Fauda, la série israélienne dont l'objectivité est remise en cause

L'acteur et scénariste Lior Raz et le journaliste spécialiste des affaires arabes et palestiniennes Avi Issacharoff, tous deux Israéliens, ont créé "Fauda" en 2015. Ce n'est qu'en décembre 2016 que la série a connu un succès mondial en étant rachetée par le géant Netflix.

Le programme tourne autour de l'unité de forces spéciales de l'Armée de défense d'Israël Mista'arvim dont les membres sont formés à se fondre dans la population arabe. La force de la série réside dans l'expérience des deux co-créateurs dont l'un (Lior Raz) a fait partie de l'unité d'élite de l'armée israélienne Duvdevan, qui opère directement en zone de Cisjordanie, et l'autre (Avi Issacharoff) est rompu au terrain palestinien.

Dans les trois saisons, l'équipe est chargée de traquer un militant ou un ancien militant du Hamas, mouvement islamiste palestinien considéré comme organisation terroriste par plusieurs pays. Ce scénario sert de contexte afin de montrer, sous un angle restreint, le quotidien difficile des civils dans cette région du monde. Avi Issacharoff a déclaré vouloir faire redécouvrir au peuple israélien "un monde qu'ils ne connaissent plus". En Israël, il se pourrait que le peuple ait, en effet, regardé la série davantage par curiosité plutôt que par recherche immédiate de réalisme.

Après avoir reçu un FIPA d'or du meilleur scénario original de série en 2016, "Fauda" a été classé par le New York Times au huitième rang des 30 meilleures séries internationales de la décennie. Pourtant, cela ne l'a pas empêché de faire l'objet de nombreuses critiques de la part d'activistes qui ont demandé à Netflix de supprimer la série.

Pour la campagne boycott, désinvestissement et sanctions, il s'agit d'une "propagande raciste qui sert l'armée d'occupation israélienne et montre l'agression contre le peuple palestinien ainsi que le processus qu'il mène pour la libération et l'indépendance." La plateforme de streaming a cependant été soutenue par 50 cadres d'Hollywood qui ont affirmé que la série offrait "une représentation nuancée des problèmes liés au conflit israélo-palestinien" et soulevait "des conversations difficiles mais importantes en élargissant nos horizons et en nous permettant d'expérimenter des points de vue différents".

Une chose est certaine, cette fiction ne retranscrira jamais entièrement la vraie vie. Elle ne le souhaite pas d'ailleurs. Elle capte avant tout notre regard sur cette triste réalité que vivent de nombreux civils. À nous désormais d'enlever nos oeillères, d'étudier le problème en profondeur et de nous faire un avis en âme et conscience.