Mustii continue de surprendre : "J'ai envie d'explorer d'autres territoires"

Musique |

Avec la nouvelle série ‘Monologue’, Proximus Pickx célèbre les talents belges installés ou émergents. Parmi les noms connus, on compte Mustii, le chanteur et acteur qui ne cesse de faire parler de lui. Le 21 janvier dernier, son deuxième album ‘It’s Happening Now’ a été présenté au monde. Après un premier album électro-pop avec ‘21st century boy’ qui a fait de nombreux concerts sold-out, il revient musicalement sur des sonorités plus rock et explore les méandres d’une histoire de famille.

De Pickx

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Bonjour Mustii ! Dans ‘Monologue’, vous nous racontez vos débuts dans le théâtre et comment la scène vous a libéré de votre timidité. Est-ce la même chose pour la musique ?

Mustii : "Bonjour ! Disons que moi j’ai commencé par le théâtre et le métier d’acteur, la musique est venue après. Et j’avais déjà enclenché le travail avec le théâtre. Du coup, c’est sûr que la musique m’ouvre d’autres portes. J'ai découvert d’autres choses grâce aux concerts, d’autres facettes de moi-même. Mais pour moi c’est une autre forme de théâtre aussi, une forme de jeu, la scène et les concerts. Je mets tout ça dans le même panier. Je me suis vraiment découvert grâce aux performances et à la scène. Ça m’a permis de m’exprimer plus facilement dans la vie et en général."

Est-ce que les deux arts se complètent pour vous ?

M. : "Complètement ! Je ne peux pas faire de hiérarchie ou de choix, j’utilise vraiment tous les outils à disposition. Mais en gros, le théâtre et le jeu ça reste quand même mon rêve d’enfant et c’est par là que j’ai commencé. Ce n'est pas un choix, c’est juste que pour moi, ce sont les bases, c’est là que j’ai appris vraiment le travail scénique et tout ce qui va avec. Et je pense que c’est la rigueur du théâtre qui permet ça. J’utilise les outils du théâtre pour les concerts. Je n’ai pas envie de choisir. Et puis tant que l’on a tous les outils à disposition, autant les utiliser. Aujourd’hui, je pense que les artistes sont de plus en plus multidisciplinaires et tant mieux ! Je crois que le public est en demande de ça aussi."

Vous mentionnez à un moment donné que vous avez des problèmes à vous sentir crédible. Est-ce en tant que chanteur ?

M. : "Vu que j’ai commencé par le jeu et que c’est ma formation de base, je l’ai un peu moins dans ce domaine-là. En musique, j’ai plus l’impression d’arriver en « touriste » parce que ce n’est pas à quoi j’étais prédestiné. Je ne pensais pas faire ça de ma vie. Là, c’est vrai que c’est entré dans ma vie par surprise. Et je me suis rendu compte que je prenais autant de plaisir que pour le jeu.

C’est vrai que parfois je dois me convaincre que moi aussi j’ai ma place et qu’il n’y a pas de raison d’en douter. Je suis aussi quelqu’un de vite intimidé par les autres artistes en festival quand je les croise. Le seul moment où je me sens vraiment dans mon élément, c’est sur la scène. C’est un peu bateau mais c’est sincère. C’est vraiment là où je me dis que j’ai ma place. Il faudrait que j’utilise cette même énergie que je ressens sur scène en dehors pour me dire que je suis tout à fait valide. Il faut aller de l’avant et assumer son propos sans avoir peur du jugement des autres. Il faut d’abord faire un travail sur soi et être en accord avec soi-même, avec ce que l’on ressent à l’intérieur, j’ai l’impression."

Il y a une raison particulière quant à l’utilisation de votre vrai nom Thomas Mustin au théâtre ou au cinéma et du nom de votre alter-ego Mustii pour la musique ?

M. : "Mustii, c’est mon nom de famille détourné. Je trouvais ça intéressant pour le projet musical d’avoir quand même une petite distance par rapport à mon propre nom pour créer une sorte de silhouette ou d’alter-ego, de personnage auquel on peut s’identifier. Et même si c’est un peu fictif, pour moi il s’agit d’une évolution de moi-même. C’est un moi exposant 10, où j’ai l’impression de vivre mes émotions de manière beaucoup plus intense quand je suis sur scène en tant que Mustii. Ce sont mes propres émotions et ça vient de mes tripes. Je détourne mon nom, mais ça reste quand même mon nom. Ce n’est pas quelqu’un d’autre."



Dans le premier album ‘21st Century Boy’, vous y incarniez un jeune adolescent ayant vécu une tuerie dans une école. Ici, dans ce dernier opus, appelé ‘It’s Happening Now’, vous vous glissez dans la peau de votre oncle. Au final Mustii, c’est plusieurs alter-ego en même temps, un peu comme David Bowie ?

