Les étoiles filantes : Jack Twyman, l'ange gardien

Sports | Récit d'une histoire d'amitié entre deux hommes. L'un a connu un destin tragique, l'autre a décidé en pleine empathie de l'aider et de le soutenir jusqu'à son dernier souffle. Voici l'histoire de Maurice Stokes et de Jack Twyman, son ange gardien. 

De Pickx

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Le National Invitation Tournament de Basketball est, en 1955, une institution. Il prend place dans le célèbre Madison Square Garden et est considéré comme LE tournoi final NCAA par excellence. Aujourd’hui, il est sous-coté. Mais à l’époque, il a permis à des jeunes talents et futures grandes stars d’être repérées par les plus grandes franchises de la NBA. L’édition de la saison 1954-1955 voit le jeune Maurice Stokes être élu MVP (Most Valuable Player, le meilleur joueur du tournoi).

Dans la foulée de cette excellente prestation, le jeune joueur originaire de Rankin, en Pennsylvanie (près de Pittsburgh) est drafté par les Kings de Sacramento, à l’époque connu sous le nom des Rochester Royals. Par la même, la franchise signe un certain Jack Twyman. Un choix qui aura des répercussions dépassant les simples frontières du basketball.

Le destin tragique de Maurice Stokes

Ayant rejoint les parquets de la NBA, Maurice Stokes débute sa carrière pro de manière impressionnante. Il noircit les feuilles de stats dans des proportions assez rares à l'époque. Sur sa première saison, il atteint les 16,8 points, 16,3 rebonds et 4,9 passes de moyenne. Il est simplement le meilleur marqueur, rebondeur et passeur de sa franchise. La NBA lui décerne le titre de rookie de l’année.  

Cela fait trois saisons que le jeune Stokes de 24 ans brille sous le maillot des Royals maintenant relocalisés à Cincinnati. Le 12 mars 1958, il dispute le dernier match de la saison régulière. Au milieu de la partie, il monte au panier. Victime d'un contact comme il en existe des centaines par saison, il se retrouve déséquilibré. Sa tête vient heurter le parquet, le mettant KO. A l’époque, le "protocole commotion" n'existe pas. Maurice termine le match, que les Royals remportent.

Trois jours plus tard, après avoir enregistré 12 points et 15 rebonds lors d'un match de barrage d'ouverture contre les Detroit Pistons, Stokes se sent mal dans l’avion qui doit reconduire l’équipe à Cincinnati. « J'ai l'impression que je vais mourir », a-t-il le temps d'expliquer à ses coéquipiers, avant de convulser et de tomber inconscient. A l’atterrissage, il est emmené à l’hôpital. Le constat est glaçant. Maurice Stokes ne marchera plus, et n’a plus que douze ans à vivre.

Jack Twyman, l'ange gardien

Dans l’équipe des Royals, Stokes et Twyman ne sont pas amis. Juste collègues. Stokes ne peut plus jouer au basket. Son salaire lui est retiré. Il se retrouve avec 9 000 dollars sur son compte, et des factures d’hôpital qui n’en finissent pas. Mais Jack Twyman décide de l’aider. « Il fallait faire quelque chose et quelqu'un devait s'en charger. J'étais le seul ici, alors je suis devenu ce quelqu'un », confiera-t-il après coup. Twyman, dans son humilité et sa générosité sans limites, passera les douze dernières années de vie de Mo à prendre soin de lui, et à l’aider à payer ses soins.

Les coûts hospitaliers de Sokes s’élèvent par année à 100 000 dollars. Alors que Twyman touche un salaire annuel de 150 000 dollars. Mais cela ne va pas l’arrêter dans son élan de bonté. Entre les deux saisons, le jeune Jack travaille dans les assurances. Il obtient une pension pour Stokes, et organise même un match de charité qui conviera Bill Russell et Wilt Chamberlain. Les stars de l'époque viennent y jouer pour Mo Stokes.

Un héritage pour la NBA  

Cette histoire touchante entre Jack Twyman et Maurice Stokes touchera à sa fin le 30 mars 1970. Stokes est victime d’une crise cardiaque qui l’emportera six jours plus tard. Il était âgé de 36 ans. Jack aura passé des journées entières à aider Mo. Ce n’était pas qu’une histoire d’argent, mais aussi de soutien moral et physique. Twyman aura aidé notamment Maurice à communiquer, son corps l’abandonnant petit à petit. Sans pouvoir parler, il a dû apprendre à s'exprimer avec son seul petit doigt. Il arrivera avant de partir à dire à son ami, « Cher Jack, comment puis-je te remercier ».

Cette belle histoire touchera le monde entier. La NBA décide même de créer le Twyman - Stokes Award. Il honore le meilleur coéquipier de la compétition, sur le parquet mais aussi en dehors, quand les lumières s’éteignent. La vie de cet ange-gardien qu’était Jack Twyman est d’une inspiration réconfortante. En toute humilité naturelle, il expliquera combien Mo Stokes était essentiel pour lui. « En douze ans, je ne l'ai jamais vu avoir un mauvais jour. Je ne l'ai jamais vu perdre le sourire sur son visage. Le voir ainsi, sans jamais se plaindre… Je suis toujours resté admiratif. A mes yeux, il allait si mal que lorsque j'avais passé une mauvaise journée, j'allais voir Maurice, égoïstement, pour dire : 'il faut que je me regonfle’. Et ça ne manquait pas : il me regonflait à bloc. Tout le temps. »

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