Nicky “Belgian Taz” Riat, midlaner dans l’équipe Zeeman : “En 2020, on veut tout gagner !”
N’ayant pu participer à la finale de l’ESL Proximus Championship avec son équipe “Zeeman” à cause de sa qualification individuelle au Red Bull Player One, le midlaner revient avec nous sur ses débuts, son tournoi au Brésil, ses prochains objectifs et nous donne son avis sur la prestation de ses équipiers lors de son absence.
Pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore, pourrais-tu brièvement te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Nicky « Belgian Taz » Riat, j’ai
24 ans, j’habite à Rixensart et je suis en dernière année d’informatique à l’EPHEC
à Louvain-la-Neuve.
J’ai commencé à jouer aux jeux vidéo quand j’avais 6 ou 7
ans. Je me souviens qu’on jouait à Crash Team Racing en famille sur ma
Playstation 1. Et depuis lors, je ne me suis plus jamais arrêté !
Plus tard, je suis passé sur les jeux en ligne avec
Dofus. Cela peut paraitre étrange mais ce jeu m’a beaucoup appris. Je
pratiquais pas mal d’achat/revente et j’y ai acquis quelques notions de base en
économie.
Puis après un passage sur Counter-Strike, un ami avec qui
je jouais aux FPS à l’époque m’a conseillé de tester League of Legends. On s’y
est mis tous les deux et on y joue depuis la toute première saison, il y a
presque dix ans maintenant.
À quel moment t’es-tu
intéressé à l’esport ?
Je m’y suis intéressé assez tard ! J’ai fait quelques parties classées lors de cette saison 1 sur League of Legends jusqu’à atteindre le niveau « Argent ». Ayant pris goût au jeu, j’ai persévéré et suis passé « Diamant » la saison suivante, ce qui n’était pas évident à l’époque.
C’est seulement lors de la troisième saison que j’ai
commencé à m’intégrer dans la communauté en retransmettant en direct mes
parties. J’ai notamment streamé sur des chaînes connues comme celle de ZeratoR
ou Millenium. Mais jamais en compétitif, juste pour le côté récréatif et
divertissant.
J’ai dû abandonner cela pour aller faire un an d’étude
aux États-Unis et c’est à mon retour que j’ai seulement commencé à réellement entrer
dans le monde compétitif de la discipline. C’était aux alentours de la saison
5.
Ce qui est drôle, c’est que dans ma première équipe, j’étais
déjà aux côtés de « Saitam ». Et dix ans plus tard, on joue toujours
ensemble !
© Marcelo Maragni
On t’a vu quitter Brussels Guardians cet
été pour intégrer le mix Zeeman. Aujourd’hui, quelle est ta situation ?
C’est en
fait toute l’équipe qui a quitté Brussels Guardians pour créer le mix Zeeman.
Le but
initial n’était pas forcément de se faire repérer par une plus grosse structure
mais nos résultats prenant de l’ampleur, c’est aujourd’hui un de nos souhaits.
Tu n’as pas su participer à la grande finale de l’ESL Proximus Championship à cause de ta qualification au Red Bull Player One. La line-up Zeeman, avec toi, aurait pu aller au bout ?
Sincèrement,
je pense que oui. Il faut savoir qu’on se connait tous au sein de l’équipe
depuis plus d’un an et demi. Voir plus longtemps encore pour certains. On a
donc aujourd’hui des habitudes, une façon de jouer et des automatismes bien
rôdés. Tout devient instinctif et on se comprend les yeux fermés. Tout cela
nous permet d’être extrêmement efficaces dans le jeu.
Mais à
partir du moment où l’on remplace un des membres de l’équipe, il faut alors
réapprendre tout ça. Mon remplaçant, « Pak », a en plus un style de
jeu tout à fait différent du mien. Il est beaucoup plus carré, plus dans la
théorie du jeu.
Quand je
suis dans l’équipe, on fonctionne plus à l’instinct, aux réflexes et vu que la
cohésion est parfaite, cela fonctionne très souvent. Je sais que peu importe ma
décision sur le moment, l’équipe sera là derrière moi pour me soutenir et
éventuellement transformer mon erreur de jugement en avantage dans la partie.
