Aline Zeler préface l'Euro 2022 des Red Flames : "Il faut un changement de philosophie"

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Aline Zeler est la première "Légende de la Pro League" à avoir rejoint le Hall of Fame du championnat de Belgique de football. Ancienne capitaine des Red Flames, elle totalise 111 sélections en équipe nationale et a participé à l’Euro 2017, le premier tournoi international disputé par les Red Flames. Elle préface l’Euro 2022 tout en appuyant sur les choses à améliorer au niveau du football féminin. 

De Pickx

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Bonjour Aline Zeler. L'Euro 2022 approche pour nos Red Flames, que ressentez-vous en tant qu'ancienne capitaine de notre équipe nationale ? 

Aline Zeler : "Il y a de la nostalgie en premier lieu. A l’époque, c’était notre première compétition internationale ! Cela fait déjà cinq ans et depuis, j’ai pris ma retraite en 2019 et les choses ont changé. Je pense qu’il y a moins de maturité dans l'équipe. Je suis curieuse de voir ce que cela va donner. J’ai hâte que la compétition débute pour voir ce que vaut l’équipe."

Que pouvons-nous espérer pour notre équipe qui affrontera l'Islande, la France et l'Italie dans son groupe?

A.Z. : "La préparation a été chamboulée par la Covid. Enormément de filles ont évolué à différents niveaux, dans différentes équipes et n’arriveront pas avec le même nombre de matches dans les jambes. Depuis 2017, de plus en plus de joueuses se sont exportées vers les championnats étrangers avec des rythmes différents par rapport à chez nous. Sauf que notre compétition est affaiblie selon moi qui ai vécu la dernière saison comme coach à Charleroi. La moyenne d’âge c’est 22 ans, c’est trop faible pour revendiquer un bon niveau de football en Belgique, en tout cas, rivaliser avec un bon niveau international. Nous sommes loin du niveau que nous avions en BeNe League. Voilà pourquoi je préconise le départ à l’étranger pour les meilleures joueuses si elles veulent élever leur niveau en attendant que nos joueuses prennent de la maturité chez nous. Cela risque d’être difficile pour les Red Flames d’autant que j’étais étonnée que Lenie Onzia ne fasse pas partie de la sélection. Elle a de l’expérience, cela aurait été son deuxième Euro. Dans l’axe, on a besoin de gens comme elle. Mais ce sont les choix du coach, même s’ils me surprennent un peu."

Pouvons-nous malgré tout envisager une qualification pour les quarts de finale ? 

A.Z. : "Nous devons saisir notre chance. Au coup d’envoi, c’est 0-0. Si on le tient, on peut prendre un point mais si nous encaissons, ce sera très difficile. Notre point faible, on le sait, c’est de faire du jeu, créer des occasions notamment à cause de notre jeunesse et nos capacités athlétiques. Nous savons que ces dernières années, nous encaissons facilement des buts, comme dernièrement face à l’Angleterre en amical. Par rapport à 2017, il faut rentrer directement dans le tournoi et ne pas avoir les chocottes comme à l’époque. Pas mal de filles étaient gênées par l’engouement, le nombre de spectateurs… mais comme nous avions une certaine maturité, à la pause face au Danemark, ce n’était déjà plus la même équipe grâce à notre âge. Nous sommes finalement entrées assez vite dans l’Euro 2017." 

Quelles sont les favorites pour cet Euro 2022? 

A.Z. : "Quand on voit la Hollande qui a été titrée chez elle, c’est forcement un avantage d’avoir ses supporters derrière son équipe. Mais cela ne doit pas tomber dans la surconfiance. Les Anglaises devront faire le jeu, mettre du rythme comme elles l’ont fait face à la Belgique. Après la pause, elles ont eu des consignes et la machine était lancée. Mais il y a d’autres nations comme la France qui est dans une bonne dynamique. Il y a de l’expérience tout comme pour la Hollande, tenante du titre." 

