Betty Boop : sex-symbol ou arrière grand-mère du mouvement #MeToo ?

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La reine des Cartoons, Betty Boop a 92 ans et pourtant elle n’a pas pris une ride. En devenant le premier personnage humain dans un dessin animé, elle a changé le monde des Toons mais aussi celle de la condition féminine. Qui est donc cette vedette sexy et éternelle ? Réponse ce soir sur La Trois à 20h30, grâce au documentaire, 'Betty Boop For Ever', qui lui est exclusivement dédié.

De Pickx

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Anti- Minnie Mouse

Betty Boop est l’incarnation voire l’avant-gardiste de la femme pin-up des années 40. En effet, ses grands yeux de biche aux long cils, ses accroche-coeurs, sa bouche en forme de cerise, sa petite robe noire, très courte qui laisse entrevoir sa jarretière, font d’elle l’inspiration même de Marilyn Monroe.

Son père le dessinateur Grim Natwick n’avait pas l’intention de dessiner une femme. Au départ, l’idée était de représenter, comme du côté de chez Disney, un animal. Pour être exacte, un petit chien anthropomorphique avec des jambes de femmes. Au fur et à mesure, il a rajouté une robe bustier noire, une jarretière. Les longues oreilles de caniche sont devenus des boucles d’oreille. C’est la raison pour laquelle elle a une tête aussi disproportionnée par rapport à son corps. Le dessinateur de Fleischer Studios avait notamment expliqué s’être inspiré de l’actrice Helen Kane, à l’époque pour créer Betty Boop. Si on fait bien attention, c’est effectivement le cas, on constate que la star de cinéma et elle aussi ont des accroche-coeurs et une grosse tête. La ressemblance est même troublante.

Elle apparait pour la première fois en 1930 dans un des 'talkartoons' des Fleischer. Dans l’épisode ‘Dizzy Dishes’ (‘Le Restaurant en folie’ en français, ndlr), elle fait sensation dans un cabaret aux côtés de Bimbo, le protagoniste sous la forme de chien de la série. Comme Minnie est pour Mickey Mouse qu’une compagne, sa fonction est la même, elle donne la réplique au protagoniste de la série. Et même si elle n’a pas le rôle-titre, elle est remarquable, notamment par la chanson qu’elle interprète en se tortillant sur le refrain 'Boop Boop a Doop'. Un an plus tard, et après une douzaine d’apparitions, on apprend son nom dans ‘Silly Scandals’. Et là, c’est le boom : une star est née. Elle devient alors la vedette de son propre dessin animé.

Une figure du féminisme malgré elle

Pour la première fois des sujets de société sont évoqués dans un dessin animé, beaucoup de personnes ont donc pu s’identifier à elle. Betty Boop est mille et une femmes à la fois : chanteuse de cabaret, secrétaire, infirmière, institutrice, pilote, présidente etc. Elle devient la représentante directe de tout style de femmes, mais aussi le rêve de ce que les femmes peuvent devenir dans la société. Elle est un électron libre dans une société patriarcale où la gent féminine a rarement le rôle principal. Elle véhicule des archétypes opposés de la femme au foyer soumise par son mari. Contrairement à ce que l’on peut voir dans les cinémas américains de la même époque, elle n’est pas la demoiselle en détresse qu’un preux chevalier doit absolument sauver, puis épouser pour devenir une parfaite ménagère. Tout au contraire, elle se débrouille seule, et vit sa vie comme elle l’entend. Malgré sa naïveté et son insouciance, elle cache une force de caractère. Et même si elle est probablement le produit, sous forme de dessin, des fantasmes sexuels d’un homme. Elle est constamment confrontée aux gestes douteux du sexe opposé. Mais dès ses débuts, elle a le toupet de remettre ses harceleurs à leur place, un peu à la manière de #balancetonporc.

