Les étoiles filantes : Roger Rivière, la chute d'un coureur incroyable

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Le meilleur rouleur des années 60, peut-être même de tous les temps, aurait du devenir une légende du cyclisme. Mais le destin tragique de Roger Rivière lui enlèvera tout espoir de devenir le grand rival de Jacques Anquetil

De Pickx

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Né en 1936 à Saint-Etienne, le jeune Roger Rivière monte pour la première fois sur un vélo au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Sur la vieille bécane de sa maman, il est déjà plus rapide que ses copains. Dès le début des années 50, il s’inscrit au Vélo-Club Stéphanois. Georges Wambst, champion olympique à Paris en 1924, le repère et le prend sous son aile. Roger Rivière abandonne alors son travail civile pour se consacrer entièrement à la course.

Les succès s’enchainent

Il signe son premier grand succès en mai 1957, battant au Championnat de France de poursuite un certain Jacques Anquetil. En août de la même année, Rivière se lance dans le Championnat du monde. Impertinent, sa personnalité divise. "Je vais gagner le maillot arc-en-ciel, personne ne pourra me battre et je dominerai Albert Bouvet en finale". Ses dires deviennent réalité puisqu’il devient champion du monde de poursuite quelques jours après cette déclaration. Le monde découvre alors ce talent hors normes et intemporel.

Trois années durant, rien ni personne ne pourra le freiner sur la piste. Il remporte deux autres mondiaux en 1958 et 1959. A l’époque, il signe son plus bel exploit juste avant son troisième titre. Dans un duel en poursuite à Vigorelli, il s’oppose à Baldini sur dix kilomètres. Les deux plus grands rouleurs du monde sont alors face-à-face. Et Rivière se montre bien trop fort pour l’Italien.

Dans le 7e kilomètre, il le rejoint pour lui prendre un tour. Les 13 000 spectateurs du Vigorelli scandent alors son nom pendant de longues minutes. Cet instant reste à jamais gravé dans la mémoire du jeune Rivière, alors âgé de 22 ans. Le monde du cyclisme lui aussi, s’en souvient encore.

Vers le Tour de France

Les premières routes du Tour de France pour Rivière sont parcourues en 1959. L’"accord de Poigny" unit Anquetil, Bobet, Geminiani et Rivière. Mais ce pacte n’est qu’un écran de fumée. Aucun des quatre n'est prêt à jouer l'équipier de luxe pour l'un des trois autres. Lors de l’arrivée au Parc des Princes, Anquetil et Rivière terminent respectivement 3e et 4e et sont hués par le public. Ce premier Tour ne laissera que la certitude que Roger Rivière est capable d’endosser le maillot jaune jusqu’à Paris.

Un an plus tard, il revient pour un nouveau Tour de France. A la sortie des Pyrénées, aux deux tiers de ce Tour 1960, la victoire ne peut plus échapper à Rivière, ou Nencini. L'Italien compte 1'38" d’avance sur le Français. Rivière le sait, il a toutes ses chances de pouvoir prendre le maillot jaune sur le dernier long chrono de la boucle, à Besançon, à deux jours de l'arrivée. Le 9 juillet, il confie à sa femme qu’il  est « sûr de gagner le Tour ». Le 10 juillet, Rivière est dans le sillage du groupe maillot jaune. Dans un virage serré, le jeune coureur heurte un muret. Éjecté de son vélo, il est expulsé 15 mètres plus bas.  « Ce que j'ai enduré était si pénible, que j'aurais préféré me tuer sur le coup. Je me suis vu partir. J'ai pensé 'Tu te tues, Roger, tu te tues !' Cela a duré l'espace d'un éclair, d'un instant, mais j'ai eu le temps de penser à des tas de choses, aux miens, à ma maison de Veauche, puis ça a été le choc. Quand j'ai touché mes jambes, dures comme du bois, j'ai compris que j'étais paralysé ».

Destin tragique

Roger Rivière ne restera pas paralysé, mais il ne pourra plus jamais monter sur un vélo. Au moment du Tour de France 1960, il carbure au palfium depuis plusieurs mois. Certains disent que ces pilules auraient eu une influence sur ses réflexes pour freiner et ont eu un impact sur son accident. Mais après sa carrière, il continuera d’en consommer pour atténuer la douleur due à l’accident. Le grand champion est devenu un toxicomane. Ce palfium brûle ses poumons à petit feu. En 1975, on lui découvre un cancer des cordes vocales. Ni l'opération ni la chimiothérapie ne peuvent le sauver… A 40 ans, il s’éteint après une crise d’étouffement. Mais le Champion qu’il était ne cesse de briller encore aujourd’hui.   

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