Les étoiles filantes : Meldrick Taylor et les deux secondes de trop

"A deux secondes de la gloire", c’est ainsi que Meldrick Taylor a choisi de titrer son autobiographie, parue en 2009. C’est dire si le boxeur est conscient qu’en deux secondes, tout a basculé pour lui. En mars 1990, il avait l’occasion de devenir le grand boxeur de sa génération, toutes catégories confondues. Son duel face à Julio Cesar Chavez devait confirmer cela, mais ce combat a duré deux secondes de trop pour l’Américain. 

Un talent !

Meldrick Taylor, c’est un talent précoce, qui explose véritablement aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 où, à 17 ans, il décroche l’or chez les poids plumes, devenant ainsi l’un des plus jeunes champions olympiques de tous les temps. Dans la foulée, le natif de Philadelphie, la ville de Joe Frazier à qui il voulait ressembler, passe professionnel.

En 1988, il devient champion du monde IBF des poids super-légers en dominant le tenant du titre, Buddy McGirt. "J'ai essayé de me faire respecter tout de suite", avoue McGirt. "Mais il tapait 100 fois plus fort que moi. Alors je me suis dit 'oups, il va falloir que je change de tactique.' Mais rien n'a marché." Le perdant de ce combat aurait du affronter Julio Cesar Chavez mais Meldrick Taylor se dit prêt à le remplacer. Son promoteur, Dan Duva, en rajoute une couche et le combat aura bien lieu entre le jeune Taylor et Chavez qui a conquis la ceinture WBC des super-légers.

Domination

Les deux hommes vont se retrouver le 17 mars 1990, dans l'indoor Arena du Hilton de Las Vegas. Quelques semaines avant ce duel, Mike Tyson a chuté face à Buster Douglas. Il y a une opportunité à saisir dans le coeur des Américains. Jim Lampley, journaliste sportif, plante le décor. "Il est juste de dire que Chavez et Taylor figurent tous les deux parmi les cinq meilleurs boxeurs de la planète, toutes catégories confondues. Ce combat peut être un des plus mémorables depuis très longtemps."

Dans la salle de 9800 spectateurs, on compte près de 7000 supporters du Mexicain, Taylor évoluera donc à "l’extérieur". Dès le début du combat, le jeune Américain prend les chose en mains et domine son adversaire grâce à ses coups rapides. Chavez n’a probablement jamais été dominé de la sorte et perd les rounds les uns après les autres. Après neuf rounds, le succès de Taylor ne fait plus l’ombre d’un doute. Mais les choses vont basculer petit à petit. 

En souffrance 

A partir du neuvième round, le visage de Taylor change doucement, il combat quasiment les yeux fermés. Et pour cause, presque passé inaperçu, un crochet de Chavez lors du deuxième round a provoqué une fracture de l’os orbital gauche chez l’Américain. Tout le monde voit qu’il souffre, mais il tient bon, sans pour autant être intelligent dans sa boxe dans les ultimes minutes. Au lieu de gagner du temps et de fuir le combat, il va chercher son adversaire. 

A 24 secondes de la fin, Chavez décoche une droite qui fait vaciller Taylor. Il reste 16 secondes. L’arbitre, Richard Steele, compte jusque neuf et Taylor se remet enfin sur ses jambes. Steele demande deux fois à Taylor "Are you OK ?". Il ne reçoit pas de réponse et stoppe le combat. Le chronomètre officiel va enregistrer l'arrêt du match à deux minutes et cinquante-huit secondes dans ce dernier round. Deux secondes plus tard, Taylor gagnait le combat, mais là, il le perd. L’arbitre restera toute sa carrière droit dans ses bottes, expliquant avoir voulu protéger la santé de l’Américain. 

Victime de plusieurs fractures au visage, Taylor, qui décrochera le titre WBA des poids welters en 1991, ne digérera jamais ce combat. "J'étais prêt à perdre, je peux l'accepter, mais pas comme ça. Je ne peux pas croire que Steele a fait ça dans un match de cette magnitude."

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