Après, je ne
blâme pas du tout « Pak », qui m’a brillamment remplacé et qui n’aura
eu que quelques matchs pour s’habituer à l’équipe !
Tu t’es donc qualifié à titre
individuel pour la finale mondiale du Red Bull Player One lors de la GameForce.
Raconte-nous un peu ton parcours lors de ces qualifications.
Avant d’arriver
à la GameForce, il fallait d’abord se qualifier via un tournoi en ligne
organisé au préalable.
Le problème,
c’est que Dofus Retro venait de sortir. C’est un peu mon jeu de cœur et j’y ai
donc beaucoup joué à cette période-là.
Heureusement,
mon niveau individuel et le fait que je joue midlaner en équipe m’ont suffi à
gagner le tournoi. Mais à la base, je m’y étais plus inscrit pour le fun qu’autre
chose.
La chance
que j’ai eu, c’est que c’était la première édition en Belgique de ce type d’événement
et personne ne l’a vraiment préparé à fond.
Les joueurs
belges qui auraient pu prétendre à la victoire n’étaient pas présents ou peu
habitués à jouer en midlane, ce qui m’a laissé une voie royale jusqu’à la
qualification. Je pense avoir perdu deux rounds seulement sur l’entièreté du
tournoi.
© Jelle Lapere
As-tu réalisé tout de suite l’ampleur
de cette victoire ?
Pas vraiment
parce que je ne m’attendais pas du tout à gagner. Saitam et moi, on s’était
vraiment inscrits pour le fun. Et vu le peu d’entrainement à cause du temps
passé sur Dofus, je ne pensais vraiment pas m’en sortir de la sorte.
Je m’attendais
à tomber contre un adversaire surentrainé et me faire éliminer d’entrée de jeu.
Mais grâce au fait que c’était la première édition, les joueurs ne
connaissaient pas vraiment les meilleurs personnages pour ce format.
J’ai
vraiment été surpris de gagner. Je ne connaissais même pas les dates de mon
départ ! (rires).
C’est sur le
chemin du retour, dans la voiture avec Saitam, que j’ai vraiment commencé à
réaliser que j’allais m’envoler pour le Brésil et y disputer une compétition
internationale.
Avant de
parler de la compétition, raconte-nous un peu ton arrivée sur place et le
bootcamp qui a suivi.
Le premier jour sur place, on a directement assisté au tirage au sort des
rencontres pour la compétition. On a ensuite pu avoir un peu de temps libre à l’hôtel.
Le bootcamp commençait le lendemain dans les studios de Riot Brésil. J’ai
eu l’occasion de m’entrainer contre mes futurs adversaires, notamment le
français et le luxembourgeois que je connaissais déjà de précédentes
confrontations en équipe.
On a aussi pas mal parlé entre nous, l’ambiance était excellente. Nous
étions tous adversaires mais également amis en dehors des matchs. C’est une
atmosphère très particulière mais très agréable.
D’habitude, en équipe, la concurrence se fait très vite sentir. On se dit
bonjour de loin, on se jauge, et au final on reste entre coéquipiers.
Ici, c’était très différent. On était tous supporters des autres, on s’entraidait.
Et le soir, on sortait manger ensemble, on faisait la fête. C’était vraiment
très « bon enfant ».
© Marcelo Maragni
Tu as eu l’occasion d’être coaché par deux membres de la Team Vitality : Lucas “Saken” Fayard (midlaner) et Rayane “Shanky” Kheroua (Team manager de la Team Vitality Academy). Dis-nous un peu ce qu’ils ont pu t’apporter lors de ces quelques jours.
Ils ont
énormément d’expérience ! Ils ont tout de suite su mettre le doigt sur mes
points faibles, notamment mes timings de retour à la base pour acheter mes
objets. Donc j’ai pu travailler là-dessus grâce à eux.
Dans l’ensemble,
c’était assez compliqué pour eux de coacher. Le 1v1 est un mode assez
atypique. De plus, ils devaient s’occuper des 25 participants donc à part jouer
contre nous et nous montrer nos erreurs, ils n’ont pas su rentrer plus en
profondeur dans la théorie.
L’avantage,
c’est qu’ils parlent également français, ce qui m’a pas mal facilité la tâche
et m’a permis de glaner quelques conseils supplémentaires.
