Paris-Nice : Sean Kelly, le magicien de la Course au Soleil

Sports | Paris-Nice, qui a débuté dimanche, est une excellente occasion de nous replonger dans notre album de souvenirs et de revenir sur l'incroyable histoire d'amour entre la Course au Soleil et Sean Kelly, l'homme qui a su conquérir 7 fois cette course si difficile et particulière.

De Tagtik

Partager cet article

Comment faire comprendre l'immense talent de l'Irlandais Sean Kelly à ceux qui ne l'ont pas vu courir? Comme souvent, pour mesurer l'empreinte qu'il a laissée dans les palmarès, il faut se replonger dans la riche histoire des statistiques du cyclisme.

Juste derrière les trois monstres sacrés

Seuls 3 coureurs ont remporté au moins une fois les 5 monuments du cyclisme que sont Milan-San Remo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Leurs noms sont faciles à retenir et trônent au sommet du panthéon : Rik Van Looy, Eddy Merckx et Roger De Vlaeminck, les cracks absolus de la course d'un jour. Un empereur, un cannibale et un gitan...


Juste derrière ces trois monstres belges et sacrés, voici la caste des géants, qui comptent 4 monuments différents à leur palmarès. Ils sont six à former ce petit peloton de spécialistes auxquels il n'en manque qu'une : Germain Derycke et Fred De Bruyne ont tout gagné sauf le Tour de Lombardie, Louison Bobet et Hennie Kuiper se sont toujours cassé les dents sur la Doyenne, Philippe Gilbert rêve toujours de La Primavera et Sean Kelly, trois fois deuxième du Ronde (battu par Lammerts en 1984, par Adrie Van der Poel, le père de l'autre, en 1986 et par le regretté Claudy Criquelion en 1987), n'a jamais levé les bras à Meerbeke et ne parviendra jamais à réunir dans sa vitrine les cinq monuments du cyclisme.

Un immense spécialiste des classiques

Au total, Merckx a gagné 19 monuments, De Vlaeminck en a raflé 11, Van Looy, Coppi, Girardengo et Kelly en ayant remporté 9. Ce qui fait de l'Irlandais est un des 4 plus grands spécialistes des classiques de l'histoire moderne du cyclisme. Mais curieusement, la course qui a le plus marqué la carrière de Sean Kelly n'est pas une classique. C’est en effet sur Paris-Nice qu’il a laissé le plus nettement son empreinte, en gagnant la Course au Soleil 7 fois d'affilée entre 1982 et 1988. Un record qui ne sera probablement jamais battu.

1976, les débuts sur Paris-Nice

Mais revenons au début de notre histoire. Nous sommes en 1976 quand Jean de Gribaldy, un fameux dénicheur de talents, repère en Irlande un certain Sean Kelly, qui passe alors le plus clair de son temps sur le tracteur de la ferme familiale. Il lui offre un contrat chez Flandria, sans se douter qu'il vient de mettre la main sur une des plus grosses pépites de l'histoire du vélo.
Quelques semaines plus tard, équipier de Freddy Maertens, Kelly participe à son premier Paris-Nice. Maertens lui apprend les ficelles du métier: le placement, le secrets des bonifications, l'effort parcimonieux et la psychologie très particulière de cette course et de ses étapes stratégiques sur les hauteurs de Nice. L’élève apprend vite : l'année suivante, il se classe deuxième de deux étapes à Saint-Etienne et à Draguignan. Les années passent et Kelly progresse.

L'élève apprend vite

Sur l’édition 1982, toute l'expérience accumulée peut enfin s'exprimer. Kelly, encore perçu comme un sprinter (il a entretemps gagné trois étapes sur le Tour et 7 étapes à la Vuelta!) s'adjuge le classement final de Paris-Nice, faflant au passage 4 étapes et dépossédant Gilbert Duclos-Lasalle du maillot de leader lors du chrono final sur le col d'Èze. La série est lancée.
L'année suivante, en 1983 il fait étalage de son talent tous terrains: puncheur à Tournon, il se fait grimpeur sur le Ventoux en direction de Miramas, se mue en grand descendeur dans le col du Tanneron avant de tailler Zoetemelk en pièces dans le contre-la-montre final à Èze. Du grand art. Après avoir chuté en début de course, il s'était pourtant mis au service de son lieutenant, Jean-Marie Grezet, auquel il laisse le leadership, mais sans pouvoir s'empêcher de disputer tous les sprints. A la veille du chrono final, il est revenu dans la course en plaçant cette attaque en descente dans le Tanneron qui laissent Grezet et Zoetemelk médusés. Avec un deuxième Paris-Nice à la clef.

Duels avec Roche


En 1984 et 1985, sous le maillot Skil puis celui de Kas, il impose sa science innée de la Course au Soleil. En plus des cols, il y a le climat du mois de mars, le froid, le vent la pluie. C'est une course pour les durs qui aiment se faire mal à la gueule. Kelly n'est pas vraiment beau gosse, alors il aime faire grimacer les bellâtres. Mâchoires serrées et menton en galoche, il bat deux fois son compatriote Stephen Roche, pourtant au sommet de son art. Chaque fois pour une poignée de secondes. Le voilà à quatre victoires.

En 1986, 1987 et 1988, il s'impose devant des coureurs comme Laurent Fignon, Jean-François Bernard et Greg Lemond. Rien que du beau monde sur le podium. Pourtant, les organisateurs ont durci la course avec des arrivées au Chalet-Reynard ou au Mont-Faron mais Kelly fait jeu égal avec des grimpeurs comme Ronan Pensec ou Robert Millar. Même les cabris des montagnes ne peuvent empêcher le fermier de Carrick-on-Suir de signer trois nouveaux succès.

King Kelly


Alors, si on vous dit que Sean Kelly, c’est l’homme de deux Paris-Roubaix, deux Milan-San Remo, deux Liège-Bastogne-Liège, une Vuelta, 21 étapes de grands tours, 4 maillots verts et deux Tours de Suisse, ne le croyez pas. Il restera pour toujours King Kelly, le magicien de Paris-Nice. C’était son terrain de chasse, sa cour, son royaume. Il ne lâchera jamais son sceptre pendant un long règne de 7 ans.

En 1989, au grand soulagement de ses adversaires, il décide de ne pas s'aligner sur Paris-Nice. C'est un certain Miguel Indurain qui va lui succéder au palmarès. Kelly reviendra une dernière fois sur "sa" course en 1990 et 1991 mais sans retrouver son trône.

Le roi est mort! Vive le roi !

Video : Best of Sean Kelly



Regardez tout ce que vous aimez, où et quand vous voulez.

Découvrez Pickx Se connecter

Top

Attention : regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de 3 ans, même lorsqu’il s’agit de programmes qui s’adressent spécifiquement à eux. Plusieurs troubles du développement ont été scientifiquement observés tels que passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration et dépendance aux écrans

Top