Les Pays-Bas qui ont justement décidé, comme d'autres nations, de fixer les primes pour les femmes au même niveau que celles des hommes. Les Red Flames auront quant à elles 1000 euros brut par victoire. On semble encore loin de la parité chez nous, non ? 

A.Z. : "Cela ne va pas se faire demain et c’est triste. A l’époque, nous devions nous-mêmes durant les rassemblements discuter entre nous, rédiger des propositions et aller les proposer à la direction. Il fallait faire ça entre la vie privée, le boulot, le football… alors que c’était légitime d’en recevoir ! Les hommes en recevaient depuis bien longtemps, nous c’est arrivé en 2013 et c’était des cacahuètes. On nous a même dit d’aller revendiquer ces primes car nous, nous ne savions pas tout cela. Donc je pense qu’elles ont continué même si je ne suis plus dans le groupe. Mais c’est triste. Et la fédération nous dit toujours que pour revendiquer quelque chose, il faut faire des résultats. C’est complètement faux. Il faut arrêter de penser de la sorte, qu’il faut être médiatisé pour avoir du budget. 

Quand Hein Vanhaezebrouck (l'entraîneur de La Gantoise) dit que les Red Flames doivent être plus athlétiques… D’accord la base du commentaire est bonne, mais il faut simplement arrêter de nous donner des terrains en soirée pour nous entrainer et en pensant que c’est en le faisant après notre travail que nous allons devenir des athlètes."

Il faut professionnaliser encore plus le football féminin chez nous ? En faire un boulot et plus un à-côté ? 

A.Z. : "Exactement, et il faut l’encadrement qui va avec. Qu’elles puissent s’entrainer à des heures correctes, en journée tout en pouvant bien récupérer et ne plus devoir faire des sacrifices. Il faut mettre en place une nouvelle philosophie tous ensemble mais c’est politisé à mort. Vanhaezebrouck fait juste une observation en voyant jouer l’équipe de Lyon où elles font cela depuis plus de dix ans en étant professionnelles. Et il compare avec nos Red Flames qui, comme je l’ai dit, sont encore jeunes comme en Super League où la moyenne d’âge est de 22 ans. Ce ne sont pas encore des joueuses aguerries. Les entraîneurs se plaignent de ne pas trouver de défenseuses centrales matures. Mais il n’y en a pas. Moi j’ai commencé à exploser seulement à 25/26 ans et je n’avais que deux entrainements en semaine.

Maintenant quand je vois que OHL a été l’équipe de l’année chez nous, c’est normal. Il y a les entrainements en journée et des moyens financiers qui sont mis par le club. Leur dernier entrainement, c‘est à 17h et après elles ont leur soirée. C’est important pour un bon équilibre de vie. Il faut faire le cercle dans l’autre sens. Donner des moyens pour ne pas devoir travailler en journée. Moi je l’ai fait pendant 15 ans car j’ai une certaine résistance, mais tout le monde ne peut pas le faire. Puis d’autres souhaitent avoir des enfants donc c’est pour cela qu’il faut un nouveau modèle. Et attention, il ne faut pas des chiffres et des contrats comme Mbappé. Il y a juste moyen de mieux utiliser les budgets pour que plus de monde soit professionnel. La première prime que nous avons eue, c’était 200 euros la victoire… Nous devons nous inspirer d’autres pays. L’équipe nationale peut taper du poing sur la table, dire "on ne joue pas". Aux USA, elles l’ont fait et ont été soutenues par les hommes. Pourquoi les Diables Rouges ne feraient pas la même chose? Mais c’est une question de mentalité. Il y aura des résultats seulement en respectant les athlètes."

Les matchs de préparation ainsi que l'Euro 2022 des Red Flames sont à suivre sur la RTBF ou sur Pickx.be ou l'app de Proximus Pickx. Via TV Replay, vous pouvez regarder le programme jusqu'à 36 heures plus tard quand vous le souhaitez, ou également sur le site ou l'app 7 jours après sa diffusion !

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