Le jargon du vélo: le gruppetto

Sports | L'épidémie de coronavirus paralysant actuellement le monde du cyclisme, nous vous présentons, comme chaque vendredi, une expression typique du jargon du vélo pour ne pas couper tout contact avec le sport. Aujourd'hui, nous nous intéressons au fameux "gruppetto".


De Pickx

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Ce n’est pas un secret, tous les coureurs ne se réjouissent pas d’affronter les étapes montagneuses de la dernière semaine d’un grand Tour. La majorité des coureurs, même, ne sont pas en mesure de monter les cols aussi facilement que les grimpeurs. Soit en raison de leur morphologie, soit de leur forme du moment. Tous ces coureurs doivent généralement rapidement lever le pied lorsque la route s’élève.

Tous ensemble dans le "bus"

Tout un tas de coureurs – comme les sprinteurs, ceux qui sont malades ou récupèrent d’une chute, etc. – finissent alors par se regrouper dès les premières pentes difficiles d’une ascension. Ils forment ainsi un “bus” ou un “gruppetto” en italien, un groupe qui compte parfois jusqu’à une centaine de coureurs.

La tradition veut qu'un "chauffeur de bus" soit désigné à chaque fois, celui-ci étant chargé de dicter le rythme du groupe afin que chacun puisse franchir la ligne d'arrivée dans le délai imparti. Le chauffeur de bus le plus connu de ces dernières années est sans doute l'Autrichien Bernhard Eisel, ancien vainqueur de Gand-Wevelgem et pion important du train de Mark Cavendish.

"Nous sommes tous dans le même bateau"

Dans une interview accordée au Nieuwsblad en 2017, l’expérimenté coureur autrichien a quelque peu levé le voile sur la vie de chauffeur de bus.

Selon Eisel, sa tâche consiste à "amener tout le monde à l'heure à l'arrivée ". Eisel résume également bien le sentiment partagé par les coureurs qui composent le groupe: "Nous aimerions vraiment monter un peu plus vite... Le monde serait alors bien plus beau pour nous, mais ce n'est pas le cas". En fait, le gruppetto est la forme ultime de solidarité dans le peloton. "Nous sommes tous dans le même bateau: nous pouvons nous bagarrer sur le plat, mais restons ensemble dans les montagnes."

Et si le gruppetto arrive hors délai?

Mais il arrive parfois que le gruppetto franchisse la ligne d'arrivée hors délai. Il est alors important de le faire avec un groupe aussi large que possible, comptant de préférence quelques grands noms. Le jury est alors généralement plus enclin à fermer les yeux. En revanche, il se montre systématiquement intraitable avec les coureurs qui arrivent seul.

Par exemple, lors du spectaculaire Tour de France 2011, le gruppetto, avec notamment le maillot vert Mark Cavendish dans ses rangs, est arrivé deux fois hors délai. Les coureurs visant le classement général avaient en effet décidé de lancer les hostilités assez tôt, tant dans la 18ème étape qui arrivait au sommet du Galibier, que le lendemain dans l'étape de l'Alpe d'Huez. Cavendish et consorts ont été repêchés, une chance que Björn Leukemans, entres autres, n’a pas eue.

Cinq ans plus tard, même scénario, mais sur la Vuelta cette fois. Le grimpeur Alberto Contador déclenche la bagarre dès le départ, si bien que la plus grosse partie du peloton – un groupe de 94 coureurs – termine à 54 minutes du vainqueur de l'étape, Gianluca Brambilla. Le lendemain, ils sont tous autorisés à repartir, ce qui n'a pas dû réjouir tout le monde.

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