M. : "Pour Bowie, ce sont vraiment des personnages qu’il incarnait. ‘Ziggy Stardust’ et les autres, il les incarnait à fond sur scène. Ici, moi je ne les incarne pas. Je crée des personnages qui sont des fils rouges pour mes albums. En revanche, sur scène, c’est Mustii. Je garde toujours une distance. Par exemple, sur cet album-ci, je m’inspire librement de mon oncle dans le texte. L’album est presque entièrement écrit à la première personne du singulier. Je prends sa place dans le texte mais sur scène je ne vais pas le jouer. Je ne veux pas incarner mon oncle. Ce n’est pas le but. J’ai l’impression que ce serait un peu de mauvais goût. Je dois garder une distance, effleurer l'incarnation...

Est-ce que ce dernier album est plus personnel que le premier ?

M. : "Complètement ! Déjà par rapport à la thématique qui est liée à ma famille. Rien que par le choix du thème, il y a quelque chose de plus personnel. Et puis musicalement j’ai l’impression d’aller plus vers ce que j’écoute à la base. Mes références et mes influences sont plus rock et un peu plus organiques. Le premier album était plus électro-pop, il était plus ce que j’écoutais à l’époque. Là je retourne vraiment vers des choses que j’écoutais adolescent ou que j’ai entendues grâce aux vinyles de mon père, des sons plus rock. J’ai baigné dans ‘The Rolling Stones’, du ‘Bowie’, et tout ça. C’est vraiment ça que j’écoutais toute mon adolescence.

Je me sentais bien à l’époque quand je faisais de l’électro-pop. Maintenant, j’ai envie de passer à autre chose. Je ne veux surtout pas rester sur mes acquis, j’ai envie d’explorer d’autres territoires. C’est vraiment mon leitmotiv en musique. Chaque album doit être une période différente, faire des expérimentations différentes, travailler avec des gens différents. Pour moi, c’est le but. Si je fais de la musique, c’est vraiment pour ne pas rester dans ma zone de confort."

Grâce à ‘It’s Happening Now’, vous abordez un sujet sensible, celui de la schizophrénie. Quel message voulez-vous apporter avec votre album ?

M. : "J’essaie vraiment d’éviter de donner des leçons. Mon but c’est vraiment de parler d’un personnage hors-norme et extraordinaire en l’occurrence qui fait partie de ma famille. Mais, par contre, si la conséquence c’est de pouvoir libérer la parole ou encore que des gens se sentent touchés, c’est génial. J’ai déjà eu des messages dans ce sens. C’est le rêve ! Je ne voudrais surtout pas parler de la schizophrénie d’un point de vue scientifique, parce que c’est trop complexe, ni donner des leçons ou faire passer un message. Moi, je préfère que l’auditeur ait sa liberté d’interprétation et le laisser travailler son imaginaire. Je ne veux rien imposer."


Vous semblez être une personne positive, mais vous incarnez toujours des thématiques assez sombres comme la schizophrénie, le suicide ou vous jouez des personnages assez troublés au théâtre, au cinéma ou à la télévision. Est-ce un hasard ?

M. : "C’est vrai que je joue souvent des rôles de personnes assez torturées. Après, je pense que moi, ce qui m’intéresse le plus, ce sont les personnages hors-normes. Je crois que pour un acteur, ce sont les rôles les plus intéressants. C’est toujours moins profond, toujours plus lisse quand tout va bien. Je préfère effectivement quand il y a une faille, en tout cas pour l’acting.

Pour la musique, c’est vrai que j’ai l’impression que c’est plus intéressant de contraster les choses et de ne pas se répéter avec une thématique ‘feel good’ sur une musique ‘feel good’. Je crois qu’il faut contraster, faire confronter les choses. C’est comme ça que moi, je m’épanouis. Après, j’ai une tendance à aller de l’avant et à être plutôt quelqu’un de positif en général. Mais après, derrière, ça travaille et je suis aussi un gros angoissé. C’est ni blanc ou noir, il n’y a rien de binaire. En arts, c’est pareil, je crois qu’il faut éviter la simplicité et les choses binaires."

En tant que comédien, comment avez-vous vécu l’exercice de vous mettre en scène pour ‘Monologue’ ?

M. : "Je trouvais le tournage super intéressant parce qu’encore une fois on a utilisé de la fiction pour derrière dire quelque chose de très intime, de très personnel. Du coup, on a fait contraster la fiction et le réel. Je trouve que c'est un exercice hyper intéressant. En plus, l’équipe était vraiment au top. J’en garde un très bon souvenir. Je trouve que l’exercice est du coup plus facile de passer par l’imaginaire, de créer une narration avec des personnages pour révéler un texte qui lui est très intime, très personnel. Le fait de confronter les deux, je trouvais ça beau et l’idée très bonne. J’ai vraiment apprécié l’expérience. C’est une formule ultra originale."

Découvrez Mustii et bien d’autres artistes belges dans la série ‘Monologue’. ’Monologue' est maintenant disponible via ce lien sur Pickx.be et via l'application Pickx.

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