapidement si un livre se prête à une adaptation cinématographique. Pour moi en tout cas. Il s'agit d'une sorte de sentiment général de satisfaction lorsque vous terminez le livre. L'histoire doit suivre un bel arc narratif et, à la fin, vous devriez avoir un pincement au cœur. J'ai été immédiatement aspiré par le roman. Le livre est également très cinématographique, tant au niveau des dialogues que des scènes. C'est pourquoi nous lui sommes restés assez fidèles. Certains pensaient qu'il était impossible à filmer en raison des descriptions de la nature, mais c'était justement la chose la plus facile à faire : ces montagnes sont là, vous n'avez pas besoin de créer quoi que ce soit d'artificiel. La nature fait son travail toute seule."

Le cadre, celui des Alpes italiennes, a-t-il également été un argument pour vous inciter à vous lancer dans ce projet ?

"Certainement. Au moment où nous avons eu cette proposition, j'étais dans une période sombre de ma vie. Je voyais beaucoup de cynisme et de négativisme autour de moi. J'ai ressenti le besoin de me retirer du monde pendant un moment, de me retrouver dans un environnement aussi primitif et de méditer. Partir vivre à la montagne pendant quelques mois pour préparer et tourner le film semblait donc être une excellente idée. J'avais vraiment hâte d'y être. Cela a également rendu le tournage si intense. L'histoire et le cadre vous incitent à la contemplation et à l'introspection. Qui suis-je ? Où suis-je ? Où est-ce que je veux aller ? Qu'est-ce que l'amitié ? Qu'est-ce que l'amour ?"

L'auteur Paolo Cognetti a été impliqué dans le tournage. Quel a été son apport ?

"Pendant le tournage, il n'était pas si étroitement impliqué que cela : il vivait tout près, mais n’est venu qu’une poignée de fois. Paolo a montré beaucoup d'intérêt et nous a énormément aidés en traduisant les dialogues et en guidant les acteurs. Nous ne parlions pas couramment l'italien au début du projet et nous nous sommes donc appuyés sur la traduction néerlandaise de son livre pour le scénario. Mais pour le film, il a bien sûr fallu retraduire puisque nous travaillions avec un casting italien. En post-production, il a également réalisé la voix-off. C'était une collaboration très agréable, dans laquelle il gardait suffisamment de distance mais avait son mot à dire quand il le pouvait et le devait. Un lien d'amitié s'est développé entre nous et Paolo. C’est un homme très aimable, plutôt introverti et très curieux, un peu comme Pietro dans le film.

Un casting italien

Travailler avec un casting italien, cela change-t-il quelque chose à la dynamique d'un plateau ?

"Ça n'a pas vraiment d'importance. Chaque acteur a son individualité, quelle que soit sa nationalité. Je ne suis pas non plus un réalisateur avec une méthode de travail rigide, je vais vers mes acteurs. Dans mon précédent film (‘Beautiful Boy’, ndlr), j'ai travaillé avec des acteurs américains et j’ai pu constater à quel point c’était un monde vaste et compétitif. Il faut vraiment se battre pour arriver à quelque chose, et donc ces acteurs ont beaucoup de maîtrise et d'éthique de travail. J'ai aussi ressenti cela avec les Italiens. Mais la base est d’avoir une croyance commune dans le projet et l'histoire."

L'alchimie entre les acteurs principaux Alessandro Borghi et Luca Marinelli contribue à rendre le film si spécial. Vous l'avez tout de suite détectée ?

"Le casting commence par choisir les bonnes personnes et les réunir, puis sur le plateau, vous voyez comment cela fonctionne. Mais en général, on le sait tout de suite, ce qui était le cas ici."

Vos films les plus récompensés, et peut-être les plus forts, sont généralement ceux qui sont basés sur des œuvres existantes. Qu'est-ce que cela dit ?

"Au bout d'un moment, vous savez ce que vous pouvez faire et où se trouvent vos points forts. De mon côté, je sais que je peux traduire des œuvres existantes en films. Mais pour mon prochain projet, j'ai envie de faire quelque chose d'original. Parce qu'il y a quelque chose de confortable à filmer une pièce de théâtre ou un livre : vous savez dès le départ quel sentiment vous avez en tête et vous pouvez toujours y revenir. Cela a quelque chose de sécurisant. Certes, j'éprouve beaucoup de plaisir à façonner un projet à ma guise de cette manière et à y mettre quelque chose de moi, mais j'aimerais tout de même sortir de cette zone de confort, explorer et découvrir quelque chose. Ce n’est pas une question de fierté, mais un défi qu’on se lance à soi-même."

'Les Huit Montagnes' de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch est à voir dès ce mercredi 14 décembre dans les salles.

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