Dans les coulisses de l’organisation de tournois e-sportifs : une discussion avec Moritz van der Lugt

Info | Ce mois-ci, on vous emmène à la rencontre de Moritz Van Der Lugt. Si ce nom ne vous est pas familier, Moritz est pourtant une personne-clé dans le petit, mais grandissant, écosystème e-sportif du Benelux. Bien loin du devant de la scène, c’est généralement dans les coulisses des différentes compétitions e-sportives qu’il met sur pied avec ses collaborateurs de chez META que le jeune homme de 27 ans évolue. Rencontre avec un passionné de jeu-vidéo, mais aussi un entrepreneur dans l’âme.

De Proximus

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Bonjour Moritz, peux-tu nous expliquer en quelques mots d’où tu viens et qui tu es?

Je m’appelle Moritz Van Der Lugt. Je suis né en Allemagne mais j’ai grandi et toujours vécu dans le nord des Pays-Bas, à Groningen. J’ai d’ailleurs fait mes études à l’Université de Groningen où j’ai étudié l’économétrie. De l’autre côté, je pense qu’on peut dire que j’ai été un gamer à peu près toute ma vie, d’une manière ou d’une autre. Que ce soit en tant que joueur passionné, ou au travers des différents projets que j’ai lancé du côté e-sport. Aujourd’hui, je suis Project Manager pour META, une agence esports à 360 degrés, qui comprend aussi l’organisation de compétitions e-sportives.

Comment cette relation avec le jeu-vidéo a commencé ?

Je suis le dernier d’une fratrie de quatre donc je suis tombé dedans assez jeune. Le premier jeu auquel je me rappelle avoir beaucoup joué c’est Diablo, avec mes frères et mes cousins. Ensuite Counter-Strike est très vite arrivé et je suis toujours resté un gamer dans l’âme.

A l’époque, tu étais donc un joueur comme beaucoup d’autres. Comment le jeune garçon qui jouait à Diablo après les cours s’est-il retrouvé investis dans les coulisses de l’e-sport ?

J’ai toujours trouvé les cours assez ennuyeux quand j’étais plus jeune. Du coup, j’aimais m’investir dans des projets sur le côté, en combinant ça à ma passion pour le gaming. Le premier était les Next Level Gaming Series, un circuit compétitif qu’on avait mis en place avec quelques amis sur DOTA 2. Durant un an et demi, on a organisé près de cinq tournois par semaine en Europe, en Amérique du Nord et même en Australie. J’ai développé cet esprit d’entrepreneur avec d’autres initiatives, comme un webshop de tee-shirts exclusifs. Ca m’a permis d’accumuler plus d’expérience dans le milieu professionnel.

Tu as envisagé d’adapter tes études pour te professionnaliser dans l’e-sport ?

Pas vraiment. L’économétrie est très basée sur les maths et c’est quelque chose qui me plaisait vraiment à l’époque. Les nombres, la logique, le côté analytique, ce genre de choses. Mais je ne me suis jamais demandé “Comment combiner ces études avec mon amour pour l’e-sport ou l’entrepreneuriat ?”. Je me suis dit que si une opportunité se présentait dans ces milieux je la saisirais.

“Quand on en prend en charge des gros projets, savoir compter sur l’expertise de ses collègues est essentiel. “

Tu n’as plus quitté le milieu du gaming par après ?

En fait si. A un moment, je me suis beaucoup plus concentré sur mes études en laissant mes projets entrepreneuriaux sur le côté. J’ai d’ailleurs travaillé dans des milieux assez différents, beaucoup plus liés au côté matheux de mes études. La boite pour laquelle je travaillais en Allemagne a été restructurée et j’ai vu ça comme une opportunité de retourner à mes amours pour l’e-sport. C’est à ce moment que j’ai débarqué chez META. Quand le projet d’ERL de League of Legends est arrivé sur la table, on m’a proposé d’en être responsable.

Les Country Finals de la Belgian League, dont Moritz a participé à l’organisation.

De manière plus pratique, quel est ton rôle en tant que project manager ?

Il y a beaucoup de choses qui constituent mon rôle, qui plus est au vu des autres taches que je remplis pour META en plus de mon titre de “Project Manager.”. De manière générale, je suis chargé de la bonne tenue de la compétition et de faire le liens entre toutes les personnes impliquées dans le projet. Ca recouvre la création des concepts, leur sponsoring, leur design, la manière dont on va communiquer dessus et à quel timing, entre autres.

Du coup, tu dois avoir des journées bien différentes.

Oui. En fait, mes journées changent beaucoup en fonction de la phase dans laquelle le projet se situe. Par exemple, prenons la fusion entre la Dutch League et la Belgian League, ça touche à plein d’aspects différents. Il a fallu créer la nouvelle identité des Elite Series, développer une marque viable autour de celle-ci, trouver des sponsors. Dans le cas de League of Legends, être en contact permanent avec Riot Games était essentiel pour déterminer quel format prendrait la compétition, quelles conditions devaient être respectées, etc. En résumé, ça revient beaucoup à m’assurer que les différentes personnes savent ce qu’elles ont à faire pour que tout s’imbrique correctement et que le projet dont je suis chargé soit aligné avec nos objectifs généraux.

Effectivement, ça n’a pas grand chose à voir avec des études en économétrie. Comment gères tu le fait de devoir toucher à plein d’aspects différents, dont certains dans lesquels tu n’avais peut-être pas beaucoup d’expérience à tes débuts ?

