La trilogie du 'Parrain' et ses liens avec la mafia

Francis Ford Coppola peut se targuer d’avoir réalisé l’une des sagas les plus mythiques de l’histoire du cinéma, dont le premier opus est sorti en 1972. ‘Le Parrain’ suit, de 1945 à 1955, les Corleone, une des plus grandes familles de la Mafia américaine. Le film aborde le sujet de la succession du patriarche de la famille, Vito Corleone dit le Parrain (Marlon Brando), et de l'ascension de son plus jeune fils, Michael (Al Pacino). Ce dernier souhaite initialement rester en dehors des activités criminelles de la famille, mais il finit par en devenir le membre le plus impitoyable en raison d’un enchaînement de circonstances tragiques.

Le réalisateur Francis Ford Coppola sera à jamais lié aux trois volets du 'Parrain'. Dans les milieux académiques, ces films sont souvent utilisés pour illustrer les bases des techniques cinématographiques. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont reçu de nombreuses nominations aux Oscars, dont celle du "meilleur montage". 'Le Parrain I' (175 minutes), 'Le Parrain : partie II' (202 minutes) et 'Le Parrain : partie III' (162 minutes) sont tous des petits bijoux. Ils ont propulsé le genre des films de gangsters dans le monde du cinéma. Les interprétations de Marlon Brando, Robert De Niro et Al Pacino apportent un réalisme et une force à cette histoire de mafia qui a marqué les esprits à l’époque de sa sortie. Aujourd’hui, 50 ans après le premier film, la saga continue d’enthousiasmer et est toujours régulièrement diffusée à la télévision. 

Avant la sortie du film, la mafia américaine a fait de son mieux pour empêcher le film d’être porté à l’écran. La production a été attaquée par la Ligue italo-américaine pour les droits civils, un groupe opposé aux stéréotypes italiens. Cependant, cette organisation avait été fondée par Joseph Colombo, chef de la famille criminelle Colombo, qui souhaite que la mafia ne soit pas placée sous les feux de la rampe. Sous ses ordres, la ligue organise des manifestations et des rassemblements pour s'opposer au 'Parrain'. Frank Sinatra s'est même produit lors d'un événement de la ligue au Madison Square Garden, un concert qui a rapporté 500 000 dollars pour la cause.

Quand il fut clair que ces pressions ne feraient pas plier la production du film, Columbo passa à la vitesse supérieure. Des gangsters ont commencé à suivre le producteur du Parrain, Al Ruddy, et ont brisé toutes les vitres de sa voiture. Robert Evans, cadre de la Paramount, reçut un appel téléphonique d'un voyou qui menaçait de blesser son enfant. Pire encore, les bureaux de la Paramount à New York ont été évacués deux fois après avoir reçu des alertes à la bombe. Finalement, Ruddy décida de passer un accord et rencontra Joe Colombo en tête-à-tête. Ils ont convenu que si Ruddy supprimait toute mention du mot "mafia", le tournage du Parrain pourrait se poursuivre. C'était une offre plutôt intéressante, car le terme n'apparaissait qu'une seule fois dans le scénario. Enfin, Coppola pu s'atteler à la tâche. Quant à Joe Colombo, il fut finalement abattu lors d'un rassemblement de la ligue à quelques rues de l’endroit où l’équipe du film tournait une scène. Le gangster inspira le personnage de Joey Zasa, le méchant du 'Parrain III'.

Dès que Joe Colombo eut donné son aval pour le film, de vrais gangsters ont commencé à se présenter sur le plateau de tournage, et Francis Ford Coppola leur donna des rôles. C’est le cas d’Alex Rocco, qui fut impliqué dans le Winter Hill Gang de Boston. Gianni Russo, qui prête ses traits au personnage de Carlo Rizzi, a assassiné trois hommes et a travaillé aux côtés de Frank Costello, mafieux notoire de New York qui a fortement inspiré Mario Puzo pour le personnage de Vito Corleone dans son livre sur lequel se base la saga de Coppola. 

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