Le directeur de l’Ancienne Belgique, Tom Bonte, commente le documentaire ‘AB : Back To Live’

Musique |

La série en trois épisodes ‘AB : Back To Live’ montre les coulisses de la réouverture de l’Ancienne Belgique. Un documentaire qui était censé célébrer le retour du monde culturel et festif permis par le recul de la pandémie… mais il en a été autrement. Proximus Pickx en parle avec Tom Bonte, directeur général de l’AB, et revient sur cette montagne russe d’émotions. 

De Pickx

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Le 5 septembre 2021, c’était le jour J. Cette libération était tant attendue par le secteur de la musique tout entier. C’était le cas à l’Ancienne Belgique, impatiente de pouvoir proposer à nouveau des concerts après un an et demi de fermeture. En coulisses, Tom Bonte venait d’être nommé nouveau directeur général de l’une des meilleures scènes musicales du pays. Il a repris les rênes en juin 2020 et a dû patienter pour pouvoir faire vibrer l’Ancienne Belgique grâce au plaisir des concerts en terres bruxelloises. 

Tom Bonte : "Bien sûr, de nombreuses entreprises et organisations ont dû fermer leurs portes pendant longtemps, mais c’est tout à fait différent dans le cas de la musique. La musique est faite par et pour les gens, elle nous relie et crée une expérience commune. Ce premier concert de Flavia Coelho et Chicos y Mendez était sans précédent, les personnes qui travaillent à l’Ancienne Belgique depuis longtemps pourront le confirmer. Les applaudissements en fin de concert ont duré 15 minutes. On retrouve ce sentiment d’enthousiasme et de pure décharge dans le documentaire. Tout le monde se disait : ‘ça y est ! Nous sommes enfin sortis de cette crise !’"

Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévues… Comment votre personnel et vous considérez ce documentaire aujourd’hui, à la lumière des nouvelles mesures ? 

T.B. : "C’est l’ironie du sort, oui. La semaine dernière, nous avons organisé une réunion du personnel en ligne et nous avons regardé l’avant-première ensemble… C’est un sentiment partagé. Au départ, nous étions très heureux à l’idée de transformer la réouverture en série documentaire. Après un an et demi de fermeture, nous nous sommes sentis comme un phoenix qui renaît de ses cendres. Ça se ressent dans la série, l’énergie des artistes et du personnel est vraiment communicative. Après, c’est difficile à regarder sachant que nous sommes à nouveau fermés. Ça donne un sentiment étrange, que la série sorte justement maintenant. Mais ça reste positif car le documentaire montre comment les choses peuvent et doivent être. C’est un signe d’espoir."

Le calendrier de l’Ancienne Belgique affiche beaucoup d’annulations jusqu’à la mi-janvier. Après ça, pensez-vous pouvoir à nouveau travailler à plein régime ? 

T.B. : "C’est toute la difficulté de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Pour la sérénité de tous, il serait préférable d’avoir dès maintenant de la clarté sur la situation sur le long terme. De cette façon, on annule les événements jusqu’à la fin février et on évite d’avancer à l’aveugle. Mais que faire s’il s’avère entre temps que le variant Omicron n’est pas si menaçant que cela et qu’on peut ouvrir plus tôt ? Nous aurions annulé tous les concerts pour rien. 

Rester ouvert dans ces conditions n’a pas de sens. Une salle de 2.000 personnes dans laquelle seules 200 personnes sont autorisées, ce n’est pas rentable. Avec les masques et les places assises obligatoires, cela crée une stérilité qui empêche de profiter de l’expérience d’un concert. Nous attendons donc et visons le 1er février. Nous comprenons que des mesures soient prises, mais nous avons besoin de perspectives."

Vulnérable mais importants

Pour vous à titre personnel, cette réouverture a dû avoir une signification toute particulière : en plus d’un an en tant que directeur de l’AB, vous n’avez pas encore pu assister à un concert. Comment l’avez-vous célébré ? 

T.B. : "Je suis un peu trop rationnel pour me laisser aller à la naïveté. J’ai donc pris en compte tout ce qui aurait pu mal se passer, mais je me suis malgré tout laissé emporter lors de ce premier concert. C’était vraiment une soirée spéciale. C’est une coïncidence, mais les artistes y ont été pour beaucoup car ils jouaient une musique du monde ultra festive. Ça aurait très bien pu être Low, que j’adore aussi, mais ça n’aurait pas vraiment été de la musique de fête (rires). J’ai vraiment ressenti l’énergie ce soir-là et j’ai soudain réalisé une nouvelle fois pourquoi nous et les artistes que nous accompagnons réalisons tout ça : pour rassembler les gens et vivre quelque chose de fort ensemble. La pandémie m’a appris à adopter encore plus la devise ‘carpe diem’."

Au cours de l’année écoulée, votre travail a surtout dû ressembler à de la gestion de crise ? 

T.B. : "En tant que manager, on essaie de s’assurer que le navire ne coule pas, mais le contact humain m’a énormément manqué. Il a été très difficile d’apprendre à connaître mes employés alors que nous travaillons tous principalement à domicile. Et lorsque nous pouvons enfin nous rencontrer, c’est avec un masque sur le visage. Ça empêche de se connaître, parfois même de se reconnaître. Sans compter les perturbations auxquelles on a dû faire face, d’un point de vue mental. Je devais constamment faire passer le même message : nous ne pouvons rien estimer sur le long terme. Tout le monde pensait qu’en 2022, tout irait à nouveau bien, mais nous sommes mieux informés aujourd’hui." 

Comment les mesures beaucoup plus strictes prises récemment ont-elles affecté vos équipes ? 

T.B. : "C’est un coup dur. Jusqu’à présent, l’équipe de l’AB a bien tenu le coup, mais nous n’avions pas vu venir cette vague - et son ampleur. Tout le monde a compris que ça allait impacter notre manière de faire les choses."

Est-ce là ce qu’on peut retenir de l’année et demie qui vient de s’écouler : la vulnérabilité, et en même temps l’importance du secteur culturel ? 

T.B. : "Nous sommes vulnérables à tous les niveaux. Sur le plan financier, par exemple, avec l’importance des subventions pour un fonctionnement de qualité. Mais aussi sur le plan social. Les équipes en ont déjà fait l’expérience il y a 5 ans des suites des attaques terroristes du Bataclan, puis ici à Bruxelles. A l’époque, la salle a également dû fermer ses portes pendant un certain temps. A la lumière des événements d’aujourd’hui, cela prend une perspective complètement différente. Nous vivons un peu la même chose face au Covid : la menace ne disparaîtra jamais complètement. Cette vulnérabilité, on la ressent donc de plein fouet. Et en même temps, je pense que cela prouve plus que jamais l’importance de la culture. Plus vite on se débarrasse de toutes ces mesures, mieux c’est."

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