On a
également pas mal échangé sur d’autres aspects que le jeu en dehors du
bootcamp. Il a notamment été question de préparation, d’hygiène de vie, de
nutrition, …
Malheureusement, tu tombes au premier
tour face au Portugais « znd1 ». Que s’est-il passé ?
Avant de choisir
son personnage, on a le droit de bannir trois d’entre eux afin qu’ils ne soient
plus sélectionnables. La subtilité, c’est qu’au moment du choix du champion que
l’on veut jouer, on ne voit pas ce que notre adversaire a pris. Ce qui nous
empêche de choisir un champion qui a l’avantage par rapport à celui d’en face.
C’est donc
un peu quitte ou double. C’est pour ça qu’en général, on choisit un champion parfois
moins fort mais beaucoup plus polyvalent, de manière à pouvoir s’adapter à
celui de l’adversaire.
Contre lui,
le hasard a fait que l’on a choisi le même personnage : Syndra. En
revanche, les sorts d’invocateurs étaient différents. Je suis parti dans une
optique plus agressive alors que lui a opté pour des sorts plus défensifs.
Les
stratégies étaient donc différentes : je devais absolument le tuer alors
que lui allait essayer de survivre jusqu’à tuer 100 minions, qui était
également une condition de victoire.
Malheureusement,
après une petite dizaine de minutes, j’ai commis une erreur en ratant une de
mes capacités et je l’ai payé cash ! Il s’est rué sur moi et ne m’a laissé
aucune chance.
© Marcelo Maragni
Comment réagit-on après une telle
défaite ?
Chacun
réagit à sa manière je pense. Personnellement, j’étais assez frustré et en
colère sur moi-même.
Depuis, j’ai
eu l’occasion d’analyser la rencontre et de comprendre pourquoi j’ai perdu ce
match. Aujourd’hui, il ne reste que de la déception parce que mon adversaire a
ensuite déroulé jusqu’à la finale. Je me dis que si j’avais passé ce tour, cela
aurait pu être moi !
Est-ce que selon toi, le format en
1v1 va se faire une place sur la scène League of Legends ?
Tout va dépendre des investissements ! Je pense que ça pourrait intéresser pas mal de joueurs parce que cela facilite le jeu mais aussi et surtout parce que le résultat de la partie ne dépend que de vous-même et pas de vos équipiers.
Il arrive parfois que l’on perde une partie à cause d’un mauvais choix indépendant de notre volonté. L’inverse est également vrai. Ici, on ne peut s’en vouloir qu’à soi-même en cas de contre-performance.
Quelles sont les qualités à avoir
pour performer en 1v1 sur LoL ?
Je pense qu’il
faut avoir de l’expérience en tant que midlaner. Ce poste présente des aspects
assez particuliers par rapport aux autres.
Il faut
aussi savoir jouer pas mal de champions, et les connaitre tous afin de savoir
ce que l’adversaire est capable de faire ou non.
Et il faut
être très discipliné dans sa manière de jouer.
Tu as su te démarquer sur la scène
mondiale. Peut-on espérer te voir prochainement intégrer une équipe de
renom ?
Petit scoop,
on est en discussion actuellement avec une grosse structure belge qui devrait
pouvoir nous faire évoluer et atteindre un nouveau palier. La line-up Zeeman au
complet pourrait être absorbée par cette dernière.
© Jelle Lapere
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter de
mieux pour 2020 ?
En premier
lieu, réussir mes examens ! (rires).
On a pris
cette année vraiment à la légère avec Zeeman, sans réellement s’investir
énormément sur le jeu, ou du moins de manière optimale.
Par contre,
en 2020, on veut tout gagner ! On veut que nos futurs adversaires
craignent de tomber contre nous en tournoi.
Et on espère
aussi être sélectionné pour la Belgian League !
Merci d’avoir pris le temps de nous
répondre, je te laisse le traditionnel mot de la fin.
Merci à tous
ceux qui nous suivent, peu importe la structure que l’on représente, vous avez
toujours été fidèles. On a énormément de supporters et c’est vraiment très
agréable !
Désolé de ne
pas avoir gagné l’ESL Proximus Championship cette année, mais croyez-moi, l’an
prochain, vous ne serez pas déçus !