Les étoiles filantes : Alain Mimoun, l'éternel second finalement récompensé

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Alain Mimoun, c’est une légende du sport français qui, à l’instar d’un Poulidor avec Anquetil, est longtemps resté dans l’ombre de son rival et grand ami, Emil Zatopek, sur les épreuves de fond. Sauf que le Français finira par triompher. 

De Pickx

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Le sport est fait de duels de légende et celui entre Mimoun et Zatopek en fait bien partie, lui qui a tenu les foules en haleine juste après la Seconde Guerre mondiale. Un conflit mondial auquel Alain Mimoun a pleinement pris part, à tel point que sa carrière de sportif a bien failli ne jamais voir le jour. Retour sur la vie du natif de Maïder, en Algérie française. 

Proche de l’amputation

Né le 1er janvier 1921, Alain Mimoun, qui se destine à une carrière d’instituteur, a 18 ans au moment où la Seconde Guerre mondiale éclate. Il s’engage avec le 6e régiment de tirailleurs algériens et se retrouve à notre frontière pour tenter de stopper l’envahisseur allemand, en vain. Après la défaite, son régiment est envoyé à Bourg-en-Bresse et c’est là qu’il découvre la course à pied. Le front africain est ensuite ouvert et il y est envoyé. 

Il combat en Tunisie l’Africa Korps avant, en juillet 1943, de prendre part à la campagne d’Italie. Il y est grièvement blessé en janvier 1944 par un éclat d’obus. On parle rapidement de l’amputation de sa jambe gauche mais il en échappe de justesse. Il participe ensuite au débarquement de Provence. "Je t'admire parce que toi, tu as combattu sur les champs de bataille alors que moi, je suis devenu officier sans jamais avoir fait la guerre", lui confiera bien plus tard Emil Zatopek.

Un duel, deux légendes

Après la guerre, Alain Mimoun s’installe à Paris où il court sous les couleurs du Racing Club de France. Rapidement, il domine les courses de fond en France avec 32 titres nationaux sur 5000m, 10000m et le marathon. Mais à l’international, il échoue bien souvent derrière un homme : le Tchécoslovaque Emil Zátopek avec qui il se lie d’amitié dès leur première rencontre en 1947. Les deux hommes ne se quitteront jamais. 

La "locomotive tchèque" ne laisse rien à ses adversaires et Mimoun doit ainsi se contenter de trois médailles d'argent olympiques : sur le 10000m à Londres en 1948 et sur le 10000m et le 5000m à Helsinki en 1952. Même chose aux championnats d’Europe. "Je me suis mis à penser qu'Emil était un tel phénomène, absolument invulnérable et imbattable, que je me suis attribué le titre très factice de champion olympique... des adversaires de Zatopek", explique Mimoun dans sa biographie.

Changement payant 

A bientôt 36 ans et alors que les JO de 1956 à Melbourne approchent, le Français va changer ses plans et se concentrer uniquement sur le marathon. Il est plus affuté que jamais alors que Zapotek a subi un mois auparavant une opération pour une hernie. Mimoun ne peut pas perdre, les signes sont avec lui : il porte le dossard 13, la course débute à 15h13. La veille, il a reçu un télégramme annonçant la naissance de sa fille qu’il prénomme Olympe. Enfin, la France a triomphé sur le marathon en 1900 et 1928. Donc dans la logique, en 1956, 28 ans plus tard, un Français doit gagner. 

Sous une chaleur étouffante, Mimoun va rapidement montrer qu’il est le plus fort pour sa première sur cette distance. Après un peu plus de 20 kilomètres, le Français, qui a décidé de ne pas boire durant la course, est seul en tête. Par la suite, il souffre, s’insultant pour continuer. Mais il tient bon et va au bout, recevant comme il le dit un accueil triomphal par les 120000 personnes du Cricket Ground, ce qui lui fait l'effet d'une "bombe atomique". Il est sacré en 2h25 alors que Zapotek termine 6e. Mais le visage de ce dernier s’illumine quand il apprend que son ami a gagné (voir sur la photo). Mimoun qui va parfaitement se résumer en une phrase : "Ma plus grande fierté, c'est d'avoir fait flotter le drapeau français en haut du plus beau mât du monde, moi qui ne suis qu'un pauvre type..."


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