Les étoiles filantes : Hansie Cronje, de star absolue à paria de tout un pays

En Europe, le cricket est un sport peu développé si ce n’est dans les pays britanniques. C’est tout autrement dans les anciennes colonies de la Couronne et notamment en Afrique du Sud où, à l’instar du rugby, ce sport est extrêmement populaire. Bien plus que le football par exemple. Les joueurs peuvent y acquérir le statut de star. C’était le cas, dans les années 90, de Hansie Cronje.

Mais son statut de star a basculé quand des accusations de matchs truqués ont conduit le joueur vers la sortie. Hansie Cronje avait tout pour lui, du moins en apparence. Son histoire est aussi belle que dramatique, aussi cruelle que criminelle.

La trajectoire sans faute

Issu d’une bonne famille de Bloemfontein, Hansie Cronje est ce qu’on pourrait appeler l’enfant modèle. Des études exemplaires, une prédisposition innée pour le sport et plus particulièrement le rugby et le cricket, et des qualités incontestables de leader. Optant pour le cricket, il devient rapidement un des joueurs clés de Free State et fait ses débuts internationaux une fois que l’Afrique du Sud réintègre le circuit mondial après la fin de l’apartheid.

En 1994, il devient capitaine de l’équipe nationale, le deuxième plus jeune de l'équipe sud-africaine mais surtout le plus jeune depuis la fin du XIXe siècle. Sans être exceptionnel dans ses statistiques, Hansie Cronje l’est dans son attitude sur et en dehors du terrain, parvenant à tirer ses équipiers vers le haut comme personne. Il impose une rigueur presque martiale en équipe nationale, devenant le guide suprême de l’équipe, pouvoir qu’il acquit par son aura.

Son image est aussi parfaite qu’intrigante car, finalement, on ne connait pas grand-chose de sa vie privée. Et c’est là que le bât blesse. Car Hansie Cronje aime le cricket mais plus encore il aime l’argent. Au début des années 2000, à 30 ans, l’image parfaite de Cronje va s’effriter, se briser et entrainer le modèle de tout un peuple sur la pente de la déchéance.

La chute

En mars 2000, alors que l’Afrique du Sud est en Inde pour disputer plusieurs matchs, c’est totalement par hasard que le scandale éclate. Des enquêteurs ont mis sur écoute un homme d’affaires indien, Sanjeev Chawla, actif dans l’industrie des paris. Au téléphone, ils entendent Chawla conclure un deal avec un autre homme afin de truquer des matchs. Cet homme, c’est Hansie Cronje.

Le 7 avril, l’affaire éclate au grand jour. La justice indienne révèle tout ce qu’elle sait et accuse Hansie Cronje de corruption de match, ainsi que plusieurs de ses équipiers qu’il entrainera dans sa chute. Au pays, personne ne peut y croire. Cronje nie en bloc. Et on le suit. Sauf que… Trois jours plus tard, il avoue partiellement les faits auprès du grand boss du cricket sud-africain, Ali Bacher, qui, le lendemain, annonce dépité que Cronje a menti.

Pas de rédemption

En quelques jours, Hansie Cronje chute de son piédestal. La star n’est plus. Une commission d’enquête est mise sur pied, Cronje avoue tout. Il quitte la salle en pleurs, bannit à vie du cricket et entame une longue traversée du désert. La star du pays est désormais honnie. Hansie Cronje va tomber dans une rude dépression, toucher le fond.

Mais petit à petit, l’homme se reconstruit, se refait une santé loin du cricket, dans le monde des assurances. En 2002, le bout du tunnel se rapproche avant que le destin n’en décide autrement. Le 1^er juin, l’avion à bord duquel il se trouve s’abîme sur les montagnes de l'Outeniqua. Aucun survivant. Cronje n’avait que 32 ans. Nelson Mandela, connu pour sa capacité à accorder le pardon, aura ces mots justes : « Voilà un bien jeune homme qui, avec courage et dignité, reconstruisait peu à peu sa vie. La façon dont il accomplissait cela promettait de faire de lui à nouveau un modèle, nous montrant comment nous pouvons surmonter l'adversité. »

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