1967, Franco Bitossi, le coeur en éruption sur l'Etna

Sports | Trois jours à peine après le départ de Budapest, le Giro arrive à un de ses premiers points de fusion, ce mardi, sur les pentes de l'Etna. C'est la septième fois que le peloton escaladera les pentes de lave du géant de Sicile pendant le Tour d'Italie. L'occasion pour nous de nous souvenir de Franco Bitossi, un des plus grands coureurs italiens de l'histoire. Un homme dont le coeur a toujours été en éruption...

De Tagtik

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La première étape de montagne de ce Giro, longue de 166 kilomètres, nous emmène en Sicile, entre Avola et le Rifugio Sapienza, point de départ des télécabines qui montent au cratère sommital, un refuge mythique perché à 1892 mètres d'altitude sur les pentes de l'Etna. Le sommet véritable, lui est plus haut, mais inaccessible au commun des mortels cyclistes, perché à 3 357 mètres, certains jours du moins, la hauteur de l'Etna changeant très fréquemment, au gré des humeurs du volcan.

Au terme d'une montée longue de 22,8 km depuis Biancavilla, elle-même précédée d'une longue entrée en matière montante, le peloton avalera 1 358 mètres de dénivelé avec un pourcentage moyen d'environ 6% et des passages à 14%, juste après la bifurcation vers l'observatoire astrophysique. Un profil qui pourrait déjà écarter les prétendants au général qui ne seraient pas encore à 100 %. Un cadre exceptionnel

Après une série d'éruptions intenses survenues en début d'année 2021, l'Etna ne dort que d'un oeil. Le plus haut volcan en activité d'Europe grogne, fume et crache, ses respirations de gaz et de cendre rythmant la vie des Siciliens. Ses pentes noires et inquiétantes, dans l'immense décor de lave qui recouvre le flanc sud-ouest du géant, offriront un cadre exceptionnel à la dramaturgie cycliste et un premier tournant de ce Giro, dans l'immense décor de lave noire qui recouvre le flanc ouest du géant. 1967 : Bitossi, le Toscan au coeur fou

Le 26 mai 1967, le Giro en est à sa septième étape quand Franco Bitossi, le Toscan au coeur fou, s'impose sur l'Etna. Le natif de la Province de Prato est loin d'être un inconnu : il a déjà remporté le classement de la montagne du Giro en 1964, 1965 et 1966, raflant au passage sept étapes en trois éditions, dont la mythique étape Cuneo-Pinerolo, à revoir en vidéo au bas de cette page. En 1966, il remporte également deux étapes du Tour de France, à Caen et à Turin. Mais Franco Bitossi n'est pas un coureur comme les autres. Son surnom, c'est "Falena", le papillon de nuit. Un sobriquet qui fait allusion à son style de pédalage fluide, qui pouvait donner l'impression qu'il flottait. Sous un naturel simple et calme, Bitossi est un homme agité par un bouillonnement intérieurement. Falena n'est pas son seul surnom. Certains l'appellent 'cuore matto' ou "coeur fou". Les médecins avaient détecté chez le Toscan des problèmes de fréquence cardiaque dès le début de sa carrière. Son coeur pouvait parfois monter sans prévenir à 220 pulsations/minute. On n'a jamais su s'il s'agissait d'un problème d'arythmie ou s'il souffrait de problèmes psychologiques. Certains ont évoqué des attaques de panique. Franco Bitossi, lui, a appris à vivre avec ses soucis, tout en restant un cycliste professionnel, au palmarès long comme le bras avec 171 victoires chez les pros. Suivant les conseils de son cardiologue, il n'était pas rare qu'il s'arrête au bord de la route, le temps que son coeur se calme, laissant le peloton s'éloigner ou le rattraper, car Bitossi était un attaquant-né. Lors des championnats du monde 1972, en vue de l'arrivée, alors qu'il possède une avance apparemment confortable, il est pris d'une de ces crises. Il perd le contrôle de son coeur (et de ses émotions) et il est finalement devancé sur la ligne par son coéquipier italien Marino Basso. Une défaite qui le rendra célèbre pour l'éternité.

La victoire de Bitossi en 1967 sur l'Etna n'est pas son seul fait d'armes : triple Champion d'Italie sur route et deux fois titré en cyclocross, auteur d'un doublé sur le Tour de Lombardie, il a aussi été le premier Italien à remporter le classement par points du Tour de France. 1989 : Da Silva terrasse le grand Lucho

En 1989, sur l'Etna, à une altitude moindre qu'actuellement, c'est le puncheur portugais Acacio da Silva qui s'impose sous l'inoubliable maillot Carrera devant le grimpeur colombien Lucho Herrera. Acacio da Silva, c'est une carrière riche de 53 succès et des souvenirs inoubliables: 4 jours en jaune sur le Tour de France 1989 et 2 jours en rose la même année sur le Giro.

Mais le point culminant de sa carrière, ce n'est pas l'Etna, c'est sa victoire dans son pays d'adoption, à Luxembourg, lors de la Grande Boucle 1989, où il s'adjuge la première étape au sommet du Pabeierbierg, une côte très raide où il va chercher le maillot jaune, qu'il gardera 4 jours.

Il gagnera également des étapes du Tour de Suisse (deux fois meilleur grimpeur) et de Romandie, de Tirreno, le championnat de Zurich. 2011 : Contador éteint Rujano

En 2011, c'est l'Espagnol Alberto Contador (déclassé par la suite à cause de son contrôle positif du Tour 2010) qui avait attaqué à 7 kilomètres du sommet de l'Etna pour devancer le grimpeur vénézuélien Jose Rujano. 2017 : 50 ans après Bitossi, un Slovène bat Zakarin

En 2017, les favoris du Giro, découragés par le vent, se neutralisent dans l'ascension de l'Etna où la victoire revient au Slovène Jan Polanc. Derrière Polanc, vainqueur après une longue échappée, le Russe Ilnur Zakarin est sorti en contre-attaque à l'approche de la flamme rouge. 2018 : Un colibri sur l'Etna : Chaves devant Yates

Cette année-là, c'est le Colombien Esteban Chaves qui s'impose sur les flancs de l'Etna, au terme d'un retentissant doublé avec son coéquipier Simon Yates, qui s'empare du maillot rose de leader. Chaves s'était échappé avec 27 autres coureurs et était arrivé au pied de l'Etna avec une avance légèrement supérieure à la minute. Le "colibri" colombien distançait finalement ses derniers compagnons à 5,5 kilomètres de la ligne. 2020 : Caicedo plus fort que Visconti et Vanhoucke

En 2020, l’Équatorien Jonathan Caicedo devient le deuxième coureur de son pays à remporter une victoire d'étape dans un grand tour après Richard Carapaz. Il s'adjuge la 3e étape du Giro au sommet de l'Etna.

Il triomphe en solitaire en devançant Giovanni Visconti et notre compatriote Harm Vanhoucke.

Le jeune belge de l'équipe Lotto Soudal avait attaqué à 6km du but et a résisté aux attaques successives des favoris pour terminer avec 30 secondes de retard sur Caicedo et 21 secondes d'avance sur un groupe avec Nibali, Fuglsang, Pozzovivo, Majka et Castroviejo. Video: Franco Bitossi - Giro 1964 (Pinerolo)

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