‘Corsage’ : une Sissi en pleine crise de la quarantaine

Cinéma |

Tout le monde connaît l’histoire à l’eau de rose de Sissi interprétée par Romy Schneider. Pourtant la vie de la monarque d’Autriche n’a pas été un conte de fées. Toute son existence, elle a été réduite au rôle de : "Sois belle et tais-toi!". Marie Kreutzer s’intéresse dans le film 'Corsage' qui sort dans les salles ce mercredi à une autre facette de l’impératrice, celle d’une femme qui a la quarantaine et qui suffoque dans son corset trop serré. 

De Pickx

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Le mythe sur la vie de l’impératrice reste ancré dans nos mémoires. Elle a souvent été fabulée par les nombreuses représentations que l’on s’est faites de son existence. Devenue une véritable attraction touristique à Vienne, elle figure sur les nombreux bibelots touristiques de la ville. La réalisatrice Marie Kreutzer a voulu contraster cette image en offrant un biopic féministe au 7ème art. 

Élisabeth d’Autriche y est représentée comme une femme de la quarantaine mélancolique réduite au silence. Épouse de l’Empereur François-Joseph Ier, elle n’a pas son mot à dire dans la politique. Elle doit être belle et rester jeune. Pour cette fonction, elle est soumise à de nombreux régimes stricts. Tous les jours, ses mensurations sont prises afin de garder une silhouette fine. Elle doit faire de l’exercice, avoir une coiffure impeccable et porter un corset suffocant. Étouffée par tous ces protocoles rigides de la cour des Habsbourg, elle est frustrée de ne jamais pouvoir exprimer une opinion. Elle a soif de connaissances et de voyages. Elle veut s’échapper de son fardeau et se rebeller. 

Intemporelle 

Dès que l’on pense à Sissi, on imagine Romy Schneider dans ses robes opulentes, sa longue chevelure tressée, vivant un conte de fées dans la cour d’Autriche auprès de son prince charmant. La série de films des années 1950 a fortement contribué à cette représentation de la vie de l’impératrice. Chaque année, la saga est rediffusée et continue de captiver des millions de téléspectateurs. 125 après la disparition tragique de la duchesse de Bavière, elle inspire toujours les réalisateurs en quête d’une personnalité féminine avant-gardiste. 

Après ‘The Crown’, Netflix s’est également intéressé à Sissi dans une série disponible depuis le 29 septembre, intitulée ‘The Empress’. Une autre série reboot conçue par la chaîne allemande RTL+ a vu le jour fin 2021 et travaille sur sa suite. Pour le grand écran, un premier long métrage sort ce mercredi 21 décembre (‘Corsage’) tandis qu'un second sera à découvrir dans le courant de l’année 2023 (‘Sissi and I’). Toutes ces adaptations apportent une perspective différente de l’histoire et les multiples facettes de Sissi.

 

Une autre image

Marie Kreutzer avec ‘Corsage’ montre une impératrice aux antipodes de celle de Romy Schneider. Elle n’est plus aussi jeune, elle a la quarantaine et fume cigarettes sur cigarettes. Elle est lassée par les conventions dictées par un monde exclusivement masculin. Elle a donc porté son regard sur la période de sa vie où "elle a commencé à se rebeller contre le protocole, à se retirer et à s’isoler. C’était une période où il ne lui était manifestement plus possible de rentrer dans le corset de sa fonction. J’ai trouvé cette vie avec une image démesurée de soi, à laquelle il a fallu se conformer sans cesse parce que c’était la seule manière d’obtenir de la reconnaissance et de l’amour, très passionnante. C’est un sujet intemporel.", explique-t-elle. 

Mais même si on découvre une nouvelle facette de l’impératrice, ‘Corsage’ prend de nombreuses libertés par rapport à l’Histoire. La réalisatrice autrichienne n’a pas été intéressée par la reproduction d’un "sage biopic". Elle s’est basée sur des "faits avérés", comme celle de sa disparition à petit feu de la vie publique. Elle adapte l’héroïne à notre époque.

Pour l’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps qui prête ses traits à la monarque, c’était également l’occasion de rendre hommage à Sissi en l’humanisant et en la rendant moins "parfaite". "Sur le tournage, je me disais : je lui offre à titre posthume ce qui lui était interdit. Fumer, faire un doigt d’honneur, se couper les cheveux. En tant qu’actrice, j’adore la confrontation et les surprises."

Une beauté étouffante

À travers cette perspective moderne de Sissi, la cinéaste y voit des thématiques toujours actuelles, notamment sur l’importance de la beauté féminine en société. "Les femmes d’aujourd’hui doivent encore répondre à bien des attentes auxquelles Élisabeth devait satisfaire. La vertu cardinale et la plus précieuse d’une femme est toujours la beauté. L’histoire, le mouvement féministe et l’émancipation n’ont rien changé à cela. Les femmes sont toujours dépréciées lorsqu’elles sont en surpoids ou qu’elles vieillissent.", déplore-t-elle. 

L’actrice s’est prêtée au jeu et a suivi un entraînement intensif afin d’apprendre à monter en amazone à cheval, à faire de l’escrime, à nager dans le Danube et à parler le hongrois pour être aussi douée et parfaite que son personnage. Le port du corset a été pour elle une véritable révélation sur ce que devait ressentir l’impératrice à son époque. Elle définit cette expérience comme "singulière". En plus de ne rien avaler pendant les heures où elle le portait, elle avait du mal à respirer convenablement. "Quand je le mettais, immédiatement pendant qu’on me laçait, je devenais triste. Quand je l’enlevais, la joie et le rire revenaient. Cela s’explique peut-être par le fait que le corset comprime le diaphragme. J’ai lu quelque part que c’est là que se logent nos émotions. C’était une expérience physique intéressante. Quelles retombées psychiques cela a dû avoir sur les femmes de cette époque !".

Cette dernière a si bien compris les émotions et sentiments de son rôle qu’elle a même remporté le Prix de la meilleure performance dans la section ‘Un certain regard’ à Cannes cette année. À ses côtés, on retrouve Florian Teichtmeister dans le rôle de l’empereur Franz Joseph et Finnegan Oldfield dans celui du prince Louis.

Le film 'Corsage' sort dans les salles en Belgique ce mercredi 21 décembre.

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