Comment la jeune génération a pris le pouvoir

Sports | Les deux dernières années ont marqué l’éclosion au plus haut niveau de grands talents du cyclisme. Tout juste débarqués dans le monde professionnel, ces jeunes pousses ont bousculé la vieille garde du peloton, signant d’emblée de gros résultats. Le fruit du hasard?

De Pickx

Publié le 30.08.20

2min

Egan Bernal, Remco Evenepoel, Tadej Pogacar. Voici sans doute les trois exemples récents les plus emblématiques de jeunes coureurs qui n’ont eu besoin que de très peu de temps pour prendre leurs marques dans le monde professionnel. Tandis que le premier est devenu l’année dernière le plus jeune vainqueur du Tour de l'après-guerre, notre compatriote Remco Evenepoel enchaîne, à 20 ans seulement, les records de précocité et dispose déjà d’un palmarès à faire pâlir nombre de ses aînés. A peine un an plus âgé, le Slovène Tadej Pogacar a impressionné pour ses débuts dans un grand tour, terminant sur le podium de la dernière Vuelta après avoir empoché trois étapes.

Mais ces trois phénomènes sont loin d'être les seuls à briller: selon le site Procyclingstats, qui établit un classement sur base des résultats, les coureurs de moins de 23 ans ont cumulé un total de 6610 points en 2019. Les cinq années précédentes, cette moyenne était n'était que de 2273 points.

Un meilleur accompagnement

Dans un sport qui exige a priori une certaine maturité physique pour briller au plus haut niveau, les performances de ces jeunes coureurs ont de quoi impressionner. Il suffit de jeter un oeil au palmarès récent des plus grandes courses du calendrier pour se convaincre que triompher au plus haut niveau mondial avant l’âge de 25 ans est plutôt rare. Alors qu'il y a une dizaine d'années, le phénomène était exceptionnel – on se souvient de l'éclosion précoce du Slovaque Peter Sagan –, il semble aujourd'hui s'être généralisé.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer une telle précocité. Le premier est l’apparition d’une génération dorée dans le cyclisme, comme il en arrive à intervalles réguliers dans tous les sports. Si cette raison suffit à expliquer l'explosion de quelques talents naturels, elle ne permet pas de comprendre pourquoi un si grand nombre de jeunes coureurs performent très tôt.

Contrairement à la génération précédente, la jeune garde du peloton a pu bénéficier ces dernières années d’un accompagnement et d’un entraînement à la pointe de la technologie. Souvent membres de l'équipe de développement d'une formation WorldTour, beaucoup d’espoirs vivent et s'entraînent déjà presque comme des pros, ce qui leur assure déjà une certaine matûrité physique et mentale au moment de franchir le pas.

Par ailleurs, le recrutement s’est également amélioré au sein des équipes et la pratique du scouting s’est généralisée. Les dirigeants n’hésitent désormais plus à envoyer des scouts un peu partout dans le monde et à écumer les résultats des catégories d’âge pour engager des talents le plus tôt possible.

Un sport plus propre?

Enfin, l’avènement de jeunes prodiges laisse penser à un changement de mentalité au sein du peloton professionnel. Le cyclisme étant aujourd'hui plus “propre”, comme l’avancent de nombreux acteurs, les exploits surhumains se raréfient et les différences entre les ténors s'amenuisent, ce qui permet aux jeunes talents d’arriver plus rapidement au sommet pour titiller voire détrôner les cadors.

Incarnée par des coueurs comme Egan Bernal, Tadej Pogacar, Pavel Sivakov, Sergio Higuita ou encore Daniel Martinez, la jeune génération a une nouvelle occasion de briller sur ce Tour, qui pourrait bien entériner sa prise de pouvoir.

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