Selon moi, la chose la plus importante pour moi est de me rappeler que je n’ai pas la science infuse. Je travaille avec des personnes qui ont bien plus d’expertise que moi sur certains sujets et il est important que je puisse me reposer sur eux. Je pense d’ailleurs que c’est quelque chose d’essentiel dans la vie d’entreprise. Je pense cependant que la manière de penser que les mathématiques t’imposent m’aident vraiment à garder un regard critique et cartésien sur l’état de mon projet.

“Pousser les Elite Series vers le plus haut niveau de compétition dans le Benelux.”

Vous avez récemment annoncé votre tout nouveau circuit, les Elite Series, regroupant quatre jeux différents. Peux-tu nous expliquer le processus qui a abouti à la création de cette nouvelle ligue, la plus grande de Belgique ?

Nous avions remarqué que la structure utilisée par la Belgian League, composée de deux splits différents débouchant chacun sur des finales, était une bonne recette. Nous l’avons appliquée à notre circuit CS:GO, qui portait d’ailleurs déjà le nom de Elite Series, avant de nous dire que ces différents circuits seraient bénéfiques les uns pour les autres si ils étaient regroupés sous le même drapeau. Nous avons donc sélectionné des compétitions que nous organisions déjà sur ces deux jeux, et sur Rainbow Six, en y rajoutant une compétition sur Rocket League. Le but était vraiment de pouvoir faire progresser ces différents circuits ensemble comme le plus haut niveau de compétition atteignable sur ces quatre titres dans le Benelux.

La restructuration des ERLS de Riot Games, et donc la fusion de la Belgian League et de la Dutch League représentait donc une belle occasion

Exactement. La fusion des deux compétitions impliquait automatiquement la création d’une nouvelle marque. Au dessus de ça, la standardisation des ligues régionales de Riot Games a apporté certains changements au format de la compétition afin que toutes les ligues soient identiques, ou presque. C’est la combinaison de tous ces facteurs qui nous a fait sauté le pas, en perfectionnant les circuits inférieurs comme le Belgian Tour ou l’Open Tour.

Vous mettez d’ailleurs un focus plus important sur ces circuits amateurs. Pourquoi avoir pris cette direction ?

Pour nous, les Elite Series sont pertinentes pour les joueurs qui sont déjà les meilleurs de leur région. Si nous organisions déjà des compétitions amateures, comme avec l’Open Tour Benelux sur League of Legends, ces dernières ne proposaient qu’un nombre limité d’occasions pour les joueurs d’un moindre niveau de s’affronter. On voulait mettre en place un niveau intermédiaire où les joueurs peuvent découvrir cet écosystème compétitif. Ca leur permet aussi de prendre le pli, et de développer un mindset ainsi que des habitudes qui tendent vers la compétition de plus haut niveau, avec des jours de matchs fixes et plusieurs rencontres par semaines.

Une initiative qui offre aussi aux joueurs amateurs une perspective d’évolution au sein de ces différents circuits

Exactement! Ces ligues étant reliées entre elles par des tournois de promotion/relégation, même les amateurs peuvent maintenant rêver à atteindre le niveau le plus élevé de leur région.

Alors que d’autres jeux, comme VALORANT, connaissent un bel essort depuis plusieurs mois, pourquoi avoir choisi Rocket League comme quatrième volet ?

Rocket League a toujours été un titre très populaire en terme d’e-sport. Pas au point d’un jeu comme League of Legends, mais quand même. En réalité, le jeu possède l’avantage énorme d’être un des titres les plus les plus faciles à comprendre, voire le plus facile. C’est littéralement du football avec des voitures, ce qui constitue la meilleure définition que vous pourriez donner à un non-initié. Ca facilite grandement le fait d’attirer un public plus mainstream et étranger à l’e-sport. L’autre facteur, c’est le fait que nous avons une scène très active, avec certains joueurs de classe mondiale et plusieurs compétitions qui avaient déjà lieu auparavant. On avait donc les bases solides pour implémenter le jeu.

Avec la création des ligues régionales sur VALORANT, on aurait cependant pu s’attendre à l’arrivée prochaine d’un circuit Benelux. C’est sur la table à l’heure actuelle ?

VALORANT est un titre e-sport qui connaît une forte croissance depuis un certain temps déjà. L’absence d’une compétition centrée sur le Benelux était perceptible d’après l’expérience des joueurs, des organisations et des organisateurs. L’introduction de la VRL France : Revolution, à laquelle les joueurs du Benelux peuvent participer , est un ajout bienvenu à l’écosystème VALORANT en 2022, mais signifiait qu’il y avait encore un vide à combler pour la grande quantité de joueurs du Benelux à la recherche d’une compétition structurée pour se développer. C’est là qu’intervient le VALORANT Trinity Trials en tant que VRC exclusif pour le Benelux, offrant exactement une telle plateforme pour le jeu compétitif à différents moments de l’année.

Pourquoi ne pas avoir rassemblé cette même compétition avec les autres sous la bannière Elite Series ?

Les Elite Series sont là pour représenter le plus haut niveau de compétition atteignable sur chacun de ces jeux au sein du Benelux. La région étant compris dans la VRL (ligue régionale; ndlr) française, nous ne pouvions prétendre à ce statut pour VALORANT.

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