Abdullah Waiss : “À partir d’un moment, c’est ton mental qui fait la différence.”

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Quelques jours après le début de la Proximus ePro League, on a eu l’occasion de discuter avec Abdullah Waiss, un petit prodige de FIFA. Ce jeune belge affiche une courbe de progression remarquable et n’a pas fini d’impressionner ses adversaires. On a causé compétitions, gestes techniques et écosystème belge.

 

De Proximus

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Avant toute chose, comment vas-tu Abdullah ?

Très bien merci ! Je suis à Anvers cette semaine pour étudier pour mes examens qui arrivent. Il fait plus calme ici, c’est bien plus simple pour me concentrer.

Ca va aller tes examens ? Tu étudies quoi ?

J’étudie l’informatique ! Oui, si j’étudie bien durant les jours à venir ça devrait aller.

Pour nos lecteurs qui ne te connaissent peut-être pas, peux-tu te présenter un petit peu ?

Oui bien sûr ! Je m’appelle Abdullah Waiss, j’ai 20 ans et j’habite à Genk et Anvers en Belgique. Je suis le représentant du KRC Genk sur FIFA durant les tournois nationaux et internationaux. Je fais aussi un peu de contenu pour eux sur Twitch et YouTube. De manière générale, j’essaye juste d’être le meilleur à FIFA *rires*.

Comment as-tu commencé les jeux vidéos ?

J’ai toujours joué aux jeux vidéos depuis que je suis jeune. J’ai commencé sur PES et Call of Duty, c’était vraiment les jeux sur lesquels je passais tout mon temps quand j’étais plus jeune. Je suis passé sur la licence FIFA quand FIFA 2014 est sorti. Il y a d’ailleurs une anecdote assez drôle : j’avais demandé à mon père si il voulait bien me prendre le nouveau PES qui venait de sortir. Quand il est revenu, il avait en réalité acheté FIFA. C’est donc un peu par hasard si je me suis lancé sur la franchise !

Comment t’es tu lancé dans la compétition ?

J’ai donc commencé à jouer sur FIFA 2014. Durant 3-4 ans, j’étais vraiment mauvais au jeu. Je me faisais battre 10-0 ou 15-0 par des amis. Je ne savais pas comment jouer mais je m’amusais beaucoup pendant les matchs. Sur FIFA 2017, les compétitions du week-end “Weekend League” sont apparues et j’étais le seul de mes amis qui jouait 40 matchs tous les week-end. J’ai même fait des week-ends à 80 matchs où je jouais sur deux comptes différents. Jouer autant de parties m’a permis de beaucoup m’améliorer au jeu. Sur FIFA 2019, je me suis rendu compte que j’étais plutôt bon au jeu. J’ai donc commencé à faire quelques petites compétitions et à participer aux Qualifiers pour la World Cup, par exemple. J’ai aussi remporté la Ziggo eBattle, organisé par l’Ajax Amsterdam, ce qui m’a permis de partir en Floride pour un bootcamp avec toute l’organisation ! Au fur et à mesure, j’ai commencé à poster des clips sur Twitter et Instagram. Epsilon Esports m’ont contacté et me voulaient en tant que joueur, c’est comme ça que tout a démarré.

Ca change quoi dans ta routine d’être devenu joueur professionnel ?

Bien sûr, le club nous aide à nous améliorer sur et en dehors du jeu. Ils savent pertinemment que on (lui et son partenaire du KRC Genk Gilles Bernard; nldr) a le talent nécessaire et on le pense aussi. Cependant, ils peuvent vraiment nous aider sur l’aspect mental du jeu. Pour l’instant, j’ai un coach mental avait qui j’ai un rendez-vous toutes les semaines ou avant les gros rendez-vous compétitifs. FIFA ne repose absolument pas que sur les mécaniques. Elles peuvent t’amener loin, c’est sûr. Mais à partir d’un certain moment, c’est ton mental qui va faire la différence. Si tu gères ton mental, tu as un énorme avantage sur ton adversaire. A côté de ça, je dois être au club quelques fois par semaine pour des interviews ou des shootings photo. On a une gaming room maintenant donc je joue beaucoup plus au stade qu’à la maison.

Tu parles de mental, c’est quelque chose qui te faisait défaut lors de la finale de l’année passée ?

