Jérôme Giersé, Directeur Musique à BOZAR: “La seule personne présente dans cette salle de 2200 places avec les musiciens c’était moi”

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Directeur musical au Palais des Beaux-Arts depuis octobre 2020, Jérôme Giersé fait face à de nombreux défis, notamment, et pas des moindres, à ceux liés à la pandémie. Les annulations l’ont amené à repenser sa programmation au format digital, qui, cette année, met à l’honneur Beethoven. “Recréer un concert live sans avoir le public, c’était un défi pour beaucoup de musiciens”, confie-t-il. Le duo Lusine et Sergey Khachatryan en ont fait l’exercice avec un concert à découvrir sur Pickx Live. 

 

De Pickx

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Pour quelle raison avez-vous mis à l'honneur l'illustre Beethoven ?

Jérôme Giersé : “En 2020, on a fêté le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven à travers le monde. C’est particulier car il y a peu de compositeurs dont ce genre d’anniversaire aurait pu avoir un tel retentissement mondial. C’est vraiment le compositeur dans le domaine classique qui fait l’unanimité. On l’écoute du Japon au Brésil en passant par la République démocratique du Congo. Tout le monde voue la même passion à la musique de Beethoven. Dans ce cadre là, nous avons réalisé une grande exposition ‘Hotel Beethoven’ sur la manière dont il a continué à vivre après sa mort, et aussi des concerts.”

Pourquoi avoir sélectionné le duo d'artistes Lusine et Sergey Khachatryan ? 

J.G:: “Le duo est bien connu du public bruxellois, entre autres parce Sergey Khachatryan a gagné le Concours Reine Elisabeth de violon en 2005. Ce qui lui a donné une grande visibilité. Les musiciens qui gagnent ce concours sont toujours un peu comme chez eux après. Le public leur reste fidèle car ils les ont fait rêver en les suivant durant plusieurs semaines. En plus, Sergey est une personnalité musicale merveilleuse, attachante et un virtuose prodigieux. En même temps, c’est quelqu’un qui fait de la poésie quand il joue. De fait, ça s’imposait de produire un concert avec ce duo magnifique qu’il forme avec sa sœur. Aussi, ce concert ne rassemblait pas que l'œuvre de Beethoven, mais également celle de l’arménien Arno Babajanian. Chez ce dernier, ce qui est intéressant c’est sa technique d’écriture très classique, qu’il doit d’ailleurs à Beethoven, et ses influences de jazz, de rock ou de la musique traditionnelle de son pays. Le duo a donc proposé ce compositeur, en plus de la ‘Sonate du Printemps’ de Beethoven.” 

Comment vous-êtes vous adapté à la crise du covid ? 

J.G: “En réponse au second confinement et aux annulations d’octobre, nous avons voulu garder les projets en cours mais aussi en programmer d’autres. L’objectif était d’en faire des événements digitaux à 100%. Fin de l’année 2020 et début 2021, nous avons réalisé une série de concerts autour de Beethoven. Le concert de Lusine et Sergey Khachatryan a été programmé dans le cadre d’un festival digital pour les fêtes de fin d’années. Le streaming a été un élément essentiel de notre survie durant toute cette période. Non seulement c’était un service que l’on rendait au public, mais aussi une manière de faire vivre les artistes et d’assumer notre mission première. Même si l’expérience physique vécue, entre le public et les artistes, est primordiale à Bozar, le digital offre une complémentarité. Nous avons énormément appris de la crise du covid et cela nous a permis de nous réinventer et d’apprendre pour le futur.” 

L’enregistrement du concert au Palais des Beaux-Arts était-il compliqué ? 

J.G: “Durant l’enregistrement du concert, la seule personne qui était dans la salle avec le duo c’était moi. Alors qu’on était dans une salle de 2200 places, on s’est fait la réflexion que c’était vraiment une situation que l’on espérait ne pas voir durer. C’est profondément anormal. Depuis ce ‘concert’, il n’y a d’ailleurs plus rien eu en présentiel dans nos salles. L'enregistrement est surtout un drôle d’exercice pour les musiciens. Recréer un concert live sans avoir le public, c’était un défi pour beaucoup de musiciens. Il n’y a pas cet élément de réciprocité qui peut se passer durant un concert. Ils doivent donc jouer en pensant que le public est virtuel, décalé dans le temps et l’espace. Mais c’était très important que cet enregistrement soit pensé comme un concert."

Comment envisagez-vous les prochaines semaines avec les nouvelles mesures ? 

J.G: “Normalement, le dernier Codeco (Comité de concertation, ndlr.) a pris des mesures qui nous permettent de rouvrir avec une jauge limitée à partir du 9 juin. Des concerts sont prévus à partir de cette date et nous allons les réactiver pour que les gens viennent. Le 12, nous avons d’ailleurs une série de 9 soirées où l’on est en plein air avec un festival multifacette qui comprend de la musique classique, de l’électro, du contemporain, de la musique du monde, de la poésie… Cela se déroulera dans la cour du musée du Palais du Coudenberg. Un piano sera installé dans un container en Plexiglas, et tous les soirs il y aura un concert. Notre volonté est vraiment de rassembler les musiciens et le public, et, espérons-le, avec un nombre limité de personnes assez élevé.

Le récital de 'Sergey & Lusine Khachatryan' est à découvrir le 27 mai à 20h30 sur Pickx Live (chaîne 11), sur Pickx.be via ce lien ou l'app de Proximus Pickx. 

Regardez tout ce que vous aimez, où et quand vous voulez.

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