Ces musiques classiques ont une histoire fascinante

Musique | Elles peuvent être subtiles, violentes, ou d'une beauté à vous glacer le sang. La musique classique peut revêtir de nombreuses facettes et susciter un large éventail d'émotions. Derrière ces chefs d'œuvre se trouvent souvent une belle histoire, Proximus Pickx en a choisi quelques-unes.

De Pickx

Publié le 25.05.21

3min

La 'Sonate des trilles du Diable' (1713) de Giuseppe Tartini

De la poésie à la peinture en passant par le cinéma et bien d'autres choses encore, le monde des rêves a déjà inspiré bien des chefs-d'œuvre... Si le fait qu'un artiste se réveille inspiré n'est pas quelque chose de d'étonnant, l'histoire est toujours intéressante lorsque les artistes sont hantés par leur création. C'est le cas de la Sonate pour violon en sol mineur de Giuseppe Tartini.

Ce morceau, connu sous le nom de 'Sonate des trilles du Diable' (ou 'La Sonata del Diavolo') est née après que Tartini eut rêvé qu'il avait conclu un pacte avec le diable pour son âme. Après avoir remis son violon, le diable a joué une sonate si belle et si envoûtante que Tartini a dû se réveiller, se jurant de recréer ce qu'il avait entendu. Il a écrit cette pièce spectaculaire, un défi diaboliquement difficile à relever même pour les musiciens les plus expérimentés. Bien que Tartini considère cette sonate comme sa meilleure composition, il estimait qu'elle ne pourrait jamais rivaliser avec l'impeccable chef-d'œuvre qu'il avait entendu jouer par le diable dans son rêve.

La 'Symphonie Fantastique' (1830) de Hector Berlioz

Le compositeur français Hector Berlioz voulait quelque chose qu'il ne pouvait pas obtenir : l'amour et l'affection d'une actrice nommée Harriet Smithson. Après avoir vu Smithson jouer le rôle d'Ophélie dans Hamlet, Berlioz en est tombé amoureux et lui a écrit une lettre expliquant ses sentiments. Smithson a toutefois rejeté ses avances. La vision de Berlioz de Smithson comme femme parfaite (belle mais inaccessible) l'a inspiré pour composer une symphonie sur un artiste constamment hanté par une muse, bien que certaines sources suggèrent qu'il était également sous l'influence de l'opium lorsqu'il a écrit cette pièce.

La symphonie a été créée en 1830, mais ce n'est qu'en 1832 que Smithson a entendu la 'Symphonie fantastique' et a soupçonné qu'elle avait pu l'inspirer. Les deux se sont rencontrés et se sont finalement mariés en 1833. Malheureusement, ce n'est pas un mariage heureux : quelques années plus tard, ils divorcent.

'Les Préludes' (1854) de Franz Liszt

'Les Préludes' de Franz Liszt est une composition magnifique, conçue comme un "poème symphonique" sur "les débuts et les combats de la vie", avec une mélodie ondulante de cordes et de violoncelles qui s'achève par un formidable triomphe des cuivres et des percussions. Cependant, plusieurs décennies après la mort du compositeur, l'histoire de l'œuvre pris une tournure plus sombre.

Souvent, les morceaux de musique sont utilisés d'une telle manière que nous en sommes venus à les associer à des choses que le compositeur n'avait jamais prévues. À cause du film 'Apocalypse Now', par exemple, la plupart d'entre nous associent la 'Chevauchée des Walkyries' de Wagner à la guerre du Viêt Nam. La même chose est arrivée à l'œuvre du compositeur allemand Liszt... mais en pire, grâce à nul autre qu'Adolf Hitler. Les 'Préludes' ont été abondamment utilisés dans les émissions de radio contenant de la propagande nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment pour annoncer les victoires finales du Troisième Reich. Les cuivres et les percussions triomphantes annonçaient "Das Oberkommando der Wehrmacht gibt bekannt..." ou "Le commandement suprême des forces armées annonce...".

Après la guerre, en raison de son utilisation militaire, il fut interdit de jouer 'Les Préludes' en public.

La Symphonie 'Le Miracle' (1791) de Jospeh Haydn

Quoi de plus dramatique qu'une histoire d'amour non réciproque ? Peut-être un incident au cours duquel le public échappe de justesse à la chute d'un lustre dans la salle de concert ! La Symphonie n° 96 de Hadyn est donc également connue sous le nom 'Le Miracle'.

L'histoire raconte que lors de la première, en pleine représentation, un lustre est tombé du plafond de la salle de concert. La plupart des sources s'accordent cependant à dire que l'événement n'était pas si excitant que cela et que le biographe d'Haydn était mal informé, car le drame a en fait eu lieu lors de la première de la Symphonie n° 102. Pendant un rappel du final de la symphonie, le lustre s'est effondré. Heureusement, le public s'était déjà dirigé vers l'avant de la salle pour se rapprocher de la scène, et le lustre est donc tombé sur un endroit vide. Aucun blessé ne fut à déplorer.

Le Sacre du printemps (1913) d'Igor Stravinsky

Le 'Sacre du printemps' de Stravinsky est un chef-d'œuvre dramatique. L'énergie musicale irrégulière et l'abstraction des mélodies folkloriques russes donnent à cette œuvre une virtuosité irrésistible et frénétique. Le ballet et l'œuvre orchestrale de 1913 sont présentés en deux parties : l'"Adoration de la Terre", une célébration païenne du printemps, et "Le Sacrifice", dans laquelle une jeune femme se tue en dansant. L'intrigue derrière cette musique est dramatique en soi, mais les faits sont parfois plus surprenant que la fiction.

La première du 'Sacre du printemps' au nouveau Théâtre des Champs-Élysées a été pour le moins mouvementée (et nous l'entendons au sens négatif du terme). Les chamailleries du public ont commencé dès le début de la représentation. Le public est devenu si bruyant que les danseurs de ballet n'entendaient plus l'orchestre et Stravinsky lui-même a fui en coulisses. Une bagarre s'ensuit (certains témoins affirment même que quelqu'un a été défié en duel) et la police est appelée. Mais quelle était la cause de toute cette agitation ? Était-ce la musique ou un conflit de classe ? Il y a tellement de témoignages différents que nous ne le saurons probablement jamais…