La finale de l’année passée représente clairement le plus gros échec à mes yeux sur FIFA. J’avais travaillé tellement dur en entrainements, joué tellement de matchs. Je ne pense pas que quiconque s’était entrainé plus que moi. Je me suis senti hyper malchanceux et j’ai quitté la partie après avoir encaissé quelques goals. J’ai parlé à MrDoorey et il m’a dit “Le mieux que tu puisses faire, c’est revenir pour l’interview et t’excuser.”. Ce que j’ai fait, heureusement. C’était stupide de quitter la partie et j’en suis bien conscient. Maintenant, tout le monde fait des erreurs et je me suis excusé pour celle-ci, c’était tout ce que je pouvais faire pour arranger les choses donc si les gens ne sont toujours pas contents, c’est leur problème.

Vers quelles compétitions te diriges-tu cette année ?

Bien entendu, la Proximus ePro League. Je vais tout tenter pour la remporter, ça semble évident. Je pense vraiment pouvoir aller loin dans la saison car le jeu correspond vraiment à mon style cette année. A côté de ça, j’espère vraiment qu’on pourra clutch (réaliser l’exploit; ndlr) avec Gilles car on a la eClub World Cup qui démarre le 7 janvier pour trois semaines de compétitions. Malheureusement, on a réalisé une mauvaise performance la semaine passée et on a été relégués donc c’est un peu une situation de quitte ou double qui nous attend. On doit faire TOP2 durant trois semaines d’affilée pour se qualifier. Mais si quelqu’un peut le faire, c’est bien nous. On s’entraine très dur et Gilles est un joueur incroyable. J’espère aussi pouvoir me qualifier pour les play-offs de la eWorld Cup.

Plutôt ambitieux comme objectifs !

Oui, ça peut paraitre loin à atteindre quand on sait que je ne me suis jamais approché des play-offs de la World Cup ou des qualifiers de la eClub World Cup mais je pense vraiment que ces objectifs sont réalisables. Je pense vraiment avoir le talent nécessaire et maintenant, j’ai le club derrière moi qui me supporte. Ces objectifs ne me mettent pas une pression supplémentaire mais me donnent vraiment de la motivation pour tenter de les atteindre !

En parlant de la Proximus ePro League, que penses-tu du format de la compétition ? Il avait été fort critiqué l’année passée et a donc été revu, comme tu le sais.

Je pense que c’est bien mieux ! Maintenant on joue une partie par semaine. C’est vraiment appréciable parce que ça te laisse plus de marge de manoeuvre si tu as une mauvaise semaine par exemple. L’année passée, si tu avais un jour “sans”, tu ne savais pas te rattraper. Cette année, ça se joue beaucoup plus autour de la progression durant la saison. Après, une game par semaine, ce n’est pas beaucoup. L’utilisation du mode 90 est aussi une belle avancée car ça donne aux joueurs beaucoup plus de possibilités sur le terrain avec les gestes techniques etc. Bien sûr, on préférerait le mode FUT mais des progrès ont été faits depuis l’année passée ce qui est super cool. Je ne sais pas encore comment se joueront les play-offs mais j’espère qu’un minimum de deux matchs par rencontre sera instauré.

Il y a des adversaires qui te font plus peur que d’autres cette année ?

J’ai beaucoup de respect pour Shadoow (joueur pour le Standard de Liège; ndlr). Il est connu pour être l’un des meilleurs joueurs de Belgique, bien sûr, mais cette année il fait vraiment des belles performances en FUT. Il a terminé TOP12 au premier qualifier européen, c’est vraiment un beau résultat. Je l’ai félicité pour ses résultats d’ailleurs, je pense que c’est un esprit de camaraderie qu’il faut instaurer dans l’écosystème belge de FIFA. Ça existe beaucoup entre joueurs français et entre joueurs néerlandophones mais il faut vraiment effacer cette frontière linguistique.

J’allais justement te demander comment tu considères le monde de FIFA en Belgique ?