Sa féminité et son sex appeal rappellent les ‘Flappers’, ces jeunes femmes américaines qui pendant les années folles, au lendemain de la première guerre mondiale, voulaient bousculer les canons de beauté et les codes sociaux. La jeune femme est rebelle et bien en avance sur son temps, elle boit, fume, fréquente des garçons, porte des jupes courtes et a une coupe courte. Cette volonté de changer la société sera aussi portée par les Sufragettes. Ces militantes britanniques qui dix ans avant la naissance de Betty Boop, défilaient dans les rues en portant du rouge à lèvre écarlate pour réclamer leur droit de votes. Mais notre héroïne se trouve aussi dans une époque charnière du féminisme. Les temps changent à la vitesse de l’éclair. Là, où la société faisait un pas un avant, elle finit par faire dix pas en arrière. Le style aguicheur de notre amie va en prendre un coup lorsqu’en 1934, les États-Unis adoptent le code Hays voté par les conservateurs. Forçant ainsi, notre idole à rallonger ses jupes, à moins montrer son corps, elle a moins de bouclette et sa jarretière n’est plus perceptible. Elle ne se déhanche plus et n’évoque plus la séduction ou encore moins la liberté sexuelle.  Elle devient une mère au foyer qui s’occupe de bébés, ou se consacre à sa carrière de chanteuse. Dans les derniers épisodes qui mettent fin à sa carrière en 1939, elle devient tout le contraire de ce qu’elle représentait, et devient l’incarnation parfaite de la société patriarcale en étant une jeune fille timide, pudique et dominée.

Dans les années 1980, notre héroïne est ressortie de son placard. Elle devient une icône féministe tout d’un coup et sans vraiment de raisons. Peu de gens ont vu les épisodes de la série des années 30. En revanche, les produits dérivés de Betty Boop continuent à être vendus dans cette société nouvelle. Au fil des années, des héritières de Betty Boop ont fait leur apparition au cinéma et dans le monde de la musique. Elles incarnent comme elle le pouvoir d’une féminité ravageuse qui possèdent les hommes et peuvent tout aussi bien les anéantir. Elles n’ont plus rien d’un 'sexe faible', que du contraire. La première qui nous vient à l’esprit est Marilyn Monroe, qui reprendra également certaines expressions de BB et des mimiques 'poupoupidesques'. Le mythe d'une BB indépendante et libérée continue à être véhiculé, sans pour autant qu'elle soit réadaptée à l'écran. Sa seule apparition sera en 1988 dans le célèbre film ‘Qui veut la peau de Roger Rabbit’ de Robert Zemeckis où on l’aperçoit que quelques secondes à peine. Elle est serveuse dans un bar, en noir et blanc, un peu effacée par la nouvelle génération de cartoons colorés. Cette nouvelle ère où une femme fatale peut dominer un homme est représentée par Jessica Rabbit. Face à elle, Betty Boop est complètement effacée. "Elle n’est plus que le symbole d’une féminité passive", elle représente un autre temps et un concept révolu.

Ce n’est que le 27 novembre 2017, lorsqu’elle fera la couverture du ‘New Yorker’ que notre pin-up va s’émanciper et revenir de plus belle. Sur l’illustration, elle est géante, ses yeux sont craintifs, elle est horrifiée face à un homme minuscule qui ouvre son peignoir. L’agresseur de l’esquisse de Barry Blitt représente ironiquement le magnat du cinéma Harvey Weinstein, emporté par la vague #MeToo. Elle devient ainsi la voix des femmes et est désormais capable de dénoncer le harcèlement et la culture du viol.

Regardez ‘Betty Boop For Ever’ ce vendredi 11 mars à 20h30 sur La Trois ou sur Pickx.be ou l'app de Proximus Pickx. Via TV Replay, vous pouvez regarder le programme jusqu'à 36 heures plus tard quand vous le souhaitez, ou également sur le site ou l'app 7 jours après sa diffusion !

Découvrez ‘Qui veut la peau de Roger Rabbit’ maintenant sur Disney+, disponible via l'option TV All Stars ou All Stars & Sports de Proximus Pickx. Rendez-vous sur notre site pour avoir plus d'infos sur cette option TV.

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