‘Divan 52’ s’intéresse à la double nationalité dans le cinéma et la musique avec Daphné Patakia et Benoît Do Quang

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Pour ce quatrième épisode de ‘Divan 52, Maxime Demière accueille deux jeunes talents du monde de la musique et du cinéma. En plus de nous rendre fiers à l’international, ils ont tous les deux travaillé avec les plus grands de leur domaine. Daphné Patakia et Benoît Do Quang ne se connaissent pas et se rencontrent donc pour la première fois sur le canapé du talk-show. Une discussion à coeur ouvert et en toute humilité sur leur parcours et leur origine.

De Pickx

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Dans ce nouvel épisode de ‘Divan 52’, Maxime Demière reçoit deux artistes émergents belges qui se sont construits seuls et qui ont été influencés par leur origine dans leurs travaux. Voici l’actrice Belgo-grecque Daphné Patakia, à gauche et Benoît Do Quang, musicien, réalisateur, producteur et photographe, à droite du fauteuil. Ils vont échanger de manière tout à fait honnête et humble sur leurs parcours respectifs, à la clef de nombreuses anecdotes backstage et marrantes sur leur univers. Même si de premier abord tout semble les opposer, ils vont se trouver de nombreux points communs.

La première s’épanouit devant la caméra. Elle a à peine trente ans et elle secoue déjà le cinéma français. Depuis 2015, elle travaille aux côtés de noms prestigieux, tels que Virginie Efira, avec qui elle partage l’affiche de ‘Benedetta’ de Paul Verhoeven. Daphné donne également la réplique à Adèle Exarchopoulos dans ‘Les Cinq Diables’. Elle est également révélée dans le 7e art français par le film franco-greco-turc 'Djam', réalisé par Tony Gatlif en 2017.

À la différence de Daphné Patakia, Benoît Do Quang s’est fait un nom derrière la caméra. À ce stade de sa carrière, il a réussi à combiner ses deux passions pour la musique et la réalisation. Il est la tête pensante de la célèbre vidéo ‘Bruxelles arrive’ de Roméo Elvis et Caballero. Même si enfant, il se voyait être une rockstar, il est devenu le réalisateur des clips de figures de proue du rap belge. En plus de travailler pour les deux artistes mentionnés plus tôt, il a collaboré avec JeanJass, blackwave et Zwangere Guy, pour ne citer qu’eux. Il se cache également derrière les photos de la pochette de l’album ‘Brol’ d’Angèle et de son duo avec Dua Lipa. Son rêve d’enfant, il l’a effleuré une fois, en faisant partie d’Ulysse, un des groupes qui a été les plus en vogue de la scène bruxelloise.

Vers d’autres horizons

Même s’ils grandissent tous les deux en Belgique, rien ne prédestinait Daphné et Benoît à se rencontrer avant ce soir. Daphné est née et grandit en Belgique, au sein de la communauté grecque. Elle va à l’école en grec, suit des cours de danses traditionnelles, regarde le journal parlé grec et assiste à ses premières pièces de théâtre organisées par ses parents et leurs amis grecs. "Dans ma tête, je vivais en Grèce et quand je regardais par la fenêtre, il faisait gris, c’était bien Bruxelles". C’est donc naturellement qu’elle s’inscrit au conservatoire d’Athènes. Là-bas, elle fait ses premiers pas dans le théâtre où elle apprend à sortir de sa zone de confort. Le célèbre metteur en scène grec Michael Marmarinos la pousse à se dépasser à l’extrême à tel point qu’elle a déjà fini complètement nue, suspendue par les pieds pour l’une de ses pièces.

Alors que Daphné s’envole pour le soleil de Grèce, Benoît s’installe au Québec, au froid, dans le cadre d'un échange d’étudiants. Là-bas, il découvre le rap. Loin de son registre habituel, il apprend à connaître un nouveau monde par curiosité. Dès son retour à Bruxelles, il rencontre Caballero, par pur hasard dans le tram et lui propose une collaboration gratuite pour un clip. ‘Chiens des villes’ devient alors sa première réalisation dans le monde du hip-hop avant de devenir l’homme de l’ombre du rap belge.

Évoluer dans la contrainte

À ce moment-là, le genre musical commençait à rassembler de nombreux talents en Belgique, mais il y avait peu de moyens. Il a dû faire preuve d’ingéniosité en étant sans le sou. "Il faut se débrouiller dans la contrainte ". Pour ‘Bruxelles arrive’, la réalisation n’a pas coûté grand chose, ils ont emprunté la maison d’un ami, un copain de Roméo a ramené son serpent pendant le tournage et plutôt que de servir du champagne, ils ont rempli leur verre avec de l’huile d’olive. En plus de faire preuve d’ingéniosité pour éviter les dépenses, il a appris la réalisation sur le tas.

Ses anecdotes de tournage évoquent des souvenirs à Daphné qui a fait ses débuts en Grèce. Le pays est frappé depuis 2010 par une violente crise économique, ce qui laisse peu de subsides pour la culture, voire aucun. En 2020, pour le journal Libération, elle avait expliqué la situation dans le pays. "Je rencontrais des équivalents de Gérard Depardieu grecs et ils étaient obligés de multiplier les petits boulots. Pour tourner tu prends la voiture de ton pote, tes parents font les sandwichs, tu portes tes vêtements pour le rôle , tu prêtes ta maison pour telle scène…". Comme pour Benoît, Daphné a également dû développer sa créativité face aux contraintes économiques du pays.

Les cultures s’entrechoquent

Grâce à sa double nationalité, la jeune actrice a été rapidement repérée par des réalisateurs de renommée internationale. Elle a été révélée par le film ‘Djam’ qui met en scène la crise des réfugiés en Grèce et en Turquie sur fond musical de Rébétiko, un genre culturel et populaire grec apparu dans les années 1920, à la suite de l’arrivée de vagues migratoires grecques, expulsées d’Asie Mineure. Réalisé par Tony Gatlif, le film lui a permis de faire ses premiers pas dans le cinéma français.



De son côté, Benoît a aussi utilisé ses origines vietnamiennes pour une série documentaire, intitulée ‘Plus trente-deux’. Avec Pablo Crutzen, ils racontent l’histoire de six citoyens belges nés Albanais, Équatorienne, Vietnamienne ou encore Syrien qui ont construit leur identité entre leur pays de naissance et d’adoption. Grâce à '+32', Benoît explore également sa propre histoire en interviewant sa maman. "J’ai toujours voulu raconter l’histoire de mes parents qui sont des migrants qui ont quitté le Vietnam parce qu’ils ont toujours vécu dans la guerre (…). Ils ont tout quitté comme tu vois maintenant à bord de bateaux de fortune et tout. C’est tellement une histoire forte que j’avais envie de la raconter via les outils que j’avais". À la suite de ce projet, le duo se retrouve sur une nouvelle série web, intitulé ‘Normal’ qui met en lumière les troubles et la santé mentale de jeunes adultes. En plus des clips musicaux, le documentaire est devenu son nouveau terrain de jeu.

Avec des CVs aussi bien remplis, nos deux invités restent très modestes. Ils font souvent face au syndrome de l’imposteur. Alors que l’actrice stresse toujours autant pour un nouveau casting de film, le réalisateur, lui, se qualifie encore de novice avec les termes ‘creative rookie’. Les chemins de nos deux artistes ne s’étaient jamais croisés avant ce soir et pourtant ils connaissaient déjà le travail et le talent respectifs de l’autre.

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