Comme j’ai dit, je pense qu’il existe beaucoup de soutien au sein même des communautés linguistiques, mais c’est quelque chose qu’il faut étendre entre les différentes régions de Belgique. Il existe aussi une espèce de séparation entre le milieu des joueurs professionnels et les joueurs qui sont très bons au jeu mais qui ne sont pas recrutés par un club. C’est peut-être parce que l’écosystème belge fonctionne en grosse partie grâce à ses clubs et que leurs joueurs disposent forcément de plus de visibilité par rapport aux autres. Attention, les joueurs ont aussi une part de responsabilité là-dedans. La façon dont ils se comportent sur les réseaux sociaux joue un gros rôle là-dedans. Si tu crées du drama sur la scène où que tu te plains, il n’y aura pas beaucoup de personnes prêtes à travailler avec toi. Pour ma part, c’est un choix que j’ai fait d’essayer de ne jamais être négatif sur les réseaux sociaux.

Parlons un peu de FIFA 21, le nouvel opus de la licence. Après quelques mois d’essai, quelle est ton opinion sur le jeu ?

J’aime bien le jeu, même plus que FIFA 20. Je ne dis pas que le jeu est incroyable mais beaucoup de personnes disent que le jeu a changé. Pour moi, le jeu est exactement le même depuis le début. Les gens ne remarquent les aspects broken (dont l’utilisation vous donne un avantage; nldr) que maintenant. Si se cacher derrière les possibles défauts du jeu et les différents patchs est une excuse pour vous, tant mieux. J’ai l’impression que le jeu continue de récompenser le meilleur joueur donc ce n’est pas un problème. FIFA 21 est une des meilleures versions que j’ai vu ces dernières années.

En parlant de changer de jeu, ça implique quoi de changer de jeu chaque année ? Comment tu t’adaptes ?

En réalité, c’est très simple : de l’entrainement. Je crois que cette saison, j’ai déjà atteint les 1000 matchs joués sur mon compte principal, sans comptés les matchs personnalisés contre d’autres joueurs pro qui ne sont pas comptabilisés. Je suis joueur Xbox mais je m’entraine aussi sur PS4, je pense que je dois avoir 200 parties jouées sur cette plateforme. J’essaye aussi souvent de jouer contre plus fort que moi, c’est comme ça que j’arrive à progresser.

Tu as du adapter certains aspects de ton style de jeu sur le nouvel opus ?

Non pas vraiment car il correspond parfaitement à mes habitudes de jeu. J’ai toujours été un joueur très offensif et pour l’instant ce genre de tactique fonctionne plutôt bien sur le jeu. Bien entendu, il y a quelques trucs que j’ai du changer au début, comme ma formation de jeu, mais de manière générale je me sens très bien sur le jeu. Il y a moyen de mettre de super beaux goals et je trouve ça hyper récompensant, de réussir à placer une pépite en plein milieu d’un match.

A côté de ça, il y a des aspects du jeu qui te semblent broken pour l’instant ?

Le playerlock (une mécanique permettant de contrôler un autre joueur que celui en possession du ballon afin de faire une combinaison; ndlr) est quelque chose que j’utilise beaucoup. Bizarrement, je ne vois pas beaucoup de joueurs utiliser ça en Proximus ePro League alors que ça permet beaucoup de créativité en attaque. C’est quelque chose que j’ai appris de de mon coéquiper Gilles. Le deuxième, c’est le bridge. Ça permet vraiment de créer de l’espace et de se donner des occasions pour marquer.

Tant qu’on parle d’autres joueurs, tu as une sorte d’idole, de joueur qui t’inspire ?

C’est quelque chose que je me dis souvent : Tu ne devrais pas regarder ces joueurs comme des idoles ou les dépeindre comme des stars, pour deux raisons. La première, c’est que ces joueurs sont des êtres humains, comme moi. Ils font donc aussi des erreurs. La deuxième, c’est que si j’idolâtrais ces joueurs, je partirais avec un désavantage mental, en me disant qu’ils sont trop compliqués à battre ou que je ne les battrais jamais. Ce n’est pas pour ça que je n’admire pas leur style de jeu ou que je n’ai pas de respect pour eux, bien entendu.

Je te laisse le mot de la fin. Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour cette année 2021 ?

Gagner la Proximus ePro League, bien entendu ! *Rires* Plus sérieusement, que tout le monde soit en bonne santé et heureux dans cette année à venir. Je sais que cette pandémie fait du mal à beaucoup de monde donc j’espère que ça finira vite.

Copyright visuels : KRC Genk

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