Knysna 2010: comment la France a soigné ses bleus

Sports | Le 20 juin 2010, les joueurs de l'équipe de France partaient en grève en pleine Coupe du monde de football en Afrique du Sud pour protester contre l'exclusion de Nicolas Anelka. Le fiasco de Knysna fut le paroxysme de l'une des plus graves crises que les Bleus aient connu dans leur histoire. Comment la France a-t-elle réussi à soigner ses plaies pour obtenir une deuxième étoile seulement 8 ans plus tard ? Analyse.

De Pickx

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Pour atteindre la phase finale de la Coupe du monde 2010, la France passe par le chas de l'aiguille. Seule la fameuse main de Thierry Henry les sauve d'un naufrage en barrages face à l'Irlande. Les troupes de Raymond Domenech sont ensuite vernies au moment du tirage au sort en héritant de l'inexpérimenté pays hôte, l'Afrique du Sud, de l'Uruguay et du Mexique. Pourtant, les Bleus ne sortiront jamais des poules...

Le Mexique, objet de tous les maux

Avant l'entame de la compétition, la presse française relate des tensions et parle ouvertement de clans qui se seraient formés au sein du groupe. Yoann Gourcuff serait le joueur le plus victimisé par ses coéquipiers et tout particulièrement par Frank Ribery qui ne le porte pas dans son coeur. Le luxe de l'hôtel de l'équipe est également épinglé par la Secrétaire d'Etat aux Sports Rama Yade qui "appelle à la décence en ces temps de crise". Une crise qui couve de plus en plus au sein de l'équipe de France.

Après le match nul obtenu en ouverture du Mondial face à l'Uruguay, les coéquipiers d'Eric Abidal connaissent une véritable désillusion contre le Mexique. Si l'ancien défenseur du FC Barcelone est fautif sur les deux buts encaissés, c'est l'accrochage à la mi-temps entre Domenech et Nicolas Anelka qui retiendra toute l'attention. "Va te faire enculer, sale fils de pute", titre le 19 juin le journal L'Équipe. Objets de débats, les vrais mots de l'attaquant varient d'un quotidien à l'autre. L'ancien joueur de Chelsea devrait d'ailleurs tout prochainement se livrer sur le sujet dans un documentaire intitulé "Anelka: l'incompris" sur Netflix.

En attendant, la FFF prend le problème à bras-le-corps à l'époque en décidant d'exclure Anelka du groupe en pleine compétition. En guise de protestation, les joueurs décident de faire grève le 20 juin à l'entraînement. Ils ne sortent pas du fameux bus et Domenech relaie un communiqué de presse exprimant leur soutien à Anelka.

Une humiliation nationale

Défaite ensuite par l'Afrique du Sud, la France est officiellement éliminée de la compétition. Le scandale est alors loin d'être terminé. La classe politique s'empare du dossier et le président Nicolas Sarkozy promet d'apporter des solutions par l'intermédiaire de la Ministre des Sports Roselyne Bachelot et Rama Yade. La FIFA intervient cependant pour qu'il n'y ait pas d'ingérences politiques au sein de la FFF.

Le pays tout entier sort meurtri de ce fiasco. La presse internationale se languit de cette situation et en fait évidemment ses choux gras. Le président de la FFF Jean-Pierre Escalettes est le premier à rendre les armes et annonce sa démission le 28 juin 2010. Il sera remplacé par Noël Le Graët.

Des sanctions tombent également pour les joueurs à l'origine de la grève. Anelka, surtout, mais aussi Patrice Evra, Frank Ribery et Jeremy Toulalan se voient infligés plusieurs matches de suspension. Raymond Domenech, de son côté, est licencié le 11 août 2010 pour "faute grave".

Deschamps referme les plaies

Laurent Blanc accepte de relever l'immense défi de se placer sur le banc de l'équipe de France après l'épisode Knysna. Pour son match inaugural face à la Norvège, il décide de n'aligner aucun des 23 joueurs présents au Mondial 2010. Le Président a toutefois du mal à trouver l'équilibre dans son groupe. Lors de l'Euro 2012, la France s'extirpe de la phase de poules mais elle est à nouveau au centre des polémiques à la suite d'un geste déplacé de Samir Nasri envers la presse après son but inscrit contre l'Angleterre. Les Bleus seront finalement éliminés sans gloire en quart de finale face à l'Espagne, futur champion d'Europe.

Si l'équipe de France est en pleine rééducation, elle n'est pas encore soignée. Un homme parviendra à accélérer le processus: Didier Deschamps. Champion du monde 98, l'ancien capitaine à succès ne vit qu'à travers l'honneur de la patrie. Le Basque met directement les points sur les i et place l'intérêt du pays au dessus des joueurs. Il n'hésite pas à se priver de l'un des meilleurs attaquants de l'histoire, Karim Benzema, impliqué dans une affaire de tentative de chantage à la sextape contre son ancien coéquipier chez les Bleus Mathieu Valbuena.

Malgré les critiques, Deschamps campe sur ses positions. Si son style est jugé excessivement pragmatique et prudent, il lui permet de réaliser des performances solides. Après avoir atteint la finale de l'Euro 2016, il apporte la deuxième étoile à l'équipe de France lors de la Coupe du monde 2018 en Russie. Et, surtout, depuis quelques années, le débat est centré sur ses exploits et sa tactique plutôt que sur les frasques de son vestiaire. Des chants qui résonnent comme une douce ode à la joie pour l'ancien coach marseillais après le fiasco africain.

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