The Irishman se propose pour repeindre votre maison

The Irishman est l’adaptation cinématographique du livre de Charles Brandt intitulé I Heard You Paint Houses: Frank ‘The Irishman’ Sheeran and the Inside Story of the Mafia, the Teamsters, and the Final Ride by Jimmy Hoffa. Un véritable plongeon dans les liaisons dangereuses entre les hommes, la mafia, le syndicat et la politique, le tout sous la responsabilité du «peintre en bâtiment» Frank Sheeran. Un thème cher à Martin Scorsese qui remet au goût du jour un casting exceptionnel et une histoire contée par une voix off qui rappelle celle des Affranchis.

On se rend vite compte que, hormis les meurtres, les pratiques de la mafia ne sont pas très éloignées de celles des gens que l’on rencontre dans la vie de tous les jours. Martin Scorsese nous retrace sur plusieurs décennies l’histoire de Frank (Robert De Niro), ce peintre aux aptitudes spéciales, vétéran de la seconde guerre mondiale, une personne fiable prête à se fondre sous les ordres de qui voudra bien lui donner quelques liasses de billets. Un homme qui malgré son mystère sait comment se faire apprécier. L’amour du travail bien fait, en voilà une bonne recrue!

Pour ce film qui ressemble fortement à un testament cinématographique, Martin Scorsese a réuni le trio d’acteur Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci. Il nous distille à nouveau son amour pour les histoires de gangsters et intègre pour la première fois Al Pacino dans la distribution de l’un de ces longs métrages. Harvey Keitel (Reservoir Dogs, Taxi Driver, Pulp Fiction) et Anna Paquin (True Blood) font également partie du casting. La musique d’époque y joue un rôle important et épouse parfaitement le décor dans lequel évolue les protagonistes.

Comment conter une tranche de vie alors que vos acteurs principaux affichent la septantaine? Une question que s’est posée Martin Scorsese. Engager des acteurs plus jeunes aurait pu être une solution mais Scorsese a préféré utiliser le CGI (Computer Generated Imagery), des effets numériques d’animation qui permettent entre autres de rajeunir les visages. Cet effet de rajeunissement a été utilisé pour la première fois en 2006 dans X-Men: L’affrontement final . Une technologie encore récente et qui présente ses limites lorsqu’elle est confrontée à certaines réalités. Dans The Irishman, les visages peuvent parfois paraitre figés. Aussi, la jeunesse des traits ne correspond pas toujours à la démarche vieillissante des acteurs. Le fait de savoir que cette technologie ait été utilisée, n’arrange en rien la spontanéité de l’illusion. Mis à part ça, absorbé par l’histoire, on parvient aisément à mettre cette pensée de côté et l’effet demeure malgré tout très convaincant. De Niro n'a pas manqué d'humour en disant que grâce à cette technologie, il pourrait prolonger sa carrière de 30 ans!

En 2017, la Paramount a lâché les droits de distributions américains de The Irishman. Le budget de production trop conséquent, selon elle, ne lui permettait pas de rester dans la partie. C’est Netflix qui s’est positionné en mettant la somme qu’il fallait pour permettre au nouveau bébé de Scorsese de voir le jour. Si on regarde un peu plus loin, la durée du film (3h29) et la manière dont il est narré, aurait pu facilement correspondre au format série commun à la plateforme de streaming. Netflix vient clairement de marquer l’histoire en acquérant ce nouveau chef- d'oeuvre de Scorsese qui survivra longtemps dans la mémoire des cinéphiles.

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