1980: Pol Verschuere vole le bouquet des sprinteurs sur les Champs

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Arrivée royale sur les Champs, emballage massif sur la plus belle avenue du monde, dernier baroud sous l'Arc de Triomphe, parade festive en forme de formalité pour le maillot jaune, ce ne sont pas les superlatifs qui manquent pour décrire la dernière étape du Tour de France. Une étape qui se joue toujours au sprint. Toujours... ou presque !
 

De Tagtik

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Depuis 1975, la dernière étape du Tour, qui s’élancera ce dimanche de Saint-Quentin-en-Yvelines, s’achève immanquablement sur les Champs-Elysées. Au terme de cette étape de prestige qui commence par une parade décontractée, où les porteurs des maillots distinctifs boivent tranquillement le champagne devant les caméras, l'arrivée sur les Champs est un must absolu sur le palmarès d'un sprinteur.

L'an passé, c'est Jasper Philipsen qui s'était imposé sur la plus célèbre avenue du monde, succédant ainsi à Wout van Aert, vainqueur sur les Champs en 2021. Wout, qui est rentré chez lui pour les raisons que l'on sait ne pourra pas récidiver, mais Jasper, lui, peut rêver d'un tonitruant doublé.

Mais la dernière étape du Tour ne s'est pas toujours jouée sur les Champs. Avant 1975, les coureurs achevaient leur calvaire de trois semaines au Parc des Princes (jusqu'en 1967) puis sur la piste du Vélodrome municipal de Vincennes, de 1968 à 1974. Tout le monde se souvient encore des images de Merckx à la "Cipale", lors de sa première victoire dans le Tour, en 1969.

Godefroot pour la première

Mais qui a eu l'idée d'organiser le bouquet final du Tour sur les Champs-Elysées? Felix Levitan, le patron du Tour et Yves Mourousi, célèbre présentateur du journal télévisé de TF1, ont cette brillante intuition en 1974, et soumettent immédiatement leur projet à Valéry Giscard d'Estaing, fraîchement élu président de la République. Le chef de l'Etat donne sans hésiter son accord. Une tradition est née.

La première arrivée sur les Champs a lieu le 20 juillet 1975, au terme d'une étape en ligne comportant 25 tours de circuit. Le Belge Walter Godefroot l'emporte au sprint et le Français Bernard Thévenet, vainqueur du Tour, reçoit le maillot jaune des mains du président de la République.

Cavendish pour une cinquième ?

Depuis, les sprinteurs ont (presque) toujours été au rendez-vous sur la plus belle avenue du monde. Vainqueur quatre fois consécutivement de 2009 à 2012, Mark Cavendish est le recordman absolu de victoires. Ce n'est pas cette année qu'il pourra ajouter un cinquième succès à sa collection. Viennent ensuite cinq coureurs auteurs d'un doublé : André Greipel (2015, 2016), Marcel Kittel (2013, 2014), Robbie McEwen (1999, 2002), Djamolidine Abdoujaparov (1993, 1995) et... Bernard Hinault (1979, 1982), qui n'est pas vraiment un sprinteur et qui est aussi le seul maillot jaune à s'être imposé (deux fois) sur les Champs. La première fois, il s'était échappé dans la Vallée de Chevreuse avec son dauphin Joop Zoetemelk, la seconde il avait dominé le peloton au sprint (nous y reviendrons).

Le reste du palmarès ressemble à un 'hall of fame' de l'emballage final : Freddy Maertens, Eric Vanderaerden, Guido Bontempi, Jean-Paul Van Poppel, Johan Museeuw, Olaf Ludwig, Fabio Baldato, Nicola Minali, Tom Steels, Jan Svorada, Jean-Patrick Nazon, Tom Boonen, Thor Hushovd, Daniele Bennati, Gert Steegmans, Dylan Groenewegen, Alexander Kristoff, Caleb Ewan, Sam Bennett, Wout Van Aert et Jasper Philipsen ont tous été cueillir cette victoire tant convoitée sur les Champs.

46 arrivées, 37 sprints

Depuis 1975, seuls huit coureurs sont parvenus à éviter un sprint massif sur les Champs. En 1976, le Hollandais Gerben Karstens, pourtant excellent sprinteur, attaque dans la rue de Rivoli et s'impose avec quelques longueurs d'avance. En 1977, le Français Alain Meslet, 10e du Tour cette année-là, l'emporte en solitaire. L'année suivante, le Hollandais Gerrie Knetemann domine un petit groupe de 4 échappés (René Martens, Henk Lubberding, Adrie Den Hertog).

En 1979, Bernard Hinault, avec le maillot jaune sur les épaules, bat Joop Zoetemelk, son dauphin, avec lequel il s'est détaché dans la Vallée de Chevreuse. En 1987, l'Américain Jeff Pierce, s'impose après avoir attaqué sous la flamme rouge. En 1994, un Français s'impose, en résistant au peloton lancé à ses trousses : Eddy Seigneur. Enfin, en 2005, le Kazakh Alexandre Vinokourov franchit également la ligne tout seul, quelques secondes avant le gros de la troupe.

En 1989, Greg Lemond s'était, lui, imposé sur le chrono organisé cette année-là sur les Champs en privant, pour 8 petites secondes, Laurent Fignon d'un troisième succès dans la Grande Boucle.

1980 : Verschuere frustre Kelly

Mais parfois, les Champs-Elysées révèlent, comme par magie, le nom d'un inconnu. Connaissez-vous Pol Verschuere, un modeste flandrien qui reste, à ce jour, le seul coureur belge à s'être imposé sur les Champs, mais sans gagner au terme d'un sprint massif? En 1980, à 3 kilomètres de la ligne, Verschuere n'est toujours qu'un obscur équipier, censé protéger le leader de sa formation (Ijsboerke), le Champion de Belgique Jos Jacobs. Parfaitement dans son rôle, il répond à une attaque de Ferdi Van den Haute (La Redoute) et se cale dans sa roue.

Au sein du peloton, Jacobs, Sean Kelly et Leo Van Vliet se neutralisent et Verschuere s'impose en résistant de justesse au retour désespéré de l’Irlandais. A la télévision française, le commentateur ne connaît pas son nom et donne Van den Haute vainqueur avant de se raviser quelques minutes plus tard... Trois étapes en quatre participations

Le plus fou, c'est que Pol Verschuere n'en restera pas là, puisqu'il s'imposera encore deux fois sur la Grande Boucle.

En 1982, au sein de l'équipe Vermeer, il gagne la septième étape à Concarneau, en réglant de sa pointe de vitesse un groupe d'échappés comprenant Théo De Rooy, Guy Nulens, Pascal Poisson, Ad Wijnands et William Tackaert. Au sprint, il faudra la photo-finish pour départager Wijnands et Verschuere, qui signe la deuxième victoire de sa carrière sur le Tour. Il est même à deux doigts de s'imposer à nouveau à Paris cette année-là mais il est repris à 50 mètres de la ligne par le peloton et.. Hinault qui gagne au sprint !

En 1986, sous le maillot Fagor, il s'impose lors de la première étape à Sceaux, en battant ses compagnons d'échappée Michel Dernies et Gerrit Solleveld. Curieusement, ces 3 victoires sur le Tour constituent l'essentiel de son palmarès. Champion de Belgique et vainqueur de Paris-Roubaix chez les amateurs, il n'a pour le reste quasiment rien gagné en 13 ans de carrière. Toujours au services des autres (Pollentier, Maertens, Jacobs), le Courtraisien n'est sorti de l'ombre que 3 fois. Mais quel triplé !

(LpR/Picture: Belga)

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