Pickx a rencontré Maryam Touzani dont le film 'Le Bleu du Caftan' ouvre le Festival Cinemamed

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'Le Bleu du Caftan' raconte avant tout une histoire d'amour, celle de Halim et Mina, mariés depuis de longues années. Alors qu'ils tiennent un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc, l'arrivée d'un jeune apprenti vient bouleverser leur équilibre, tandis que Halim a de plus en plus de mal à vivre avec son homosexualité qu'il a appris à taire. Il s'agit du second film de la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, qui sera projeté ce 2 décembre en ouverture du Cinemamed, qui se déroule jusqu'au 10 décembre à Bruxelles.

De Pickx

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Votre second long métrage, 'Le Bleu du Caftan', sera diffusé aujourd'hui en ouverture du Festival du cinéma méditerranéen de Bruxelles, est-ce que vous y avez déjà participé ?

Maryam Touzani: "Oui, mon précédent film avait aussi été projeté au Cinemamed, mais je n'ai malheureusement jamais pu m'y rendre. Je suis pour l'instant en plein tournage avec mon mari et nous ne pourrons pas y aller. Mais je tiens à dire que j'ai un lien particulier avec la Belgique, j'ai comme une famille belge qui s'est constituée au fil des années, ne fut-ce qu'avec les comédiens et techniciens belges avec lesquels j'ai travaillé."

Comment vous est venue l'idée de faire 'Le Bleu du Caftan' ?

M.T.: "Je ne parlerai pas d'idée, mais plutôt de désir de film. C'est toujours difficile de mettre le doigt sur le moment où on décide de faire un film, mais dans ce cas-ci, je sais ce qui a déclenché l'écriture. Alors que je faisais des repérages pour mon précédent film, 'Adam', j'ai rencontré un homme d'un certain âge dans la médina de Casablanca, et j'ai ressenti à travers lui une grande part de non-dit, des choses qu'il était obligé de cacher. Cette rencontre à provoquer une réaction émotionnelle, j'ai ressenti qu'il menait une double vie, exactement comme Halim, le personnage de mon film. Beaucoup d'hommes gay se marient pour garder cette façade en société. J'ai donc décidé de me servir de cette histoire comme point de départ de mon film. Mais les autres thèmes ont également une raison d'être. Pourquoi le caftan ? C'est parce que j'ai grandi avec le caftan de ma mère, il y a tout ce poids des traditions, quand je portais son caftan, je portais aussi sa vie, ses souvenirs. De savoir que ce métier d'artisanat du caftan va disparaître m'a beaucoup peinée, et j'ai voulu en parler dans mon film."

En somme, c’est un film sur les traditions, il y a un mélange entre les traditions qui se perdent, comme le métier de tailleur de caftan, et des traditions qui doivent évoluer, comme la manière dont l’homosexualité est occultée au sein de la société marocaine ?

M.T.: "Oui, exactement, d'un côté j'ai voulu sublimer la tradition de la fabrication du caftan, il y a des traditions qu'il faut préserver, alors que d'autres traditions doivent être bousculées. Le film pose des questions sur ces traditions qui peuvent devenir enfermantes."

C'est un film utile...

M.T.: "Oui, c'est essentiel pour moi que les gens puissent vivre leur amour ouvertement, librement. On doit pouvoir parler de ces choses-là, il faut que les mentalités évoluent. Les films sont là pour ça aussi, ils permettent de raconter des histoires que les gens ne peuvent pas raconter. J'espère que mon film donnera du courage à ces personnes qui vivent dans le secret. Il s'agit d'un film sur le non-dit, et sur le poids que ce non-dit a sur le quotidien."

Une fois de plus, votre film représentera le Maroc aux Oscars, que ressentez-vous ?

M.T.: "J'en suis très heureuse. Il y a un côté symbolique qui me fait plaisir, puisque bien que le film traite de l'amour sous toutes ses formes, le film aborde tout de même le sujet très sensible de l'homosexualité. Un sujet qui reste tabou au Maroc, mais l'idée que mon film puisse représenter mon pays aux Oscars prouve qu'il y a un désir d'ouverture et de dialogue."

On voit en effet une certaine évolution, quand on se rappelle de l'accueil très mitigé qu'avait reçu le film 'Muched Loved' auquel vous aviez participé il y a quelques années... (La sortie de 'Muched Loved', qui traite de la prostitution, sujet ultra-sensible au Maroc, avait conduit à la censure du film ainsi qu'à des menaces dirigées contre son réalisateur, Nabil Ayouch, époux de Maryam Touzani, et son actrice principale, Loubna Abidar, NDLR) 

M.T.: "Oui en effet, 'Muched Loved', c'était une autre histoire... Il y a une évolution, ou tout du moins un désir d'évolution et de dialogue. Le débat est essentiel, surtout quand on n’est pas d'accord, et je suis ravi que mon cinéma puisse servir à ça. Mais je précise toutefois que je n'écris pas mes films en fonction de telle ou telle thématique, mais en fonction des personnages, c'est l'histoire des personnages qui m'intéresse avant tout !"

Quels sont vos futurs projets ?

M.T.: "C'est une question compliquée, je fonctionne de manière instinctive, je ne prévois rien et je ne me projette jamais dans un film ou une histoire, j'attends d'être envahie par une volonté d'écrire, et quand je commence à écrire, je ne peux pas en parler... (rires) Mais en ce moment, je suis sur le tournage du prochain film de mon mari Nabil Ayouch."

Le Festival du cinéma méditerranéen de Bruxelles, ou Cinemamed, se déroule du 2 au 10 décembre. Rendez-vous sur le site officiel pour découvrir la programmation.


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